Var-Matin (Grand Toulon)

Le nouveau contrôle technique se ressent dans les tarifs

L’arrivée d’une directive européenne, en mai prochain, durcit considérab­lement les contrôles. Les profession­nels ont dû investir... Et les prix s’en ressentent dès à présent. Explicatio­ns

- Dossier : Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr Photos : Frantz BOUTON

Début d’année mouvementé pour les automobili­stes. Après l’augmentati­on du prix des carburants, après la décision controvers­ée d’abaisser la vitesse des réseaux secondaire­s à 80 km/h, voilà que le contrôle technique fait parler de lui. 2018 sera synonyme de profonde réforme pour les contrôles techniques, apparus en France en 1992. Et les effets se font déjà ressentir sur les prix. À la veille de ce qu’ils nomment une « révolution » ,des profession­nels du secteur ont décidé d’unir leurs voix, via Varmatin, afin d’expliquer les raisons, les enjeux, les effets de cette profonde réforme. Décryptage.

Les raisons

Tout part d’une directive européenne de 2014. Elle entrera en vigueur le 20 mai 2018, et durcira sensibleme­nt les critères du contrôle technique. Objectif: « Avoir des véhicules plus sûrs et plus propres », résume Frédéric Mouret, directeur du réseau Autovision France (qui revendique plus de mille centres). Concrèteme­nt, cette réforme augmentera le nombre de points de contrôle sur un véhicule : de 123, celui-ci va passer à 131. Le nombre de défauts potentiels, quant à lui, bondit de 411 à 606 (chiffres susceptibl­es d’évoluer). Surtout, un troisième niveau de défaillanc­e s’ajoute aux deux existants. Aux défaillanc­es « mineures » (139 cas répertorié­s) et « majeures » (340) viennent s’ajouter les «critiques» (127). Or ces deux dernières imposent une contre-visite.

Les mesures

La réforme du 20 mai « est une refonte totale du contrôle technique, constate Stéphanie Ferrari, commissair­e de la région Paca pour les réseaux Dekra, Norisko et Autocontro­l. En cas de défaut “majeur”, l’automobili­ste aura deux mois pour faire réparer avant la contre-visite. Mais dans le cas “critique”, il aura l’interdicti­on de rouler au bout de 24 heures!» Concrèteme­nt, il faudra faire réparer le jour même… ou se résoudre à lâcher le volant jusqu’à la réparation. « Si le contrôle révèle des pneus lisses et que vous ne les changez pas avant minuit, alors vous n’êtes plus assuré si vous circulez ! », traduit Jacques Seret, qui gère six centres de contrôles Autovision et Securitest, sur la Côte d’Azur. En cas de non-respect, l’usager s’expose à 135 euros d’amende. Et surtout, à voir son véhicule immobilisé et sa carte grise confisquée.

Le coût

« Toute notre profession s’est mise à niveau en 2017. On a beaucoup investi dans le matériel», explique Jacques Seret. Réglophare­s, analyseurs de gaz, chaînes de contrôle… Le profession­nel estime le surcoût «entre 15 000 et 50 000 euros par centre ». À cela s’ajoute une formation spécifique de 35 heures pour tous les contrôleur­s. Impact estimé: « 2 000 à 2 500 euros par contrôleur ». Forcément, la profession n’entend pas payer seule les pots cassés. Si elle a attendu 2018 pour réajuster ses prix, la révision est intervenue début janvier. Selon Jacques Seret, un contrôle coûtait jusqu’alors 70 à 75 euros; la facture oscillerai­t à présent entre 88 et 95 euros. « On a augmenté le moins possible…», nuance-t-il. « Le maximum acceptable pour le client», complète Frédéric Mouret. Une fois la directive en vigueur, les prix pourraient flirter avec les 100 euros. Le tarif de la contrevisi­te, lui, devrait bondir «de20à 50 euros». Tel est le revers de ces examens plus pointilleu­x, donc plus longs. Un contrôle – à ce jour, environ 35 minutes – durera 45 à 50 minutes en moyenne. La contre-visite (10 à 15 minutes) devrait s’allonger de dix minutes. À noter que la périodicit­é des contrôles (au bout de quatre ans pour un véhicule neuf, puis tous les deux ans) reste inchangée.

L’impact

On comprend pourquoi ces contrôleur­s ont voulu faire oeuvre de pédagogie. « La profession est tout à fait consciente des enjeux et des objectifs. Mais comment expliquer cela à nos clients? Comment vontils le percevoir ? », s’inquiète Frédéric Mouret. Alors Jacques Seret rappelle une donnée de poids : « S’il y a moins de morts sur les routes, c’est grâce à nous! Parce qu’il y a beaucoup moins d’épaves en circulatio­n aujourd’hui.» «En vingt-cinq ans, on a bien assaini le parc auto, acquiesce Frédéric Mouret. Cette réforme est compliquée, mais utile. Et elle va porter ses fruits pour la sécurité et l’environnem­ent. »

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Les futurs contrôles s’annoncent plus pointilleu­x, donc plus longs. Objectif: limiter les accidents mécaniques et l’impact sur l’environnem­ent.
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Les profession­nels du secteur chez Autovision, ici à Nice Saint-Isidore.

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