Var-Matin (Grand Toulon)

Mort du général Rondot, un des acteurs de l’affaire Clearstrea­m

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Le général Philippe Rondot, qui a mené une longue et discrète carrière dans les services secrets avant d’être propulsé en 2009 sur le devant de la scène par l’affaire Clearstrea­m, est décédé cette semaine, à 81 ans. Le général a été inhumé samedi « dans la plus stricte intimité » à Flety (Nièvre) où il vivait depuis plusieurs années, a indiqué une source proche du dossier. Avant de devenir contre son gré un des protagonis­tes de l’affaire Clearstrea­m (1), principal épisode de la lutte Villepin-Sarkozy, le général Rondot avait fait carrière dans le renseignem­ent. Le nom de ce général de division était surtout connu pour son rôle dans la traque et la capture du terroriste Carlos en 1994 et celle des criminels de guerre de l’ex-Yougoslavi­e. Le général Rondot avait quitté le 31 décembre 2005 son poste de conseiller du ministre de la Défense pour le renseignem­ent et les opérations spéciales (Cros). Officier parachutis­te, Philippe Rondot était entré trois ans après sa sortie de Saint-Cyr en 1965 au service action du Service de documentat­ion extérieure et de contre-espionnage (Sdece), devenu DGSE.

« Colonel Lawrence »

Arabophone, le général Rondot, fils d’un général également dans le renseignem­ent et spécialist­e des questions arabes, a toujours entretenu sa connaissan­ce encyclopéd­ique des hommes et des services secrets des pays arabes, tissant de solides réseaux. Il en a tiré un autre de ses surnoms, celui de « colonel Lawrence ». Fait unique pour un militaire, il avait rejoint la Direction de la surveillan­ce du territoire (DST, service de police) en 1980, après quinze ans passés au Sdece. Il a aussi longtemps conseillé les ministres de la Défense de droite comme de gauche. Il avait été appelé pour la première fois à l’Hôtel de Brienne par Pierre Joxe, avec qui il avait été auditeur (1983-1984) à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Il a joué un rôle déterminan­t dans la libération d’otages français à Beyrouth en 1986 et dans l’accueil en France du général chrétien libanais Michel Aoun. « Je garde le souvenir d’un homme d’honneur, franc et droit, avec le souci de la préservati­on de l’intégrité de nos Services chevillé au corps », a réagi sur Twitter son avocat, Me Eric Morain.

1. Entre 2003 et 2004, alors conseiller du ministre de la Défense, Phlippe Rondot avait enquêté sur l’authentici­té des listings de la banque luxembourg­eoise Clearstrea­m, à la demande du Premier ministre Dominique de Villepin, avait-il affirmé. Cette liste de personnali­tés, dont Nicolas Sarkozy, censées détenir des comptes bancaires secrets à l’étranger via Clearstrea­m, était falsifiée. Entendu comme témoin, il a été mis hors de cause.

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