Var-Matin (Grand Toulon)

Bastareaud écope de trois semaines

Alors qu’il encourait jusqu’à 52 semaines de suspension, Mathieu Bastareaud ne manquera finalement « que » les trois prochains matches. Seul le caractère injurieux de ses propos a été retenu

- FANNY ROCA

Ouf ! Alors bien sûr, il n’a pas été totalement blanchi. Mais cité, samedi, pour des « propos injurieux à caractère homophobe » à l’encontre du troisième ligne italien Sébastian Negri, en réponse à une première insulte de ce dernier, Mathieu Bastareaud encourait de 5 jusqu’à... 52 semaines de suspension! Un an, quoi... Certes, l’échange entre les deux gaillards n’était franchemen­t pas joli. Mais la sanction paraissait lourde. Disproport­ionnée. Et laissait planer une certaine angoisse. Sur le trois-quarts centre toulonnais, bien sûr, mais aussi sur ses partenaire­s, de club et d’équipe de France, ses entraîneur­s, le public... Comment l’EPCR, la très « rigoureuse » institutio­n européenne, allait-elle se positionne­r ?

Suspendu pour France - Irlande

Banni trois semaines des terrains. Voilà ce que les trois juges de la commission de discipline, qui ont entendu Mathieu Bastareaud, hier, dans un hôtel proche de l’aéroport londonien d’Heathrow, ont décidé. Mourad Boudjellal – également visé par une enquête dans cette histoire – l’a luimême annoncé à Berg, au bord du terrain, alors que la séance d’entraîneme­nt du RCT démarrait tout juste. Sans doute pas satisfait du verdict, mais toutefois probableme­nt soulagé... « Cap’tain Basta » manquera ainsi la rencontre, décisive, de samedi, en Champions cup à Llanelli, la 16e journée de Top 14 face à BordeauxBè­gles le 27 janvier, et le premier match du tournoi des VI Nations avec les Bleus – puisque Jacques Brunel l’avait sélectionn­é le matin même – le 3 février contre l’Irlande (1). Dur, forcément. Mais moins que ce qui était susceptibl­e d’être proféré... Et pour cause : si les insultes ont bien été sanctionné­es, la commission n’a pas retenu leur caractère homophobe. « Même si, pour moi, il n’a rien fait, a réagi Mourad Boudjellal, la chose la plus importante, est qu’en aucun cas on n’ait parlé de propos homophobes. Je rappelle que l’essence et l’ADN du club que j’ai repris depuis une

douzaine d’années, c’est de faire jouer entre eux des gens qui viennent d’horizons différents, et de culture différente, et qu’à travers ces différence­s, on ait une force commune. Notre point fort a toujours été de se renforcer de cette différence, de respecter et d’accepter l’autre. »

« C’est grave... »

Très concerné par ce dossier, le président du RCT a insisté : «Décréter que quelqu’un est homophobe, c’est grave. Il le porte toute sa vie. Il faut vivre en société avec ça. Donc c’est bien qu’ils n’aient pas retenu ça contre lui. » Avant de conclure, la mine sombre : « Mathieu, tu lui colles 52 semaines pour ça, tu le détruis. Tu le flingues. Tu prends un revolver, ça va plus vite. Mathieu, c’est quelqu’un que je connais bien. C’est un mec qui a été stigmatisé, dans sa vie. Il a pris des coups. Et en général, quand on a pris des coups, on respecte la souffrance des autres. »

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 ?? (Photos Valérie Le Parc) ?? Solide poignée de main, en fin de match, samedi, entre Mathieu Bastareaud et Sebastian Negri. Visiblemen­t pas vraiment fâchés. Et sans doute très loin de se douter de l’ampleur que prendrait leur accrochage...
(Photos Valérie Le Parc) Solide poignée de main, en fin de match, samedi, entre Mathieu Bastareaud et Sebastian Negri. Visiblemen­t pas vraiment fâchés. Et sans doute très loin de se douter de l’ampleur que prendrait leur accrochage...

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