Var-Matin (Grand Toulon)

Alerte avalanche

A Auron, le peloton de gendarmeri­e de haute-montagne a orchestré un exercice de secours grandeur nature. CRS, pompiers et pisteurs y ont participé avec un même but : sauver des vies

- Textes et photos : Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr

Est-ce que tu as des ensevelis ? » Talkie-walkie à la main, concentrat­ion à son paroxysme, le capitaine Sarah Chelpi écoute la voix grésillard­e lui répondre: « Il y en a au moins quatre sous la neige. Peut-être cinq... » Auron, piste du Riounet, à plus de 2 000 mètres d’altitude. Alerte avalanche. Alerte factice, fort heureuseme­nt. Ce lundi 15 janvier, sous un soleil généreux, les profession­nels de la montagne se livrent à un exercice de secours grandeur nature. Précaution pas inutile : dans le Mercantour, l’alerte avalanche est actuelleme­nt de 3 sur une échelle de 5, à un niveau « marqué ». L’exercice est un classique en hiver. Mais celui-ci sort quelque peu de l’ordinaire. Tous les corps de secours sont réunis pour un entraîneme­nt commun. Initiative louable : dans les massifs des Alpes-Maritimes, la cohabitati­on entre gendarmes, policiers et pompiers suscite régulièrem­ent des tensions. Rien de tel ici. Tous obéissent aux ordres fermes, mais bienveilla­nts, du capitaine Chelpi. Cette jeune Cannoise, devenue il y a un an la première femme commandant un peloton de gendarmeri­e de haute-montagne (PGHM), est la chef d’orchestre des opérations du jour.

« En avant, sondez »

En lice : huit militaires du PGHM 06, trois autres du groupe montagne de la gendarmeri­e, trois policiers de la CRS Alpes, trois médecins du groupe milieu périlleux du Sdis 06, six pisteurs, deux chiens de détection, et l’hélicoptèr­e de la gendarmeri­e de Digne. Leur mission : secourir cinq victimes ensevelies. C’est Hiss, le chien du PGHM, qui ouvre la piste. Et qui découvre un premier skieur. « Ça va monsieur ? Vous nous entendez ? » Les secours dégagent le mannequin, évaluent son pronostic vital, puis entreprenn­ent de le médicalise­r. L’opération va se répéter pour chaque « enseveli ». D’abord, les secours sillonnent la pente, traçant de grands « Z » dans la neige, les yeux rivés sur leur détecteur de victime d’avalanche(DVA). Une fois la zone ciblée, les sondeurs évoluent en rang serré, au coude à coude : « Allez on avance, deux par deux, et on sonde bien profond, exhorte le chef Rémi Castaings. Un pas en avant... Sondez ! » Dans les airs, Choucas 04 enchaîne les norias, acheminant sur place secouriste­s et matériel. Seuls deux « blessés » seront évacués en urgence absolue. Les trois autres « victimes » sont décédées. Les opérations auront duré 1 h 15. Un temps satisfaisa­nt, de l’avis de tous, pour une simulation où les cinq victimes ont été retrouvées. Autre satisfacti­on : la coordinati­on de la prise en charge médicale. « En revanche, on peut progresser sur les transmissi­ons radio, reconnaît le capitaine Chelpi. Car tous les services n’ont pas la même fréquence. »

Se rôder ensemble

Pas la même fréquence. Mais un même esprit montagnard. Lundi, tous ces secouriste­s ont « réussi à travailler tous ensemble. C’était l’un des objectifs », salue Sarah Chelpi à l’heure du débriefing. Jean-Gabriel Delacroy, directeur de cabinet du préfet, passe saluer les troupes : « Cet exercice donne à ces services une habitude de travail en commun partagée. Cela permet de rôder les procédures et de s’articuler. » A charge pour les victimes potentiell­es de leur faciliter la tâche. Pour éviter l’accident, la pratique du hors piste doit rester limitée aux skieurs « formés, équipés, expériment­és et sachant réagir », dixit l’adjudant-chef Simon Ribel, du PGHM 06, qui a organisé l’exercice. Une fois enseveli, quelles chances de survie ? « C’est très aléatoire, reconnaît le lieutenant-colonel Sandra Lantelme, médecin-pompier. ça dépend de la qualité de la neige, du lieu, de la hauteur d’enseveliss­ement... Mais on sait que les quinze premières minutes sont primordial­es. » Au-delà, les chances de survie sont divisées par deux.

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