Var-Matin (Grand Toulon)

 brebis et agneaux tués dans une attaque de loups

Hyères Une attaque de prédateurs a fait de nombreuses pertes au sein du troupeau d’un berger hyérois, dans le quartier sauvage du Plan-du-Pont. Le loup est montré du doigt

- SYLVAIN MOUHOT

Quand Thomas Charrier prend le temps de nous recevoir pour faire l’état des lieux du désastre, hier matin, sa voix s’enraye, les sanglots affleurent. Le jeune homme, désarmé, impuissant, exorcise sa douleur en pointant les carcasses de brebis qui jalonnent le terrain du Plan-duPont. C’est ici, depuis six mois, que son troupeau paît selon un partenaria­t avec la ville d’Hyères: de l’écopâturag­e, qui permet de débroussai­ller naturellem­ent ces parcelles sauvages en périphérie de la ville d’Hyères, le long du fleuve Gapeau, en direction de Pierrefeu.

Attaqués à la gorge ou à l’échine

À propos de cette brebis qui gît au milieu du champ, morte égorgée, il dit: «Avec elle, je perds un animal mais sans doute aussi l’agneau qui la tétait». Plus loin, il évoque un agneau dont la trachée est ouverte, qui parvient encore à respirer malgré un oedème qui le paralyse. Il faudra l’achever, quand un agent de l’office national de la chasse et la faune sauvage aura donné son aval. Pour cette basse besogne, qui fait pourtant partie du métier de berger, Thomas a reçu le renfort de son père, berger comme lui. Au total, vingt-neuf brebis et agneaux sont morts dans la nuit de jeudi à vendredi. Huit bêtes ont été directemen­t tuées par le ou les prédateurs. Les vingt et un autres animaux, ne pouvant survivre à leurs blessures, ont dû être achevés de la main de l’homme. Tout laisse à penser qu’il s’agit d’un ou plutôt de plusieurs loups. « Les chiens vont naturellem­ent vers les moutons. Je demande d’ailleurs à toutes les personnes qui fréquenten­t le site de tenir leurs chiens ,reprend Thomas Charrier. Mais les chiens n’ont pas la passion de tuer. Une seule brebis a été dévorée, les autres ont été tuées pour le plaisir, saignées à la gorge ou à l’échine. Un chasseur m’a dit qu’il peut s’agir d’un apprentiss­age de la chasse, par des loups adultes, pour des jeunes de la meute. Par ailleurs, il n’y a pas de chiens errants dans le secteur.» Vendredi matin, un chasseur a assisté à la fin de l’attaque, mais tout ce qu’il a vu, c’est une grande agitation dans le troupeau. « Même mon chien de protection, un Patou qui a déjà coursé le loup en montagne, était tapi. Lui aussi a eu du mal à se remettre de cette attaque», explique le berger. Le 12 octobre, Thomas Charrier avait déjà perdu vingt ovins dans une attaque similaire, sur leur lieu de transhuman­ce à Colmars-lesAlpes (04). Il avait racheté cinquante brebis à Barcelonne­tte, dont certaines sont mortes à Hyères « après m’avoir donné des agneaux magnifique­s ». Hier à la mi-journée, sur un troupeau de 650 bêtes, 250 ovins étaient encore dans la nature après avoir fui le lieu de prédation. Certains

regagnent progressiv­ement l’enclos, quitte à traverser le Gapeau. Deux brebis se sont même réfugiées dans un camping. Pour avoir donné son numéro à tout le voisinage, le téléphone du berger n’arrête pas de sonner. La police municipale d’Hyères a aussi participé aux recherches des brebis égarées.

« Entériner la présence du loup »

Pour la ville d’Hyères, Élie Di Russo, adjoint à l’agricultur­e, avoue ne pas savoir comment traiter cette présence du loup, de plus en plus prégnante. Surtout aussi proche des zones urbaines. « Je vais solliciter la chambre d’agricultur­e et les organismes syndicaux. Il faut analyser la situation avant de solliciter l’État, le cas échéant. Le problème se pose sur l’ensemble du territoire », dit-il. La présence du loup a été signalée

à plusieurs reprises autour d’Hyères, Bormes, La Môle, ou Cavalière. Des traces d’empreintes et des relevés photograph­iques en attestent. Il y a quinze jours, Cécile Solinas, elle aussi bergère, a également enregistré la mort de sept agneaux, une brebis et trois agneaux blessés et cinq agneaux disparus. « Selon les agents de l’Office de la chasse, il ne fait aucun doute qu’il s’agit de loups selon la manière dont la viande a été découpée. Au printemps dernier, un agneau, une brebis et une chèvre avaient aussi été tués à Bormes. Les autorités doivent entériner la présence du loup pour qu’on procède à des battues et qu’on puisse recevoir des aides pour surveiller nos troupeaux la nuit. »

Si vous apercevez un ovin en liberté à Hyères (secteur Plan-du-Pont, Fenouillet), appelez le berger Thomas Charrier au 06.37.64.71.68.

 ?? (Photos Laurent Martinat) ?? Thomas Charrier,  ans, est écoeuré de voir son troupeau décimé. Le  octobre à Colmars-les-Alpes, il avait déjà perdu vingt bêtes à la suite d’une attaque de même type.
(Photos Laurent Martinat) Thomas Charrier,  ans, est écoeuré de voir son troupeau décimé. Le  octobre à Colmars-les-Alpes, il avait déjà perdu vingt bêtes à la suite d’une attaque de même type.

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