Macron en reconquête
Venu s’adresser aux armées, hier matin, le président de la République a affirmé que «la Défense est absolument prioritaire». Logiquement, il a annoncé une hausse conséquente du budget
Le chef des armées a été clair : le budget de la Défense sera porté à 2 % du PIB d’ici 2025. Promesse de campagne, un service national universel verra bien le jour. Il a tranché: la dissuasion nucléaire sera modernisée.
Les débuts ratés de sa relation avec les militaires semblent désormais appartenir au passé. En tout cas, six mois après la bruyante démission du chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, Emmanuel Macron s’emploie à rétablir la confiance avec les armées. Hier matin à Toulon, à l’occasion de ses voeux aux armées, c’est même quasiment une déclaration d’amour que le président de la République a faite aux quelque 1 500 marins, aviateurs, soldats et personnels civils de la Défense réunis pour l’occasion à bord du bâtiment de projection et de commandement Dixmude.
Un effort « inédit et incomparable »
Et quand on aime, on ne compte pas… À ce sujet, le chef des armées a « décidé d’arrêter la lente érosion» que subit le budget de la Défense depuis 20 ans. Dans « un monde qui se fracture », dans « une ère de grandes turbulences », le budget de la défense sera porté à 2 % du PIB d’ici à 2025. Sans attendre cet horizon, le budget 2018 bénéficie déjà d’une hausse de 1,8 milliard d’euros par rapport à l’an passé, pour atteindre 34,2 Md€! Toujours en matière d’argent, et pour en finir avec les éternels débats autour du financement des opérations extérieures, dont « la dotation annuelle était systématiquement sous-estimée depuis des années », le président de la République a déclaré que la dotation atteindrait 1,1 milliard d’euros en 2020 contre 450 millions d’euros l’an dernier. Mais attention, en contrepartie de cet effort «inédit et incomparable », Emmanuel Macron réclame aux militaires « la plus grande exigence collective ». Et d’avertir son auditoire : « Chaque dépense sera évaluée à l’aune de son utilité opérationnelle. J’y veillerai personnellement. » En matière de dépenses, justement, le président de la République a déclaré qu’il lancerait, au cours de son quinquennat, «les travaux de renouvellement des deux composantes de la dissuasion nucléaire : la force océanique et la composante aérienne ».
Le service national confirmé
Le chef de l’État a tranché, rappelant, comme pour justifier sa décision, que « la dissuasion est la clef de voûte de la stratégie de défense depuis plus de 50 ans ». Dans un discours fleuve de plus d’une heure, Emmanuel Macron a évoqué également sa détermination à relancer le service national, une promesse de campagne. Un service national universel qui « sera mené à son terme »et « sera conduit par l’ensemble des ministères concernés, et pas simplement par le ministère des armées ». Par ailleurs, alors que l’armée française s’affirme de plus en plus comme l’armée de référence en Europe, Emmanuel Macron a invité les militaires à mettre de côté leurs réticences visà-vis d’une coopération européenne renforcée. «Il ne s’agit pas de faire moins, mais de faire mieux ensemble (...) Cette coopération sera un moyen de démultiplier l’efficacité de l’armée française », a-t-il tenté de rassurer. Mais parce que les militaires sont «la vraie richesse des armées », le chef de l’État a tenu à conclure son discours en rappelant toute l’importance qu’il attache à la condition militaire. « La condition militaire fait partie intégrante de la réussite des opérations », a insisté Emmanuel Macron. Puis s’adressant aux familles de quelques marins du Dixmude, exceptionnellement invitées à cette cérémonie, le président a déclaré : « Considérez-vous comme faisant pleinement partie du ministère des armées, de ceux à qui la Nation doit chaque jour reconnaissance. »