La France, combien de divisions ?
Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été enterré en grande pompe. Faut-il sortir les mouchoirs? Vu de Nice ou de Toulon, difficile d’évaluer l’impact de cette décision sur le développement du Grand-Ouest. Mais on peut tout de même douter du caractère définitif de cette décision tant la parole de l’État est dévalorisée sur le sujet. Les gouvernements successifs ont tellement tergiversé ! Les allers-retours entre la création d’un nouvel aéroport dans le bocage breton et l’extension du site actuel ont été si nombreux que si l’État était équipé d’un GPS, il aurait fait le tour de la Terre. En cas de changement de majorité dans quatre ans, le dossier ne serait-il pas de nouveau remis sur la table ? « Cent quatrevingts décisions de justice ont toutes été favorables au transfert », tempête la maire socialiste de Nantes Johanna Rolland. «Un renoncement à la parole donnée», selon Bruno Retailleau, l’ancien président LR de la région, sur lequel un nouvel exécutif pourrait revenir. À moins que les pelleteuses n’entrent, d’ici là, en action pour prolonger le tarmac de l’actuel aéroport nantais, comme le Premier ministre s’y est engagé. Et à condition, bien entendu, qu’aucun recours ne complique le nouveau calendrier : que les mécontents de demain ne fassent pas passer les zadistes pour d’aimables amateurs en matière de contestation. Le gouvernement a-t-il eu tort de prendre une décision ? Dans un pays où l’hésitation est un sport de compétition, où le « oui, non, bien au contraire » tient lieu de devise nationale, c’est au contraire une habitude à prendre. Certes, l’argumentaire employé ressemble à une boîte de Pandore. Sur le thème de «Notre-Dame-des-Landes, l’aéroport de la division », Édouard Philippe a brandi le manque de consensus comme la principale raison de son renoncement. Méga chantiers, lignes de train, programmes immobiliers: le camp du non à tous les grands équipements présents et à venir a bien entendu le message. Pour faire capoter un projet, suffira-t-il de sortir les pancartes pour avoir sa peau ? Après tout, pourquoi pas ? C’est une pratique démocratique comme une autre. Et avoir le sens de l’écoute, c’est une méthode de gouvernement. Une méthode moderne et populaire même si en politique, elle ne garantit pas toujours le succès.
« Pour faire capoter un projet, suffira-t-il de sortir les pancartes pour avoir sa peau ? Après tout, pourquoi pas. C’est une pratique démocratique comme une autre. »