Var-Matin (Grand Toulon)

Hôpital : une dérogation pour les heures sup’

Le centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne face à une crise hivernale a obtenu le feu vert du trésorier : depuis 24 heures, il peut dépasser le plafond d’heures supplément­aires

- CATHERINE PONTONE

Àl’instar des hôpitaux publics, le centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne( CHITS) vit, depuis plusieurs semaines, une crise hivernale sans précédent pour faire face à l’afflux de patients aux urgences et dans les services (nos éditions précédente­s). Le personnel de santé et sa direction, qui doivent, une fois encore, affronter un week-end «sous tension », ont raté de peu d’être asphyxiés par une décision réglementa­ire. Assouplie, depuis seulement 24 heures, la décision du trésorier a finalement mis l’hôpital sous perfusion, autorisant les personnels à dépasser le sacro-saint plafond mensuel des 15 heures supplément­aires.

Un décret qui irrite

Une décision tombée, avant-hier soir, après une mobilisati­on de la direction et des représenta­nts syndicaux qui ont également alerté la députée Les Républicai­ns Geneviève Levy, membre du conseil de surveillan­ce. Le trésorier, début décembre, avait demandé à l’établissem­ent, de ne pas dépasser le nombre d’heures supplément­aires, limité à 15 heures dans la fonction publique hospitaliè­re conforméme­nt au décret de 2002.

(1) L’annonce avait soulevé une colère froide dans les rangs des personnels qui, dans une période sous tension, étaient volontaire­s à travailler plus. Après avoir fustigé « les restrictio­ns budgétaire­s et les fermetures de lits à venir», induites par le projet de loi de finances de la sécurité sociale 2018, Vincent Carret, médecin urgentiste, délégué varois de l’Associatio­n des médecins urgentiste­s de France, a soulevé le malaise.

« Alors que le président de la République prône la valeur travail, on interdit aux personnels de l’hôpital, en période de crise, et qui en font la demande, de faire des heures supplément­aires. On ne respecte pas les équipes volontaire­s. On rêve, et on marche sur la tête dans ce pays », s’offusque-t-il.

La ministre de la Santé alertée

La décision d’appliquer stricto sensu la réglementa­tion a eu pour conséquenc­e d’avoir un recours majeur au personnel intérimair­e (lire ci-contre). Blouses blanches et administra­tion ont donc fait bloc pour demander une dérogation au décret de 2002. D’autant que la précédente datait de 2013 et donnait la possibilit­é d’étaler le paiement des heures supplément­aires, dépassant le plafond mensuel. En supprimant cette possibilit­é, le trésorier mettait l’hôpital dans une impasse : « La récupérati­on des heures supplément­aires au-delà des 15 heures ou 18 heures est irréalisab­le en raison de la limitation des effectifs », alerte FO. La députée Geneviève Levy qui «connaît très bien les problèmes de l’hôpital » a adressé un courrier daté d’hier à la ministre de la Santé. Elle a insisté sur « la mise en oeuvre des heures supplément­aires surtout quand elles s’avèrent importante­s, comme c’est le cas en période de crise. »« La prise en compte des bons élèves n’est malheureus­ement pas suffisamme­nt probante pour permettre un fonctionne­ment dans les périodes de crise avec toute la volonté et l’engagement du personnel », a-t-elle déploré, regrettant une « Agence régionale de santé pas suffisamme­nt à l’écoute des besoins et de la marche à suivre ». La rencontre, avant-hier, entre le directeur Michel Perrot et le trésorier a finalement abouti à assouplir une décision jugée bien trop rigide dans les rangs des blouses blanches et du service des urgences. S’il a finalement accepté de revenir sur sa décision, « sa position reste dérogatoir­e », met en garde JeanEric Lodevic, secrétaire général de FO. « Malgré la nécessité de garantir l’offre de soins et la continuité du service public hospitalie­r, le décret concernant la fonction publique hospitaliè­re est plus restrictif que celui de la fonction publique d’État ou territoria­le (plafonnées, elles, à 25 heures) » , déplore t-il.

Un plafond trop bas

«Cela fait un delta relativeme­nt important, reconnaît Frédéric Rodriguez, secrétaire général du CHITS. Cela conduit à ce qu’il y ait des contrainte­s d’organisati­ons avec ce plafond plus bas dans la fonction publique hospitaliè­re.» Les personnels sont contraints de mener de front les combats tout en devant gérer des situations critiques. « Nous avons la capacité hospitaliè­re en aval des urgences grâce aux actions que nous avons menées tout au long de la semaine. Cela nous a permis d’améliorer la situation de prise en charge. La situation reste sous contrôle», assure Frédéric Rodriguez. 1. 18 heures par mois pour les infirmiers spécialisé­s, les sages-femmes et les manipulate­urs en radiologie.

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(Photo Patrick Blanchard) Hier soir, la direction s’attendait à vivre « un week-end sous-tension mais sous-contrôle». La semaine dernière (notre photo), l’afflux de patients avait déclenché une forte inquiétude.

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