Var-Matin (Grand Toulon)

DENIS JEAMBAR La mauvaise passe allemande

- Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

La réussite ne fait pas le bonheur d’un gouvernant

Et si l’Allemagne était en train de devenir « l’homme malade de l’Europe » ? Certes, notre grand voisin d’outre-Rhin pète de santé économique avec un chômage au plus bas, une croissance proche de %, des excédents budgétaire­s record et la balance commercial­e la plus confortabl­e de la planète avec près de  milliards d’excédents. Pourtant, cet océan de prospérité est, aujourd’hui, plongé dans une crise politique et menacé d’une crise sociale. Preuve que la réussite ne fait pas le bonheur d’un gouvernant, Angela Merkel n’a toujours pas réussi à trouver une majorité depuis les élections au Bundestag du  septembre dernier. Son bilan – brillant – ne lui a pas permis de rafler la mise pour diriger seule le pays. Elle a échoué à l’automne dans la constituti­on d’une coalition avec les libéraux et les Verts. Avec son parti la CDU, elle est donc entrée ce dimanche en négociatio­n avec les socialiste­s du SPD pour tenter de se mettre d’accord – en cinq jours ! – sur un programme de gouverneme­nt. Des pourparler­s discrets afin de se donner une chance d’aboutir et d’éviter une crise qui débouchera­it sur de nouvelles élections. Cette parenthèse politique allemande est, évidemment, néfaste pour l’Europe. Même si elle laisse le champ libre à Emmanuel Macron, seul grand leader européen aujourd’hui sûr de son pouvoir. Mais si, comme l’a dit le chef de l’État, en Europe « tout commence par un colloque intime entre la France et l’Allemagne », la situation à Berlin freine toutes les initiative­s alors qu’il faudrait les intensifie­r. Ce n’est pas tout. Alors que la France a refermé le dossier de la réduction du temps de travail, le tout puissant syndicat allemand de la métallurgi­e, IG Metall, a donné hier le coup d’envoi d’un mouvement social d’une semaine pour que le travail hebdomadai­re allemand soit ramené de  à  heures pour ceux qui le souhaitent. Pas moins ! L’exceptionn­elle santé de l’économie de nos voisins explique cette revendicat­ion. Mais le patronat y est radicaleme­nt hostile. Conséquenc­e : la menace de grèves dures dans les semaines à venir. Elles ne feraient pas l’affaire de l’économie allemande mais nuiraient aussi à l’économie française dont l’Allemagne est le premier partenaire. Et elles pourraient réveiller le débat chez nous alors qu’Emmanuel Macron pensait l’avoir clos.

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