Var-Matin (Grand Toulon)

La procréatio­n médicaleme­nt assistée en débat

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE

Les états généraux de la bioéthique s’ouvrent aujourd’hui. Quel est l’intérêt du principe de concertati­on ? Je crois au débat. Ce sont des sujets personnels, intimes, quelquefoi­s douloureux. Confier cela uniquement aux experts et politiques c’est confisquer une part importante de la réflexion populaire sur ce qu’est l’homme, la dignité, la vie.

Le thème clé selon vous ? La procréatio­n médicaleme­nt assistée [PMA] sera pour les femmes célibatair­es. Je dis bien célibatair­es parce que ce n’est pas le sujet de savoir si elles sont en couple ou non. L’important est de savoir si la PMA peut être proposée pour des raisons non médicales. Le comité consultati­f national d’éthique a rendu un avis un peu plus favorable que son premier avis. On voit qu’il y a matière à débat. Mais débattre uniquement tous les sept ans, ce n’est pas une très bonne règle. Ma propositio­n était qu’on le fasse au cas par cas, lorsque la société réclame un débat sur un sujet, on se penche dessus. Les effets négatifs de ce cycle ? On a l’impression que le débat ne s’arrête jamais. Les décrets d’applicatio­n, l’appropriat­ion des nouvelles règles: tout cela se fait en plusieurs temps après un débat qui dure lui aussi. Le deuxième danger c’est de se sentir obligé de changer tous les sept ans les lois. Par exemple, on a modifié les règles du don d’organe en , est-ce qu’il faut forcément inventer autre chose sous la pression?

Un «débat apaisé» est-il possible ? On a trois stratégies concomitan­tes: les jurés citoyens tirés au sort qui se réunissent trois week-ends d’affilée et émettent un avis, l’ouverture d’un site Internet et le débat en région. Ces trois éléments devraient permettre d’aboutir à un débat qui ne sort pas de la réflexion commune et de la confrontat­ion des idées avec conviction et passion. Quoi qu’il en soit, on voit bien qu’il faut qu’on soit capable de s’adapter au cas par cas sur ces thématique­s. Il faut que la loi soit claire et d’applicatio­n souple sur ces sujets-là. On parle de mort, de naissance, de procréatio­n. C’est un débat sur l’essentiel.

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