Le RCT battu sur le fil à Brive
Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais même après avoir maîtrisé son match durant 79 minutes, le RCT s’est encore incliné sur la sirène. Rageant et cruel à la fois
Que le rugby est cruel, parfois. Alors qu’il pensait avoir fait le nécessaire pour s’imposer enfin à l’extérieur, au prix d’un match aussi engagé que maîtrisé, le RCT s’est encore incliné hier à Brive, à la sirène et après n’avoir jamais été mené au score. Il doit être écrit quelque part que ce RCT version Galthié doit encore souffrir avant de révéler le meilleur de lui-même... Il ne manquait vraiment pas grandchose, hier, pour que les Toulonnais honorent parfaitement le rendez-vous qu’ils s’étaient fixé au stade Amédée-Domenech en ce mois de janvier déjà presque décisif pour la suite de sa saison. Une minute de temps de jeu, quelques centimètres… Et un arbitre peutêtre un peu plus complaisant. Les décisions de Pierre Brousset étaient d’ailleurs dans toutes les conversations toulonnaises au coup de sifflet final, où la frustration le disputait à la colère chez des Varois totalement dépités d’avoir encore vu une victoire potentielle méritée leur filer ainsi entre les doigts. Et si Fabien Galthié se refusait à critiquer nommément le directeur de jeu, de peur sans doute d’être encore sanctionné par la Ligue, il s’en moquait clairement d’une autre façon… Que lui reprochait le manager général du RCT ? Plusieurs décisions qu’il estimait injustes et préjudiciables envers son équipe, et surtout un essai refusé à Alby Mathewson qui aurait dû tuer le match dès la 47e minute. Incontestable selon l’intéressé, qui avait ponctué une belle offensive toulonnaise d’un joli roulé-boulé entre les poteaux, cet essai, qui aurait porté le score à 13-3 en faveur du RCT, n’a même pas eu droit à un arbitrage vidéo. Et dans la foulée, Germain a ramené les siens à 6-9 d’un maître coup de pied.
Pourtant, Toulon avait la main sur le match...
Tendue, hachée, émaillée de touches et de mêlées mais jamais de grandes envolée, la rencontre a hélas été conforme à ce qu’on pouvait craindre ou imaginer... Mais les Toulonnais, qui avaient parfaitement retenu les leçons de Toulouse, l’avaient si bien abordée qu’ils n’ont jamais tremblé avant la 79e minute. Très agressifs et bien organisés en défense, plutôt performants dans le jeu d’occupation et de déplacement au pied, solides en touche et en mêlée, virulents dans les rucks, les Rouge et Noir, encore emmenés par un Vermeulen de gala bien secondé par Kruger, Guirado et Van der Merwe, ont rapidement posé leur patte sur le match, et logiquement pris le score à la 24e minute (0-3). À ce moment, Mignardi et Hauman, côté briviste, et Isa, pour les Toulonnais, avaient déjà été assommés, c’est dire si ça tapait fort dans le bourbier du stade Amédée. La tension était du reste palpable, et les accrochages n’ont cessé de se multiplier au plus fort de la domination toulonnaise. Celle-ci, hélas, ne s’est traduite que par trois points d’avance à la pause (3-6) car une fois encore, le RCT avait manqué plusieurs occasions de scorer sur ses temps forts. On pense à cette grosse séquence autour de la 23e gâchée par un en-avant. Ou encore à ce coup de pied de Bonneval mal ajusté pour Tuisova (9e) et cette passe manquée de Mathewson (36e) devant les 22 mètres adverses… Autant de loupés que le RCT allait finalement payer au prix fort, malgré une deuxième mi-temps encore à son avantage. Hormis quelques réactions sporadiques, les Brivistes n’ont jamais paru en mesure de contester la domination toulonnaise (6-12, 70e). Sauf que les rentrées conjuguées de Sisa Koyamaibole et Marais ont redonné un coup de fouet salutaire aux Corréziens à l’heure de jeu. Il faut aussi leur reconnaître le mérite de n’avoir jamais lâché et même choisi, sur la fin, une mêlée pour la gagne plutôt qu’une pénalité synonyme de simple bonus défensif. Pour l’anecdote, c’est bien sûr l’ancien Varois Benjamin Lapeyre qui les a envoyés, sur la sirène, au paradis… Comme l’annonçaient à la Une nos confrères de La Montagne avant coup, les chocs RCT-Brive accouchent souvent de matches épiques et finissent souvent bien pour le CAB. On aurait préféré qu’ils soient démentis ! Car vraiment, hier, une victoire du RCT n’aurait pas été volée...