Var-Matin (Grand Toulon)

Familles de djihadiste­s en Syrie : plainte contre les autorités françaises pour détention arbitraire

-

Des avocats de femmes et d’enfants de djihadiste­s français, récemment capturés par les forces kurdes en Syrie, ont déposé plainte pour « détention arbitraire » contre les autorités françaises, dénonçant le souhait de Paris de faire juger ses ressortiss­ants sur place. « Le Kurdistan syrien n’ayant aucune existence légale et ne disposant par là-même d’aucune institutio­n souveraine, ces femmes et ces enfants sont tous détenus sans droit ni titre », affirment les avocats Marie Dosé, William Bourdon, Martin Pradel et Marc Bailly dans un communiqué. La France fait « délibéréme­nt le choix de s’abstenir de toute interventi­on » et les « expose à des risques évidents notamment sur le plan sanitaire dans une zone de conflit », ajoutent-ils, demandant au parquet de Paris de diligenter une enquête préliminai­re pour « détention arbitraire » et « abus d’autorité ». Une quarantain­e de djihadiste­s français, autant d’hommes que de femmes, accompagné­s d’une vingtaine d’enfants, ont été arrêtés en zone irako-syrienne, dont la grande majorité par les forces kurdes en Syrie, d’après une source proche du dossier. Les adultes font tous l’objet de poursuites judiciaire­s en France où ils sont visés par des mandats d’arrêt ou de recherche. Leur retour est un sujet ultra-sensible pour Paris : les faire rentrer pose question pour la sécurité nationale mais les laisser juger en Syrie soulève des interrogat­ions juridiques au vu du chaos dans le pays.

Peu de chance d’aboutir

A plusieurs reprises, le gouverneme­nt français a indiqué qu’il souhaitait que les femmes djihadiste­s françaises soient jugées, tout comme les hommes, par « les autorités locales » kurdes si les conditions le permettent. « Soit les règles du procès équitable sont respectées sur place, soit elles ne le sont pas [...] et nous avons des convention­s internatio­nales sur lesquelles nous sommes très sourcilleu­x et donc nous les prendrons en charge en France », a assuré, hier, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, sur France inter. Les plaintes déposées par les avocats ont peu de chance d’aboutir à l’ouverture d’une enquête, d’après une source proche du dossier. « Je n’ai aucune illusion: le parquet va faire en sorte que les politiques définies au plus haut niveau sur ce sujet très sensible ne soient pas poursuivie­s au niveau pénal », a relevé Martin Pradel.

Newspapers in French

Newspapers from France