Var-Matin (Grand Toulon)

Fillon dans la lessiveuse

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Il y a ceux qui plaignent François Fillon. Pour eux, le candidat de la droite a été victime d’un complot, d’une campagne de dénigremen­t qu’il ne méritait pas, du moins pas plus que d’autres aux pratiques similaires. Et puis il y a ceux qui jugent qu’il n’a récolté que ce qu’il a semé. Toujours est-il que le destin de l’ancien Premier ministre ne peut laisser personne insensible. Un article de journal aura suffi à transforme­r un quasi-président en pestiféré de la politique. Sans doute nombre de Français ne lui ont-ils pas pardonné de les avoir trompés sur la marchandis­e. Ils avaient, doucement, appris à aimer cet homme au sourcil broussaill­eux, parangon de rigueur et d’austérité. Une sorte de Raymond Barre, l’amour des voitures en plus. Mais quand on en appelle au général de Gaulle, il faut être soi-même irréprocha­ble. Et après les révélation­s du Canard enchaîné sur l’emploi de sa femme et ses enfants, chacun a confusémen­t perçu, quoi qu’en dise demain la justice, que François Fillon avait lui-même pris quelques distances avec l’exemplarit­é qu’il prétendait incarner. Patrick Stefanini, son directeur de campagne jusqu’au Trocadéro, raconte que Fillon n’a pas compris qu’on «vienne lui chercher des poux », alors qu’il n’avait rien fait de pire que nombre de députés. Il n’a pas mesuré son décalage avec le pays, s’entêtant après sa mise en examen, tandis que Juppé, meurtri par sa défaite à la primaire, n’a pas osé franchir le pas du retour, peu encouragé il est vrai à le faire par Sarkozy. C’est ainsi que, le 23 avril, la droite a perdu l’imperdable. Et Fillon achevé sa carrière politique. Broyé.

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