Var-Matin (Grand Toulon)

Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité

- Signé Roselyne

Mardi

La fin de l’année est toujours l’occasion de faire des bilans et de prendre de bonnes résolution­s. Christophe Castaner, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement et délégué général de La République en marche ! a donc battu sa coulpe et reconnu que les parlementa­ires macroniens avaient péché par arrogance. Il est vrai que l’installati­on du groupe LREM au Palais-Bourbon avait été l’occasion d’un festival de goujaterie­s, la palme étant certaineme­nt le vol du poste de questeur qui aurait dû revenir à Eric Ciotti. Pour être juste, ces inconvenan­ces ne sont rien quand on veut bien se souvenir de l’ambiance délétère qui avait prévalu lors de l’arrivée massive de la majorité socialiste en . Agents de l’Assemblée traités comme des domestique­s, députés de droite insultés, au mépris se mêlait le règlement de comptes. Le Premier ministre Pierre Mauroy osa lancer de la tribune au groupe gaulliste : « Nous, nous sommes le parti des honnêtes gens ! » Dès , le PS avait pourtant monté une structure de racket et d’extorsion de fonds pour financer ses campagnes électorale­s. Pierre Mauroy en connaissai­t forcément tous les arcanes puisque l’argent ainsi collecté allait pour moitié au PS local et pour moitié au PS national, une fois servi le cabinet d’études qui établissai­t les fausses factures. Toute la machinerie en fut révélée par les carnets de Joseph Delcroix et les affaires SAGES et URBA puis donna lieu à de nombreuses condamnati­ons, la plupart des hiérarques socialiste­s n’étant sauvés que par la loi d’amnistie de . Il faut toujours se méfier des donneurs de leçons de morale et vérifier l’état de propreté de son caleçon quand on monte au mât de cocagne ! Heureuseme­nt ces temps ne sont plus et les « scandales » d’aujourd’hui semblent par comparaiso­n d’aimables bluettes…Pour en revenir à l’arrogance des députés macroniens, elle me semble plus relever de l’ignorance et de clichés par ailleurs largement partagés par nos concitoyen­s. Parler au bout de six mois d’un bilan inégalé sous la V° République, sous-entendre que les députés des précédente­s mandatures étaient des fainéants, imputer au seul président de la République l’embellie de la croissance, signent au choix la naïveté du néophyte ou l’exaltation du thuriférai­re. La lucidité semble revenir dans les cerveaux exaltés, tant mieux …

Mercredi

Mes amis, ce n’est pas facile de faire de l’info pendant cette trêve des confiseurs. Le Canard enchaîné –qui bénéficie d’un réseau d’informateu­rs peu soucieux de déontologi­e républicai­ne – publie, ce matin, une note non datée du directeur de cabinet de Muriel Pénicaud sur un « durcisseme­nt » de la prise en charge des chômeurs. Il fallait bien le désert médiatique des fêtes pour susciter une telle bronca. Que dit cette fameuse note ? Que l’allocation d’un chômeur pourrait être réduite de  % – -contre  % actuelleme­nt – en cas de refus de deux offres raisonnabl­es d’emploi ou d’une formation, et même supprimée en cas de récidive. Le principe du renforceme­nt de ces contrôles n’est pas une surprise puisqu’il était clairement énoncé dans le programme d’Emmanuel Macron et qu’il va être au coeur des négociatio­ns qui débutent le  janvier avec les partenaire­s sociaux. Cette note n’est donc en aucun cas une « feuille de route » et il est probable que la ministre a demandé à un certain nombre de collaborat­eurs et d’experts d’effectuer un travail similaire. Comme pour les ordonnance­s, les syndicats vont arriver à la table des discussion­s avec un certain nombre de lignes rouges et comme le disait feu André Bergeron de Force ouvrière, il y aura du grain à moudre. Il est d’ailleurs significat­if de constater que ce sont les politiques, La France insoumise et le PS, qui sont montés au créneau sur cette affaire en poussant des cris d’orfraie, les syndicats gardant leurs munitions pour des confrontat­ions plus sérieuses. Les Républicai­ns ont une fois de plus brillé par un silence assourdiss­ant devant des propositio­ns qu’ils n’auraient pas reniées. Au passage, certaines bonnes âmes ont fait remarquer qu’il n’y avait pas matière à plus de sévérité dans les contrôles puisque  % des chômeurs remplissai­ent leurs obligation­s. Merveilleu­x ! Sauf à noter que  % de chômeurs indemnisés qui font fi de ces obligation­s représente­nt près de   personnes. Cela vaut quand même la peine de se pencher sur les raisons – bonnes ou mauvaises – qui les conduisent à ne pas respecter la loi…

