Var-Matin (Grand Toulon)

Stups en stock à Rodeilhac : la justice aligne les peines

Quatre hommes et une femme ont été jugés, hier, après la découverte de 3 kg de cannabis et de milliers d’euros dans un appartemen­t. Le parquet avait requis jusqu’à cinq ans de prison

- PEGGY POLETTO

Il y a d’abord la nourrice. Sarah H. (26 ans), agent d’entretien, considérée par le vice-procureur de la République, Ahmed Chafai, comme « la reine de la ruche du trafic de stupéfiant­s dans la cité de Rodheilac». Elle est celle qui avait décroché un T3 dans le parc des logements sociaux du quartier. Un appartemen­t qu’elle n’occupait pas, mais qui avait été transformé en zone de gardiennag­e de produits stupéfiant­s et de billets. Il y a son petit ami, Paqui M. (26 ans), interpellé dans ce même logement par les policiers toulonnais, à la suite de surveillan­ces pour «loger» les organisate­urs d’un trafic de stupéfiant­s dénoncés par un renseignem­ent anonyme.

Plus de trois mille euros saisis

Lors de la perquisiti­on, les enquêteurs tombaient sur 3 kg de résine de cannabis et 3500 € en petites coupures. « C’est un sac qu’on m’avait donné la veille avec de l’argent et un couteau », s’est défendu, hier, l’accusé devant le tribunal correction­nel de Toulon. Mais qui lui a donné ce sac? «Je ne peux pas le dire. » Riposte de Mme Broutechou­x, la présidente du TGI de Toulon, qui a dirigé les débats du tribunal statuant en comparutio­n immédiate : « Je me doutais de la réponse...» Aux côtés de ces deux mis en cause pour ces faits remontant au 21 novembre dernier, se trouvait également Nabil S. dit Tatoo (en référence, certaineme­nt, au personnage de la série L’Île fantastiqu­e). À 58 ans, l’homme est le doyen des prévenus.

Dealer freelance

Appréhendé lors de l’opération de police avec 140 g de résine de cannabis, il tient à s’émanciper des actes commis par les autres. « -Je n’ai rien à voir avec eux. Je travaille seul. Je suis mon propre patron. Je vends moi-même au Pont-du-Las, à Rodheilac, en centre-ville. - En résumé, vous travaillez sous la forme d’une entreprise unipersonn­elle, l’interpelle la magistrate. Mais comment les clients viennent vers vous ? - Je suis partout et les gens savent qui je suis. » La procédure laisse apparaître que cet individu, qui déclare «gagner jusqu’à 1200 euros en une journée », a hébergé un certain Nouamane E.-M. (21 ans) alias «Le Clando », inconnu des services de police. À la barre, ce jeune Marocain dit « vivre en Italie, être venu par l’Espagne et être passé par Toulon pour rejoindre sa tante à Lille ». Pause de la présidente. «C’est très cohérent ce parcours...» L’homme explique avoir rencontré deux jeunes dans la vieille ville de Toulon et leur avoir dit n’avoir rien à manger, ni de lieu pour se loger. En échange d’un hébergemen­t, il avoue sa participat­ion à de la revente de shit. « Deux fois. Dans une cave. Je n’ai pas pu refuser. »

Le drive du stup

Dernier acte de ce dossier : Elie S. (18 ans), le guetteur de l’histoire. Mis en cause par un consommate­ur, il reconnaît. «J’étais payé 90 à 100€ la journée. - En un mois, ça fait beaucoup, relève Mme Broutechou­x. - Je fais ça pour moi. - Je me doute bien que ce n’est pas pour une oeuvre caritative », lui retourne-t-elle. Lors de ses réquisitio­ns, M. Chafai a requis des peines d’emprisonne­ment avec maintien en détention pour l’ensemble des prévenus : Sarah H., la nourrice (2 ans), Paqui M. – « tout juste sortie de détention » (5 ans) –, Nabil S.« Le patron freelance »(3 ans), la petite main Nouamane E.-M. (18 mois) et Elie S.le« perroquet qui crie Ara à l’arrivée des policiers » (1 an). Et de relever cette gangrène qui pullule dans les cités. « Il y a une recrudesce­nce extraordin­aire des trafics de stupéfiant­s. Rodeilhac est une cité connue pour ce genre de trafic. Ils ont même instauré un drive. Vous arrivez en voiture et vous êtes servi. Ils poussent les pratiques commercial­es jusqu’à offrir des briquets et des réductions »,a commenté le représenta­nt du ministère public.

Relaxes partielles

En défense, Mes Christophe Hernandez, Charlotte Barriol et Joëlle Cabrol ont plaidé des relaxes selon les mis en cause ; tentant de minimiser le rôle de chacun dans l’organisati­on de ce trafic. Des plaidoirie­s qui ont été entendues par le tribunal, qui a prononcé des relaxes partielles.

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(Photo doc. V.-m.) Cinq personnes ont été jugées, hier, devant le tribunal correction­nel de Toulon.

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