Adieu et merci !
C’est alors que je m’apprêtais à inscrire sur la liste de mes voeux le souhait de poursuivre en ce petit billet qu’on m’a informé qu’il devait disparaître en raison de difficultés financières de la presse écrite n’épargnant plus les grands régionaux. Pourtant, par solidarité à l’égard d’une équipe courageuse et par attachement envers des lecteurs fidèles, j’avais réduit des deux tiers ce qu’on appelle des prétentions quand la caisse est vide. Peut-être aurais-je accepté le bénévolat total. Mais on ne me l’a pas proposé. Je m’adresse donc à vous ici pour la dernière fois. Depuis quatorze ans et sans jamais prendre un jour de repos, j’essayais tantôt de vous faire sourire avec ce qui semblait aller mal tantôt de vous alarmer avec ce qui paraissait aller bien. Quatorze années qui m’ont offert le luxe d’une liberté complète. Quatorze années qui m’ont permis de nouer avec vous des contacts privilégiés. Par exemple, lorsque je descendais de ma colline cannoise et qu’à la faveur d’un feu rouge partagé, vous me disiez que vous veniez de me lire. Quatorze années de vie commune ! billets ! Aujourd’hui, votre serviteur connaît l’étrange situation du maître d’hôtel qui, pour réduire les heures supplémentaires, abandonne son service en plein dîner en souhaitant «Bonne continuation!» aux convives. Quant à moi, je vais tenter de trouver sinon la paix de l’âme, au moins la sérénité du stylo.
Mais je penserai souvent à vous.