Var-Matin (Grand Toulon)

Madagascar touché par le cyclone Ava: une perle vraiment noire

- PAUL MASSABO

Ava, premier cyclone de l’année, après avoir frappé, quatre jours durant la « Grande Île » de l’Océan Indien, est maintenant passé. Il laissera des traces tristement durables dans ce pays qui fait partie des plus pauvres de la planète. Le bilan humain est difficilem­ent chiffrable à ce jour. On a en effet du mal à se fier aux chiffres « officiels » qui font état d’un mort et de trois disparus, d’autant qu’on a dénombré pas moins de onze victimes hier matin pour la seule ville de Fianarants­oa (3e ville de Madagascar).

  sinistrés et des milliers de déplacés

Les autorités du pays sont vivement critiquées. Elles avaient omis d’annoncer l’arrivée de l’épisode climatique pourtant prévisible à la population. Avec plus de trente kilomètres de diamètre, l’oeil du cyclone s’est déplacé très lentement (environ 10 km/h) et a provoqué des vents qui dépassaien­t les 200 km/h. Ainsi, pas moins de 30 000 sinistrés et des milliers de déplacés se retrouvent totalement démunis. Les pluies torrentiel­les de ces 96 dernières heures de déluges ont inondé les plaines et noyé du bétail et des cultures sur plusieurs centaines de milliers d’hectares. Si Madagascar est habitué à connaître « son » cyclone annuel, Ava a, cette fois, coupé l’île. De la capitale Tananarive, on ne peut plus rallier ni le sud vers Tuléar ni le nord-ouest en direction de Majenga. Les éboulement­s ont rendu impraticab­les les seules voies nationales d’autant que plusieurs ponts ont été sérieuseme­nt endommagés quand ils n’ont pas été emportés. Sur les routes, les chauffeurs des taxis-brousse sont avec leurs passagers pris dans une véritable souricière. Le président Hery Rajaonarim­ampianina, en cette année électorale, est venu apporter « son soutien et sa sympathie » à la population de Tamatave (2e ville du pays) particuliè­rement touchée par le désastre. « Beaucoup de belles paroles mais jamais d’actes », commentait un observateu­r averti de la politique du pays, qui n’accorde plus la moindre confiance à une classe politique et ses élites discrédité­es par une corruption endémique qui perdure depuis l’indépendan­ce du pays en 1960. Si pour quelques milliers de touristes, un voyage d’agrément a tourné au cauchemar, pour les Malgaches déjà frappés par une épidémie de peste noire au mois d’août, la vie va reprendre son cours normal, avec son lot de misères. Noires.

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