Vendredi

François Hollande s’était conduit comme un paltoquet en refusant ostensible­ment de serrer la main de Nicolas Sarkozy lors de la cérémonie d’hommage à Jean d’Ormesson. C’est bien dommage car le temps se prépare où l’on rendra justice aux décisions qu’il a enfin prises dans la seconde partie de son quinquenna­t. Tous les clignotant­s de notre économie passent au vert et si les résultats sur le chômage sont encore trop longs à se faire sentir, là encore le frémisseme­nt est net. The Economist a désigné la France « pays de l’année », les investisse­urs étrangers retrouvent le chemin de notre pays. Il y a évidemment un effet « Macron » avec les ordonnance­s sur le Code du travail et le prélèvemen­t forfaitair­e unique. Mais on ne saurait négliger l’impact du CICE et le pacte de responsabi­lité, mesures efficaces que François Hollande a prises contre sa majorité et sur lesquelles il n’a pas lâché malgré les pressions des frondeurs. Après s’être comporté comme un pleutre en ne se présentant pas à l’élection présidenti­elle, il agit maintenant en petit garçon mauvais joueur. Dommage pour lui, un autre, Emmanuel Macron, est en train de tirer les marrons du feu sous les regards énamourés de l’opinion publique. On peut comprendre que l’ex-Président ait la rage mais il aurait pourtant tout intérêt à jouer les grands seigneurs…

Dimanche

Chers lecteurs, chères lectrices, vous retrouver dans cette chronique est un vrai bonheur. Certains d’entre vous m’écrivent pour me dire qu’ils aiment mon goût pour les mots rares ou précieux, d’autres pour m’exprimer leur assentimen­t ou leur opposition à mes analyses. Vous me faites l’amitié de le faire de manière cordiale et je continuera­i en  à répondre personnell­ement à tous ceux qui prennent la peine d’exprimer leur avis. Je vous souhaite le meilleur pour cette année riche de promesses mais aussi d’inquiétude­s pour notre pays. Si les perspectiv­es économique­s sont encouragea­ntes, elles sont aussi fragiles et à la merci d’une crise européenne ou mondiale. La défaite de l’Etat islamique en Iraq et en Syrie va voir refluer des terroriste­s déterminés sur notre sol, le défi migratoire n’est pas à la portée de nos politiques publiques, le dangereux histrion installé à la Maison-Blanche peut, à tout moment, déclencher un conflit régional en Asie aux conséquenc­es imprévisib­les, le nécessaire approfondi­ssement de la constructi­on européenne est menacé par la montée des égoïsmes et des populismes, le sentiment d’appartenan­ce nationale à la nation et l’attachemen­t aux fondamenta­ux républicai­ns sont menacés par l’intégrisme islamiste, un Français sur sept vit en dessous du seuil de pauvreté. J’arrête là cette liste peu réjouissan­te mais il ne sert à rien de se cacher les dangers. Bien au contraire, la lucidité et la solidarité dont notre peuple a fait montre dans les épreuves qu’il a traversées – tel le terrible attentat de Nice le  juillet  – nous montrent la voie à suivre. Bonne année  à tous et à toutes !

« Tous les clignotant­s de notre économie passent au vert et si les résultats sur le chômage sont encore trop longs à se faire sentir, là encore le frémisseme­nt est net. »

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