Var-Matin (Grand Toulon)

Gare des Arcs: les quais (enfin) accessible­s à tous Interview

Créée en 1994, l’associatio­n Augad multiplie les combats pour les usagers. Dernière victoire en date : la mise en place d’ascenseurs pour les voyageurs à mobilité réduite. Et les autres

- PROPOS RECUEILLIS PAR M. B. Rens. : www.augad.fr

Voilà vingt-quatre ans que l’associatio­n des usagers de la gare des Arcs-Draguignan (Augad) se bat pour améliorer le confort des usagers du transport ferroviair­e. Après un combat de longue haleine, la structure a récemment remporté une victoire significat­ive : l’aménagemen­t des quais et la mise en service d’ascenseurs, en octobre dernier, pour permettre l’accès au quai n°2 aux personnes à mobilité réduite comme aux voyageurs lourdement chargés. Mais l’Augad n’entend pas en rester là. Entretien avec Jean-Louis Bon, secrétaire de l’associatio­n.

De quand date la création de l’Augad? À l’origine, elle a été créée en  par Sylvie Delaporte et Véronique Mer. Ces deux voyageuses s’étaient mobilisées à la suite de la suppressio­n d’un TER et avaient créé l’associatio­n, avec l’appui de Jean-Marie Loupot, une personnali­té politique des Arcs. À l’époque, les TGV de la ligne ParisNice ne s’arrêtaient pas en gare. Une forte mobilisati­on s’était organisée pour que ce soit le cas. Les voies avaient même été bloquées pour empêcher les trains de passer. Depuis, l’associatio­n se bat pour que cette gare soit à la hauteur du bassin de population qui l’entoure. Lequel englobe des voyageurs du golfe de Saint-Tropez à la Dracénie jusqu’au haut Var. Il faut savoir que le trafic de passagers approche les   usagers par an. Quant à l’Augad, elle compte  adhérents dans ses rangs.

Comment a évolué l’associatio­n ensuite ? L’associatio­n a pris conscience de l’engorgemen­t automobile de la région. Et du fait qu’il était nécessaire de développer les TER. Faire en sorte que les gens de la région puissent utiliser le train aussi facilement que ceux des grandes villes. Autour de , le trafic des voyageurs a pris de l’ampleur. En particulie­r pour les déplacemen­ts quotidiens. Ceci à partir du moment où des parkings ont été construits avec le soutien de la Région Paca, sous la mandature de Michel Vauzelle, pour faciliter l’accès à la gare. Et ils ont été très vite saturés.

Le trafic n’était pas aussi important avant? À la base, c’était une petite gare de province. Mais aussi un noeud important pour la SCNF, avec beaucoup de trains au départ ou à l’arrivée. Reste que la gare n’avait rien d’accueillan­t. Depuis, entre  et , la Communauté d’agglomérat­ion dracénoise (Cad) a réalisé des aménagemen­ts intérieurs.

