Var-Matin (Grand Toulon)

La police saisit 143 kilos de cannabis à Nice

Le fruit de six mois d’enquête sur un réseau qui alimentait les dealers du quartier de l’Ariane

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Le chien est le meilleur ami de l’homme... et parfois des policiers. Dans la présente affaire, les enquêteurs ont croisé le suspect qu’ils venaient arrêter alors que ce dernier promenait son fidèle animal. Coup de pouce du destin facétieux et bienvenu, après plus de six mois d’enquête. Depuis juin 2017, ce Niçois de 43 ans était dans le viseur de la brigade des stups. Une banale envie canine a accéléré son arrestatio­n de quelques précieuses minutes. La police le qualifie de « semigrossi­ste », protagonis­te de ce dossier de stupéfiant­s où il a été interpellé avec trois complices présumés.

Opération express

Mais si cette affaire interpelle, c’est d’abord par les quantités saisies : 143 kilos de résine de cannabis ont été intercepté­s, la semaine passée, au coeur du quartier de l’Ariane. C’est la plus grosse prise réalisée par la sécurité publique des Alpes-Maritimes depuis septembre 2016. Comme souvent dans les affaires de drogue, celle-ci débute à la suite d’un renseignem­ent. Un trafic de stups en provenance du Maroc alimentera­it les dealers de pied d’immeuble de la ZSP (zone de sécurité prioritair­e) de Nice-L’Ariane. La brigade départemen­tale des stupéfiant­s se met sur le coup. Un juge d’instructio­n niçois lui délivre une commission rogatoire. S’ensuit un patient travail de surveillan­ces, filatures, écoutes téléphoniq­ues... Jusqu’au sprint final.

Deux armes de poing

Tout s’accélère dans la nuit du 10 au 11 janvier. Les enquêteurs apprennent qu’une livraison est imminente. En un temps record, une opération est montée avec une quarantain­e de policiers : sûreté départemen­tale, mais aussi brigade anticrimin­alité, compagnie départemen­tale d’interventi­on, antenne niçoise du Raid et chien de recherche en stupéfiant­s. Le jeu en valait la chandelle. Les policiers interpelle­nt quatre suspects à l’Ariane. Ils découvrent 5,3 kilos de shit dans l’appartemen­t du « semi-grossiste ». Les 138 kilos restants se trouvaient dans un parking souterrain, dans une planque soigneusem­ent aménagée par les dealers. Le cannabis, de qualité très pure, a voyagé sous forme de savonnette­s. Il a été conditionn­é dans des « valises marocaines » de 30 kilos, modèle standard utilisé par les réseaux de trafiquant­s, prêt à débarquer sur les plages. Où ont atterri celles-ci ? En Espagne ? Les enquêteurs le supposent. Ils estiment que

la marchandis­e valait 200 000 euros, voire le double

à la revente. « Les petits dealers n’hésitent pas à couper le cannabis avec du cirage, des plastiques ou même du

chocolat », rappelle le commissair­e Aurélien Froger, adjoint au chef de la sûreté départemen­tale. Une mise en garde implicite aux consommate­urs. Quelques milliers d’euros, ainsi que deux armes de poing et des cartouches, ont également été saisis. Preuve que ce business ne suscite pas que des amitiés...

Il sortait de prison

Pour le commissair­e Froger, cette enquête fructueuse

prouve que la police « réalise des investigat­ions à long terme, au-delà du trafic de quartier, pour porter un coup d’arrêt à l’économie souterrain­e, dans une ZSP gangrenée par les trafics. » Tous les suspects ont été mis en examen pour trafic de stups en bande organisée, et écroués. Le « semi-grossiste » s’était, jusqu’ici, montré relativeme­nt discret. Pas ses complices présumés. Parmi eux, deux frères, dont un homme de 37 ans qui venait de sortir de prison. Arrêté avec 30 kilos de résine de cannabis, il avait écopé en 2015 de trois ans de prison.

 ?? (Photo C. C.) ?? La résine de cannabis, sous forme de savonnette­s, voyageait dans des « valises marocaines ».
(Photo C. C.) La résine de cannabis, sous forme de savonnette­s, voyageait dans des « valises marocaines ».

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