La police saisit 143 kilos de cannabis à Nice
Le fruit de six mois d’enquête sur un réseau qui alimentait les dealers du quartier de l’Ariane
Le chien est le meilleur ami de l’homme... et parfois des policiers. Dans la présente affaire, les enquêteurs ont croisé le suspect qu’ils venaient arrêter alors que ce dernier promenait son fidèle animal. Coup de pouce du destin facétieux et bienvenu, après plus de six mois d’enquête. Depuis juin 2017, ce Niçois de 43 ans était dans le viseur de la brigade des stups. Une banale envie canine a accéléré son arrestation de quelques précieuses minutes. La police le qualifie de « semigrossiste », protagoniste de ce dossier de stupéfiants où il a été interpellé avec trois complices présumés.
Opération express
Mais si cette affaire interpelle, c’est d’abord par les quantités saisies : 143 kilos de résine de cannabis ont été interceptés, la semaine passée, au coeur du quartier de l’Ariane. C’est la plus grosse prise réalisée par la sécurité publique des Alpes-Maritimes depuis septembre 2016. Comme souvent dans les affaires de drogue, celle-ci débute à la suite d’un renseignement. Un trafic de stups en provenance du Maroc alimenterait les dealers de pied d’immeuble de la ZSP (zone de sécurité prioritaire) de Nice-L’Ariane. La brigade départementale des stupéfiants se met sur le coup. Un juge d’instruction niçois lui délivre une commission rogatoire. S’ensuit un patient travail de surveillances, filatures, écoutes téléphoniques... Jusqu’au sprint final.
Deux armes de poing
Tout s’accélère dans la nuit du 10 au 11 janvier. Les enquêteurs apprennent qu’une livraison est imminente. En un temps record, une opération est montée avec une quarantaine de policiers : sûreté départementale, mais aussi brigade anticriminalité, compagnie départementale d’intervention, antenne niçoise du Raid et chien de recherche en stupéfiants. Le jeu en valait la chandelle. Les policiers interpellent quatre suspects à l’Ariane. Ils découvrent 5,3 kilos de shit dans l’appartement du « semi-grossiste ». Les 138 kilos restants se trouvaient dans un parking souterrain, dans une planque soigneusement aménagée par les dealers. Le cannabis, de qualité très pure, a voyagé sous forme de savonnettes. Il a été conditionné dans des « valises marocaines » de 30 kilos, modèle standard utilisé par les réseaux de trafiquants, prêt à débarquer sur les plages. Où ont atterri celles-ci ? En Espagne ? Les enquêteurs le supposent. Ils estiment que
la marchandise valait 200 000 euros, voire le double
à la revente. « Les petits dealers n’hésitent pas à couper le cannabis avec du cirage, des plastiques ou même du
chocolat », rappelle le commissaire Aurélien Froger, adjoint au chef de la sûreté départementale. Une mise en garde implicite aux consommateurs. Quelques milliers d’euros, ainsi que deux armes de poing et des cartouches, ont également été saisis. Preuve que ce business ne suscite pas que des amitiés...
Il sortait de prison
Pour le commissaire Froger, cette enquête fructueuse
prouve que la police « réalise des investigations à long terme, au-delà du trafic de quartier, pour porter un coup d’arrêt à l’économie souterraine, dans une ZSP gangrenée par les trafics. » Tous les suspects ont été mis en examen pour trafic de stups en bande organisée, et écroués. Le « semi-grossiste » s’était, jusqu’ici, montré relativement discret. Pas ses complices présumés. Parmi eux, deux frères, dont un homme de 37 ans qui venait de sortir de prison. Arrêté avec 30 kilos de résine de cannabis, il avait écopé en 2015 de trois ans de prison.