Var-Matin (Grand Toulon)

Avant

- Le gâteau des rois était partagé en autant de morceaux que de convives sans oublier la part de Dieu, – la part du pauvre. NELLY NUSSBAUM

L’Épiphanie, fête chrétienne célébrée le  janvier, commémore la présentati­on de Jésus aux trois Rois mages. Dans le comté de Nice, cette tradition donnait lieu à quelques farces, dont les enfants étaient les innocentes victimes

Depuis l’Antiquité, l’Épiphanie (du latin Epiphania – apparition ou manifestat­ion) était célébrée le même jour que Noël. En 337, afin de mieux se consacrer à chacune des deux fêtes, le pape Jules 1er décide de séparer la Nativité de l’Épiphanie. À partir de là, dans tout l’empire romain, dont dépendait Nice et les terres qui forment aujourd’hui la Côte d’Azur, l’adoration des Rois mages fut célébrée le 6 janvier. La tradition a perduré et chaque région a inventé ses propres coutumes. Par exemple du Moyen Âge à la Révolution, le soir du 5 janvier, les jeunes du comté de Nice, chargés de corbeilles de fruits secs, partaient dans les rues à la recherche des Rois mages, qui étaient des adultes déguisés. Lorsqu’ils les trouvaient, ils leur débitaient un petit compliment et leur offraient leurs corbeilles. En retour, les Rois leur donnaient quelques piécettes que les jeunes se partageaie­nt comme un trophée. Quant au lendemain, le jour de l’Épiphanie, il était dédié aux farces dont les enfants étaient les victimes toutes désignées. On les envoyait demander aux voisins, les « Clefs de l’Alléluia ». Munis d’un panier, ils allaient de porte en porte réclamer les fameuses clefs. On leur ouvrait et, à leur insu, on remplissai­t leur panier de lourdes pierres avec la recommanda­tion de «surtout ne pas ouvrir le panier avant la fin de leur quête». Les plus candides rentraient chez eux lourdement chargés. Ils étaient accueillis par de grands éclats de rire. Dépités, ils se promettaie­nt de ne jamais plus se laisser prendre. À d’autres, on recommanda­it, dès la tombée de la nuit, de scruter le ciel afin de voir passer les Rois mages se rendant à Bethléem. Lorsqu’ils les verraient, les Rois ne manqueraie­nt pas de laisser tomber une bourse bien garnie. Nombreux s’y prêtaient avec ferveur. Cette blague était si couramment faîte qu’elle a donné lieu à une locution moqueuse : « Il est de ceux qui sont allés voir passer les Rois ».

Le gâteau des rois, coutume qui date du Xe siècle

Depuis l’Antiquité, (sauf une interrupti­on pendant la révolution) dans tous les foyers du comté de Nice, le repas de famille du jour des Rois ne s’achevait jamais sans le fameux gâteau des rois, soit une couronne de brioche coiffée de fruits confits et dans lequel on avait placé une fève sèche. Les enfants étaient chargés de le bénir et de le couper en autant de morceaux que de convives, sans oublier la part de Dieu pour le pauvre qui viendrait taper à la porte. Les morceaux étaient distribués et chacun avait l’espoir de tomber sur la fève qui promet à celui ou celle qui la trouve chance, richesse, pouvoir et vertu. L’assistance déclarait alors l’heureux élu roi ou reine de la fève. Le maître de maison lui laissait alors sa place pour le laisser choisir son roi ou sa reine. Cela fait, on servait à boire à leurs majestés et on criait « Le roi boit ». En 1874, un pâtissier eut l’idée de remplacer la fève végétale par une fève figurative en porcelaine.

Source : Historia n°446, janvier 1984 ; Almanach de la de Provence par Claire Tiévant, Albin Michel.

Mémoire et des Costumes

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