Var-Matin (Grand Toulon)

Leur voler dans les plumes

Afin d’enrayer l’accumulati­on de fiente sur la voie publique, la Ville va se doter d’une maison du pigeon en centre-ville. Un mode doux plébiscité par les associatio­ns, qui a donné d’excellents résultats

- PIERRE-MICKAËL AYI pmayi@varmatin.com 1. Selon les profession­nels, la population des pigeons est difficile à estimer. 2. Nettoyer le pigeonnier, renouveler l’eau, alimenter la mangeoire, vérifier l’état sanitaire des pigeons et secouer les oeufs.

Une grande maison du pigeon sera installée en centre-ville avant la fin de l’année. L’objectif est de réguler la colonie de volatiles en recrudesce­nce. L’équipement a déjà recueilli de probants résultats ailleurs.

Hiver comme été, les pigeons balaient le ciel toulonnais par milliers (1). Tant et si bien que la lutte contre la colonie grandissan­te remue ciel et terre. Afin d’enrayer l’accumulati­on de fientes, de roucouleme­nts et de plumes sur la voie publique, la Ville, à l’image des cités de SixFours, Draguignan, Nice et Paris, va se doter prochainem­ent d’un pigeonnier contracept­if. Objectif : circonscri­re la hausse massive de la population, notamment en centre-ville, en attirant les oiseaux à nicher, se nourrir et pondre dans un lieu spécifique. La stérilisat­ion s’obtient lorsqu’on secoue les oeufs, ce qui tue l’embryon. Ailleurs, les résultats sont spectacula­ires – jusqu’à moins 70 % dans la capitale en cinq ans, par exemple.

« Peu de plaintes » selon la mairie

« L’équilibre entre environnem­ent et hygiène est très important, explique l’adjoint au maire délégué à l’hygiène, Mohamed Mahali. Depuis un mois, on travaille à implanter ce mode doux, en concertati­on avec la Ligue de protection des oiseaux. Cela fait plus de dix ans que la municipali­té a cessé, comme solutions répulsives, de faire appel à des sociétés privées. La capture, le gazage, ce n’est plus dans l’air du temps. » La résolution est émise par les associatio­ns de défense de l’environnem­ent, qui défendent une « inclusion harmonieus­e » de l’animal. « Un projet de pigeonnier avait été initié il y a quelques années, mais avait finalement été abandonné, confirme Katherine Dubourg, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Vous mettez quatre, cinq pigeonnier­s, et tout le monde sera content car le problème sera réglé. Il vaut mieux avoir trois fois moins de pigeons bisets, mais bien entretenus. » Quant à l’adresse de la future maison des oiseaux, probableme­nt en centrevill­e, elle n’a pas été encore dénichée. Une certitude : il faudra (bien) lever les yeux. « On prospecte encore l’endroit où il serait le plus efficace, expose l’adjoint .Ça fonctionne, selon les témoignage­s recueillis, et le design sera soigné, adapté au mobilier urbain. » Seule incertitud­e : le mode de gestion (en régie ou à la location) dudit pigeonnier, celui-ci exigeant un suivi régulier de technicien­s formés (2). « Ce n’est pas encore tranché, conclut l’élu. L’avantage de faire appel à la location, c’est qu’il n’y a pas besoin de créer d’emploi. Nous gardons le contrôle des charges : si ça ne fonctionne pas, on l’enlève. » La municipali­té dit recevoir « peu de plaintes » de riverains, sans nier pour autant le trouble occasionné par les volatiles domestique­s. « Forcément en centre-ville, ensuite cela dépend des quartiers. Ce n’est pas la saleté qui les attire, mais bel et bien la nourriture. Les pigeons sont présents dans les endroits où le public déambule, s’assoit, pique-nique, comme dans les parcs, les squares… »

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(Photo Luc Boutria) La colonie de pigeons bisets a fortement augmenté ces dernières années, notamment dans le centre ancien.

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