Var-Matin (Grand Toulon)

Cagnes : leur mariage jugé suspect est suspendu

Déborah Thomman et Jean-Claude Beltram, malgré leur grande différence d’âge, sont tombés amoureux il y a 2 ans. Aujourd’hui, une enquête est en cours pour juger de la sincérité de leur union

- JULIE BAUDIN jbaudin@nicematin.fr

Il n’est pas toujours évident de se faire passer la bague au doigt… Et même quand on se déclare très amoureux ! C’est la drôle de mésaventur­e qui est arrivée à Déborah Thomman, 38 ans, et à son compagnon, Jean-Claude Beltram, 80 ans. Le 20 novembre dernier, Déborah Thomman et Jean-Claude Beltram ont déposé en mairie de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) un dossier pour pouvoir se marier. Une semaine plus tard, le 28 novembre, ils ont eu la mauvaise surprise d’être convoqués pour une audition devant l’officier d’état civil. « Nous n’avons pas compris pourquoi. Quand nous nous sommes présentés à la mairie de Cagnes, nous avons été reçus séparément, près d’une heure chacun. »

Doute sur l’intention matrimonia­le

« Il y a eu plusieurs facteurs qui nous ont poussés à être prudents sur les intentions de cette union, explique le directeur de cabinet du maire, Alain Lucas .Ilya d’abord l’écart d’âge de 42 ans. Puis le fait qu’elle soit assistante de personne en fin de vie et que monsieur venait de perdre sa mère qu’il gardait à son domicile et dont elle s’occupait. Ensuite, ils voulaient se marier très rapidement, sans que les enfants de la dame en soient informés. En fonction de ces faits, l’officier d’état civil a estimé qu’il y avait un doute sur l’intention matrimonia­le. Et nous avons donc lancé la procédure d’audition comme la loi nous y autorise » (lire-ci dessous). Le cabinet poursuit : « Lors de l’audition, la dame a été discrète. Selon l’officier d’état civil, ce n’était pas le cas du monsieur dont les propos étaient tout le temps tournés vers l’aspect physique de sa compagne et de leur relation. Suite à cela, nous avons fait un rapport au procureur de la République qui a décidé de surseoir au mariage et de faire une enquête dans le seul but de protéger l’un ou l’autre des conjoints d’un éventuel abus de faiblesse. » De son côté, le couple a très mal vécu l’audition qu’il qualifie d’interrogat­oire. «On m’a posé des questions sur notre rencontre, depuis quand, où, comment… Mais aussi des questions très poussées, indiscrète­s, voire intimes sur notre vie sexuelle. C’était très gênant », confie la jeune femme, qui ajoute : « L’officier d’état civil était un homme. Ça a même été très pervers, car il m’a demandé si nous avions eu des rapports en présence de la maman de Jean-Claude qui était alitée ! J’étais choquée et je suis restée sans voix. » « C’était incroyable, poursuit à son tour Jean-Claude Beltram. Un retour au temps de l’Inquisitio­n. On émet un doute sur notre amour, c’est injuste. Oui, Déborah est beaucoup plus jeune que moi. Et alors ? Sommes-nous les seuls dans ce cas ? Je ne crois pas… Je ne suis pas un proxénète qui va abuser d’elle, de sa gentilless­e et de sa grande beauté. Nous portons déjà des alliances, nous nous sommes fiancés il y a un an, nous avons fait un acte de mariage devant notaire et nous avons été auditionné­s par un prêtre du diocèse de Nice, car nous souhaitons aussi nous marier religieuse­ment quand cela sera possible. »

« J’étais outré, à bout, bouleversé »

Jean-Claude Beltram, sous le choc de cette audition qui lui a semblé interminab­le, reconnaît s’être énervé contre l’officier d’état civil et avoir eu une réaction et des propos qui n’ont pas forcément joué en sa faveur. « Mais j’étais outré, à bout. Bouleversé. » Le couple a refusé de signer le procès-verbal de l’audition. « Il y était écrit que j’avais l’air amoureuse, détaille Déborah Thomman, que je paraissais sincère, mais que Jean-Claude n’était là que pour le sexe et pour déshériter ses enfants. C’est un tissu de mensonges ! Il n’y a pas de questions d’argent là-dedans ! » «Nous nous aimons d’un profond amour depuis deux ans, Déborah c’est pour moi un don du ciel, confie Jean-Claude. Nous sommes tous les deux très croyants et avec cela on ne triche pas. Nous sommes convoqués dans quelques jours au commissari­at pour être entendus et moi-même devant un psychiatre. On a l’impression d’être des criminels. Ce n’est quand même pas un délit de s’aimer même quand on a une grande différence d’âge ? »

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Déborah,  ans, et Jean-Claude,  ans, s’aiment depuis deux ans. Ils sauront, le  février, si la loi les autorise, ou pas, à se marier.
(Photo Sébastien Botella) Déborah,  ans, et Jean-Claude,  ans, s’aiment depuis deux ans. Ils sauront, le  février, si la loi les autorise, ou pas, à se marier.

Newspapers in French

Newspapers from France