Madagascar touché par le cyclone Ava: une perle vraiment noire
Ava, premier cyclone de l’année, après avoir frappé, quatre jours durant la « Grande Île » de l’Océan Indien, est maintenant passé. Il laissera des traces tristement durables dans ce pays qui fait partie des plus pauvres de la planète. Le bilan humain est difficilement chiffrable à ce jour. On a en effet du mal à se fier aux chiffres « officiels » qui font état d’un mort et de trois disparus, d’autant qu’on a dénombré pas moins de onze victimes hier matin pour la seule ville de Fianarantsoa (3e ville de Madagascar).
sinistrés et des milliers de déplacés
Les autorités du pays sont vivement critiquées. Elles avaient omis d’annoncer l’arrivée de l’épisode climatique pourtant prévisible à la population. Avec plus de trente kilomètres de diamètre, l’oeil du cyclone s’est déplacé très lentement (environ 10 km/h) et a provoqué des vents qui dépassaient les 200 km/h. Ainsi, pas moins de 30 000 sinistrés et des milliers de déplacés se retrouvent totalement démunis. Les pluies torrentielles de ces 96 dernières heures de déluges ont inondé les plaines et noyé du bétail et des cultures sur plusieurs centaines de milliers d’hectares. Si Madagascar est habitué à connaître « son » cyclone annuel, Ava a, cette fois, coupé l’île. De la capitale Tananarive, on ne peut plus rallier ni le sud vers Tuléar ni le nord-ouest en direction de Majenga. Les éboulements ont rendu impraticables les seules voies nationales d’autant que plusieurs ponts ont été sérieusement endommagés quand ils n’ont pas été emportés. Sur les routes, les chauffeurs des taxis-brousse sont avec leurs passagers pris dans une véritable souricière. Le président Hery Rajaonarimampianina, en cette année électorale, est venu apporter « son soutien et sa sympathie » à la population de Tamatave (2e ville du pays) particulièrement touchée par le désastre. « Beaucoup de belles paroles mais jamais d’actes », commentait un observateur averti de la politique du pays, qui n’accorde plus la moindre confiance à une classe politique et ses élites discréditées par une corruption endémique qui perdure depuis l’indépendance du pays en 1960. Si pour quelques milliers de touristes, un voyage d’agrément a tourné au cauchemar, pour les Malgaches déjà frappés par une épidémie de peste noire au mois d’août, la vie va reprendre son cours normal, avec son lot de misères. Noires.