Limitation à km/h: le débat fait rage
Globalement, les automobilistes sont vent debout contre la limitation de vitesse qui devrait pourtant être votée aujourd’hui par le Conseil interministériel de sécurité routière
Les associations d’automobilistes sont debout sur le frein pour s’opposer à la limitation de vitesse à 80 km/heure, sur le réseau secondaire. Elle a pourtant toutes les chances d’être entérinée aujourd’hui par le Conseil interministériel de sécurité routière (CISR). Les associations de prévention routière sont favorables à cette mesure, affirmant qu’elle permettrait de sauver 400 vies par an. La Ligue de défense des conducteurs affirme le contraire, et incite l’État à entretenir le réseau routier, les infrastructures étant, selon elle, responsables de 40 % des accidents. La Ligue affirme que les flashs radar seront multipliés par quatre avec cette limitation, tout comme leur rentabilité.
Un mort sur deux sur route secondaire
Frédéric Ozon, président de l’Automobile club de Nice regrette que, lors d’un rendez-vous à Matignon, les résultats de l’expérimentation menée sur ce sujet n’aient pas été communiqués, malgré les demandes des associations. « Lutter pour sauver des vies est essentiel, mais dans les Alpes-Maritimes, nous avons déjà nombre de zones à 70 km/h dans les portions dangereuses. Il vaut mieux développer ce genre de mesure plutôt que de vouloir passer tout le réseau secondaire à 80 km/h.» Les sénateurs de la droite et du centre, eux aussi, ont exigé dans une lettre ouverte de connaître les résultats de l’expérimentation. Sans succès. Pas plus qu’ils n’en avaient eu en formulant la même demande lors des questions d’actualité au Gouvernement, le 14 et le 20 décembre derniers. De son côté, Olivier GrébilleRomand, avocat expert niçois en droit routier juge le dispositif inutile. Il rappelle en préambule que le Conseil national de la Sécurité routière a donné, dès le 16 juin 2014, un avis favorable à l’abaissement des vitesses de 90 à 80 km/heures sur les routes secondaires bidirectionnelles. « À l’heure où les structures routières sont de plus en plus sécurisées grâce à la qualité du revêtement, à l’amélioration de l’éclairage, où les véhicules sont de plus en plus sûrs de par leur conception axée sur la sécurité passive et active, une telle mesure apparaît anachronique, voire contradictoire. »
Édouard Philippe assume
Résultat des courses ce pour cette réforme visiblement très impopulaire. Le premier ministre Édouard Philippe assume. « Je sais que si nous annonçons cette mesure je serai critiqué. Mais je sais qu’elle va sauver des vies, et je veux sauver des vies. Je comprends les arguments, et même la mauvaise humeur, mais je ne le fais pas pour augmenter les recettes de l’État – d’ailleurs,
nous annoncerons des choses à ce sujet. Et si pour sauver des vies il faut être impopulaire, j’accepte de l’être », a plaidé le Premier ministre dans les colonnes de notre confrère du Journal du Dimanche.