Var-Matin (Grand Toulon)

Clément Kersual manie l’humour qui pique

Prix du jury au Tremplin des plages et prix du festival les Fourres de rire à Nice, le jeune Callassien a intégré la troupe d’humoristes du Cactus Comedy à Paris. Sérieux s’abstenir...

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr (1) Retrouvez Clément Kersual sur sa page Facebook (2) Mel Ha Bedia, Farah (de Bruxelles), Félix, Félix Radu (Raymond Devos), Tristan Lucas, Thomas de Laporte et Alexandra Pizzagali.

La fée de l’humour s’est penchée sur le berceau de Clément Kersual. Et pour cause, dans cette famille d’origine bretonne, mais varoise d’adoption, tout est prétexte à rire. Les jeux de mots fusent, comme les scuds, toujours taquins avec ses parents, dans la maison de Callas, où le jeune homme est venu passer les fêtes de fin d’année. À presque 26 ans, il s’est installé à Paris, invité à monter sur scène par Mo Hadji (agence Bazar), le créateur du Cactus Comedy, qui l’a remarqué avec d’autres jeunes comiques prometteur­s. L’année 2017 a été déterminan­te pour Clément Kersual (1), deux fois récompensé à Nice par le prix du jury au Tremplin des plages en juin et celui du festival de l’humour les Fourres de rire en novembre. De quoi nourrir quelque ambition pour celui qui, au départ, se destinait au journalism­e. « J’étais un élève correct au lycée Jean-Moulin (de Draguignan, NDLR) C’était un peu flou encore. J’avais très envie de faire de la télé, les talk-shows m’attiraient, mais le côté spectacle me tentait », confie-t-il. Bercé par Canal Plus, tendance Robins des Bois, il a une prédilecti­on pour l’humour noir, celui qui dénonce et qui pique. « C’est en riant et en étant violent que les gens prennent conscience. Si l’humour noir revient, c’est parce que le monde est extrêmemen­t violent. » Le racisme est l’un de ses thèmes de prédilecti­on, sur lequel il n’hésite pas à forcer le trait. « C’est en l’exagérant qu’on se rend compte de son absurdité. Ça en devient de plus en plus drôle, comme tout ce qui fait mal. » Clément Kersual aime rire de tout ce qui peut choquer, à l’instar de Pierre-Emmanuel Barré, Gaspard Proust, Thomas VDB, Desproges, ses humoristes préférés. Même si c’est de plus en plus difficile : « C’est un problème… Pas encore pour moi qui ne suis pas connu. Mais il m’est arrivé de supprimer des gags, de me censurer. C’est compliqué l’humour noir, il faut être certain que ce soit drôle. » Et qu’estce qu’on fait après le rire ? « Je ne sais pas, j’espère qu’on repense un peu ses idées préconçues. Mais ça fait déjà un bien fou d’en rire. » Il veut aussi éviter aussi de s’inspirer de ce qui se fait déjà. « Avec internet, je vais chercher du rire, du plaisir, et voir ce qui existe pour éviter de faire pareil. Les histoires de plagiat, tout le monde en parle dans le milieu. Ça génère des blagues. J’ai même entendu que des humoristes refusent de jouer quand untel est dans la salle. » En mal de confiance en lui, le débutant

assure « avoir du mal à (me) faire rire moi-même » et teste ses effets sur son entourage, les

copains en premier. « Au lycée, puis à l’école de journalism­e, ils me disaient que je devrais faire quelque chose là-dedans. Ce qui me donnait le plus envie, c’était de partir de sujets sérieux pour les tourner en dérision ». Histoire d’appuyer là où ça fait mal. Cela lui a réussi dès le début : en 2015, avec des potes, il intervient sur radio Zérosix, où il tient une chronique d’humour et réalise « des microtrott­oirs, des trucs décalés ». Un musicien niçois l’entend et lui propose de participer à un stand up dans un bar de la vieille ville. Clément Kersual se souvient très bien de cette première prestation en public: «J’avais la trouille, j’étais tétanisé, mais ça s’est miraculeus­ement bien passé, les gens ont rigolé. » Cette soirée et les suivantes ont été son premier tremplin, grâce à l’associatio­n Vynile, qui les organise et le suit encore. Payé au chapeau, il ne gagne pas sa vie en faisant le pitre. « Je suis serveur au Petit Palais, un restaurant familial situé à côté de l’Assemblée nationale. Je sers des bavettes aux députés ! », s’amuse-t-il. Mais à son âge, tous les rêves sont permis et les spectacles s’enchaînent. Le 8 janvier, il animera le tremplin d’humour francophon­e (pour les candidats expatriés) lancé par Mo Hadji, avant de venir avec la troupe du Cactus Comedy les 1er, 2 et 3 février à

(2) Nice, Cannes et Toulon. Avec un autre défi à relever d’ici là : choisir un nom de scène. Entre Clément Kersual ou Clément K, son coeur balance encore...

Les histoires de plagiat, tout le monde en parle dans le milieu ” L’humour noir revient, parce que le monde est extrêmemen­t violent ”

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(Photo Dylan Meiffret)

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