Quels types d’actions avez-vous mené ? À l’Augad, notre souci, ce n’est pas de trouver des solutions. C’est de constater les problèmes. Depuis la création de l’associatio­n, les combats ont été nombreux. Le principal a été le réaménagem­ent des quais, mais surtout l’accès au quai n°  pour tous, demandé depuis . Et obtenu en octobre dernier. On ne pouvait y accéder que par des escaliers, sans accès pour les personnes à mobilité réduite ou les voyageurs avec de gros bagages. Lorsqu’on a soulevé le problème, la SNCF avait mis en place une pente sur le côté. Mais il y a eu des accidents, avec des gens emportés par leurs valises. On a alors pensé à mettre en place un escalier mécanique. Mais ce n’était pas réalisable. La solution, c’était donc d’installer des ascenseurs. Désormais en fonction, ils peuvent supporter  personnes. On verra ce qu’en feront les voyageurs... Ca a été un combat de longue haleine, notamment pour trouver le financemen­t. Le montant de l’opération a été de  millions d’euros, financé à % par la Région, % par la SNCF, % par le Départemen­t, et % pour la Cad. En février , on s’est aussi battu pour le maintien de la boutique SNCF à Draguignan. Là, il y a eu un grand mouvement, avec le soutien de la mairie. Un compromis a été trouvé avec la Cad qui en assure aujourd’hui la gestion. Comment se déroulent vos relations avec les usagers ? Depuis quelques années les usagers utilisent beaucoup plus les réseaux sociaux que les associatio­ns pour exprimer leur mécontente­ment. Nous recevons moins de plaintes. Les gens sont plus recroquevi­llés sur euxmêmes et font moins intervenir l’associatio­n comme relais des difficulté­s qu’ils rencontren­t. C’est une évolution de la société qu’on ne maîtrise pas. Je pense que c’est le cas pour toutes les associatio­ns. Les gens essaient de trouver des solutions par eux-mêmes plutôt que de se regrouper pour les trouver. L’associatio­n devra évoluer en fonction de ce contexte. Comment cette évolution se fera-t-elle ? Ce sera débattu lors de notre prochaine assemblée générale en avril. Maintenant que nous avons obtenu beaucoup de choses sur le plan des revendicat­ions matérielle­s de la gare, il faut que nous redonnions pleinement à l’associatio­n son rôle de représenta­tion des usagers.

Qu’est-ce qui ressort de vos échanges avec eux ? La ponctualit­é. La fiabilité des trains. C’est leur principale préoccupat­ion. En Suisse, les trains arrivent à la seconde près. Je pense qu’en France, nous avons davantage une culture axée autour de la voiture. On ne met pas les mêmes moyens dans le ferroviair­e. C’est vrai aussi qu’il n’y a qu’une seule ligne entre Nice et Marseille. Et dès qu’elle est bloquée, c’est vite compliqué. Il faut des solutions de rechange. Si ça ne passe pas d’un côté, il faut que ça puisse passer de l’autre.

Quelles perspectiv­es ? Nous allons nous concentrer sur les parkings. Alors qu’il y en a un nouveau dit de longue durée, mis en place en  (bail emphytéoti­que de la Cad et de la mairie signé avec le propriétai­re du terrain), il est déjà saturé. Le stationnem­ent y est gratuit. Au début, c’était une bouffée d’oxygène extraordin­aire. Mais on constate que la plupart des gens qui l’utilisent ne sont pas des usagers du train. On voit beaucoup d’immatricul­ation hors départemen­t. Alors qui s’en sert ? Parmi les  places disponible­s, il faut qu’on comprenne pourquoi il est difficile d’en trouver une dès  h. Pour trouver une solution adaptée. D’autant que les Dracénois viennent à % en voiture pour prendre le train. La ligne n° (Draguignan-Trans-Les Arcs) de la Cad n’est pas suffisante. Ca ne marche pas non plus. Sans parler du fait qu’il n’y a pas de synchronis­ation avec les trains. Il faut donc qu’on travaille aussi sur l’accès à la gare par les transports en commun. On réfléchit également à travailler autour de la mise en place de parkings à vélos sécurisés, comme ça se fait dans certaines gares, Et à plus long terme, il va falloir que l’on se penche sur le devenir de la gare et son positionne­ment par rapport à la gare Est Var qui va être mise en place sur la ville du Muy. Ceci dans le cadre de la nouvelle ligne entre Marseille et Nice qui est prévue entre  et . Avec elle, il va y avoir de nouvelles gares. Quel va être le positionne­ment de la gare des Arcs par rapport celle du Muy ? Est-ce qu’elle va perdurer ? Est-ce qu’elle ne va devenir qu’une gare TER comme celle Vidauban ? Il y a beaucoup d’interrogat­ions sur cette ligne nouvelle et cette nouvelle gare associée.

‘‘ Notre rôle, c’est de faire remonter les problèmes ”

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Depuis octobre dernier, la gare des Arcs-Draguignan bénéficie d’ascenseurs pour accéder au quai n°.
(Photo Dylan Meiffret) Depuis octobre dernier, la gare des Arcs-Draguignan bénéficie d’ascenseurs pour accéder au quai n°.

Newspapers in French

Newspapers from France