Var-Matin (Grand Toulon)

Les perles de l’année au tribunal correction­nel

Dire la vérité, toute la vérité (ou presque)... Lors des audiences du tribunal correction­nel de Toulon, les paroles des prévenus, magistrats ou avocats donnent lieu à des échanges cocasses

- SÉLECTION RÉALISÉE PAR PEGGY POLETTO

« Mesdames, mesdemoise­lles et messieurs, bonjour et bonne année ! » C’est ainsi que lors de la première audience du tribunal correction­nel de Toulon, en janvier 2017, un individu a fait son entrée dans la salle d’audience avant d’être jugé pour une agression. Un avant-goût de toute une série de bons mots et/ou d’échanges insolites partagés entre prévenus, magistrats et avocats. A vous de juger... L’hymne à l’amour .« Je t’aime cookito». Cri d’une femme à son frère qui vient d’être condamné pour trafic de stups.

À rester figer. Interrogé sur son activité profession­nelle, il précise : « Je suis mime ». En version originale. Àun ressortiss­ant bosniaque comparaiss­ant pour outrages : « Vous parlez français ? Vous avez besoin d’un interprète ? Et de poursuivre en lisant le PV : « Non finalement, je pense que vous comprenez le français. Vous avez dit à un policier : Fils de p..., je vous enc...»

Quatrième dimension

Dans l’espace. Lors de la suspension d’audience, une femme reste immobile dans la salle au lieu de sortir. Le président s’adresse à elle : « Qui êtes-vous ? - Je suis l’ange céleste ».

Mordante. La prévenue a 27 ans. Étudiante en psychologi­e, elle a un casier

vierge. « Et vous avez mordu un gendarme ...»

Big bisous. Avant de regagner les geôles du tribunal, le mis en cause s’approche du président, se penche vers lui et lui fait un... baisemain.

Banquerout­e. Jugé pour une tentative de braquage chez un couple de Toulonnais, le cambrioleu­r est un homme de 65 ans, ancien banquier et ex (heureux) gagnant d’un demi-million au Loto. Sentence : 3 ans de prison.

Le compte est bon

Néant ou presque. Interrogé sur son passé pénal, un quinquagén­aire indique avoir « commis des petites choses déjà ». Son casier judiciaire est noirci de 15 mentions...

Un ange... À la barre, le prévenu condamné à 19 reprises débute sa phrase par « honnêtemen­t ».

Ah la jeunesse !. Le président à un individu jugé pour des violences conjugales : « Vous avez été jugé 13 fois. - Ce sont des bêtises de jeunesse. - Oui, du 21 octobre 2016... C’est une jeunesse très récente alors ». Gentil n’a qu’un oeil .« Je suis vraiment quelqu’un de gentil Monsieur le président. Je vous assure ». Dixit le prévenu de 25 ans qui purge une peine de 25 ans de réclusion criminelle. La dernière fois ? Le délinquant de la route récidivist­e. « Cette fois-ci, j’ai compris ». Le quadragéna­ire a été condamné à 15 reprises depuis 1990.

Police de la mode

À vos marques...

Le magistrat interpelle le mis en cause sur sa tenue vestimenta­ire : « D’habitude, c’est pourtant plus Adidas que Lacoste non ? - Non, pas du tout. dans ma cité, on est tous en Lacoste. C’est comme ça. » Sur le bout des doigts.

« Pourquoi portiez-vous des gants ?, demande le président à un individu jugé pour vol. - Simplement car je regarde les Experts à la télé et je sais qu’il faut porter des gants ».

Plutôt corsé .A La Londe, le voleur pénétrait dans un supermarch­é et dissimulai­t des bouteilles dans une ingénieuse gaine placée sous sa chemise.

Stupéfiant !

Planant. Au cocaïnoman­e : « C’est tellement stimulant la coke que certains se prennent pour des oiseaux et ils sautent

par la fenêtre ».

L’art de séduire .« Ça fait vraiment rêver les filles de rester devant un container à ordures à vendre des stups et à crier ara ara (cri d’alerte, ndlr) ? ». Le juge au dealer en récidive. Misérable. Au vendeur de résine de cannabis qui arrive de Saintes : «- Et pourquoi venir à Toulon ? - J’étais dans la galère. - Toulon. La galère. C’est cohérent ». L’art de séduire .« Vous avez passé 6 mois dans un centre fermé en Lozère. Le grand air n’a pas aidé ». À un trafiquant récidivist­e.

La parole est aux juges

Audition. « Je ne vous parle pas de saucisson ! Je vous parle d’une associatio­n !» Loi de la gravitatio­n.

« Donc à propos des blessures infligées à un fonctionna­ire de police vous expliquez que votre genou est parti tout seul et qu’il a touché les policiers. C’est tout ?».

Son truc en plume .« Quand quelqu’un frappe un policier, on ne va pas le caresser avec une plume de paon !» Parole de procureur.

Action ou vérité. « Vous lui dites : Ta grand-mère la pute. Pourquoi vous la connaissez sa grand-mère ? Et elle se prostitue ? Soyez précis quand vous affirmez !»

À la marseillai­se. Avec assurance, un prévenu marseillai­s déclare au procureur qu’« au tribunal de Toulon, on ne prend rien et la prison ce sont les vacances ». Mis au défi, le procureur riposte : « Nous allons donc surtout permettre à la société de prendre des vacances en vous incarcéran­t ».

Vous êtes prévenus

Pragmatiqu­e .« Je n’ai rien fait, mais je regrette tout ».

Téléportat­ion. « Votre fille a jeté une bouteille de Coca au visage du policier. - Ce n’était pas une bouteille, c’est un gobelet qui est parti tout seul ».

L’art de séduire .« Jurer c’est 100 fois mentir.

Dernier mot .« J’accepte toutes les peines sauf la prison ».

À l’américaine .À44ans,il comparait pour vol avec effraction : « Monsieur votre honneur - On n’est pas aux USA. Monsieur le président suffira...»

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