Leur voler dans les plumes
Afin d’enrayer l’accumulation de fiente sur la voie publique, la Ville va se doter d’une maison du pigeon en centre-ville. Un mode doux plébiscité par les associations, qui a donné d’excellents résultats
Une grande maison du pigeon sera installée en centre-ville avant la fin de l’année. L’objectif est de réguler la colonie de volatiles en recrudescence. L’équipement a déjà recueilli de probants résultats ailleurs.
Hiver comme été, les pigeons balaient le ciel toulonnais par milliers (1). Tant et si bien que la lutte contre la colonie grandissante remue ciel et terre. Afin d’enrayer l’accumulation de fientes, de roucoulements et de plumes sur la voie publique, la Ville, à l’image des cités de SixFours, Draguignan, Nice et Paris, va se doter prochainement d’un pigeonnier contraceptif. Objectif : circonscrire la hausse massive de la population, notamment en centre-ville, en attirant les oiseaux à nicher, se nourrir et pondre dans un lieu spécifique. La stérilisation s’obtient lorsqu’on secoue les oeufs, ce qui tue l’embryon. Ailleurs, les résultats sont spectaculaires – jusqu’à moins 70 % dans la capitale en cinq ans, par exemple.
« Peu de plaintes » selon la mairie
« L’équilibre entre environnement et hygiène est très important, explique l’adjoint au maire délégué à l’hygiène, Mohamed Mahali. Depuis un mois, on travaille à implanter ce mode doux, en concertation avec la Ligue de protection des oiseaux. Cela fait plus de dix ans que la municipalité a cessé, comme solutions répulsives, de faire appel à des sociétés privées. La capture, le gazage, ce n’est plus dans l’air du temps. » La résolution est émise par les associations de défense de l’environnement, qui défendent une « inclusion harmonieuse » de l’animal. « Un projet de pigeonnier avait été initié il y a quelques années, mais avait finalement été abandonné, confirme Katherine Dubourg, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Vous mettez quatre, cinq pigeonniers, et tout le monde sera content car le problème sera réglé. Il vaut mieux avoir trois fois moins de pigeons bisets, mais bien entretenus. » Quant à l’adresse de la future maison des oiseaux, probablement en centreville, elle n’a pas été encore dénichée. Une certitude : il faudra (bien) lever les yeux. « On prospecte encore l’endroit où il serait le plus efficace, expose l’adjoint .Ça fonctionne, selon les témoignages recueillis, et le design sera soigné, adapté au mobilier urbain. » Seule incertitude : le mode de gestion (en régie ou à la location) dudit pigeonnier, celui-ci exigeant un suivi régulier de techniciens formés (2). « Ce n’est pas encore tranché, conclut l’élu. L’avantage de faire appel à la location, c’est qu’il n’y a pas besoin de créer d’emploi. Nous gardons le contrôle des charges : si ça ne fonctionne pas, on l’enlève. » La municipalité dit recevoir « peu de plaintes » de riverains, sans nier pour autant le trouble occasionné par les volatiles domestiques. « Forcément en centre-ville, ensuite cela dépend des quartiers. Ce n’est pas la saleté qui les attire, mais bel et bien la nourriture. Les pigeons sont présents dans les endroits où le public déambule, s’assoit, pique-nique, comme dans les parcs, les squares… »