Pas de prison pour la «nourrice» de Pontcarral
Même si plusieurs kilos de stupéfiant ont été saisis chez une habitante de la cité de l’ouest toulonnais, le manque criant d’éléments probants a conduit à sa relaxe
Àla barre, une petite femme d’un mètre cinquante, sanglotante et bredouillante, les cheveux retenus par une pince noire. «Elle n’a pas vraiment le profil de Pablo Escobar… », lâche l’avocate de Fathia Y., Marion Vella. Difficile en effet de trouver un point commun entre le boss du cartel de Medellín et cette quinquagénaire bénéficiaire de l’allocation d’adulte handicapé.
Odeurs…
Pour comprendre comment cette infirme s’est retrouvée au tribunal, il faut remonter au 14 janvier: des policiers coursent un « individu capuchonné, tout de noir vêtu», dans la cité Pontcarral. Tout indique que c’est un dealer. Ils tombent sur la porte d’un appartement d’où s’échappe « une très forte odeur de cannabis ». Les forces de l’ordre frappent, Fathia Y. ouvre. Sur un canapé, sa fille de 15 ans et deux mineurs, dont l’un ressemble fortement à celui cherché par les policiers. Les agents de police tombent également sur la source de l’odeur. Dans une chambre, « plus de 5 kg de résine de cannabis, 200 grammes d’herbe et 570 euros en liquide », précise la présidente. Sans compter les sachets, balances et autre feuille de comptabilité. Aux dires de la prévenue, Marseillaise habitant Pontcarral depuis l’été dernier, quelques jours avant, un homme encagoulé l’aurait suivi et serait entré de force dans son appartement. Avant de lui demander de lui en remettre les clefs et d’en garder toujours la porte ouverte, sous peine de représailles. Peu après, il serait revenu avec d’autres, également encagoulés, qui auraient entreposé des sacs (les stupéfiants et le matériel pour le conditionner, Ndlr) dans une des chambres, alors inoccupée.
Et les tests?
Interdiction leur aurait alors été faite, à elle et à sa fille, d’y entrer et de toucher le « matériel ». « Il n’y a pas de preuves qu’ils vous aient dédommagé pour cet entrepôt… », lâche la présidente. C’est le même manque de preuves que souligne le procureur : « Il faut attendre les résultats des tests ADN et papillaires (servant notamment à déceler les empreintes digitales, Ndlr), il n’y a pas eu d’audition de sa fille et les mineurs ont vite eu un classement sans suite… Je pense qu’elle est victime… Je propose soit la relaxe, soit le renvoi afin de faire aboutir cette procédure. » Faute d’éléments, c’est la relaxe que choisira le tribunal. « Je veux quitter Pontcarral, ils me surveillent ! Même les gamins de 8-9 ans ! », gémit Fathia Y. « Essayez de changer d’endroit…», conseille la présidente du tribunal à la Marseillaise.