Neuf ans pour l’agresseur des jeunes filles en Twingo
La cour d’assises du Var a retenu hier soir une altération du discernement au bénéfice d’Adrien Abel, 24 ans, auteur de quatre agressions sexuelles de jeunes conductrices de Twingo à Draguignan, les 29 novembre et 13 décembre 2015. Une décision susceptible d’entraîner une réduction d’un tiers de la peine maximum encourue, en l’occurrence quinze ans, puisque l’une de ces agressions était un viol. Les jurés ont fixé sa peine à neuf ans. Ils l’ont assortie d’un suivi socio-judiciaire de dix ans, comportant une obligation de suivre des soins psychiatriques, sous peine de subir cinq ans de prison supplémentaires.
Un collégien harcelé
Pour l’expert psychiatre, cette altération du discernement était à mettre sur le compte de troubles psychiques entraînant des comportements névrotico-pervers. « Il y a chez lui une sorte de lutte intérieure anxieuse lors du passage à l’acte, avec des fantasmes à composante sadique. Il est parfois capable de les maîtriser. Parfois, ils le débordent et il agit, tirant son plaisir de la transgression. Chez lui, le plaisir est lié à des problématiques de type sadisme et voyeurisme. » Selon l’expert, ces troubles pouvaient venir d’épisodes de harcèlement qu’il avait subis pendant deux ans au collège, en classes de sixième et de cinquième. Trois collégiens le coinçaient dans les toilettes, l’obligeant à se déshabiller et à se masturber. Pour le reste, Adrien Abel avait été élevé dans une famille attentionnée, avec des valeurs de travail et de respect.
Une escalade dans les faits
Il s’était investi à 13 ans dans la formation des jeunes sapeurspompiers, qui avait débouché sur son engagement dans l’armée de l’air, où il devait intégrer les services de sécurité incendie sur une base aérienne. Son incarcération en a décidé autrement. L’avocat général Maryline Martinet a repris en détail chacune des trois agressions commises « coup sur coup » le 29 novembre, ainsi que le viol du 13 décembre, « point d’orgue de ce parcours criminel ». « Tous ces faits sont caractérisés et il y a eu une escalade. » Mme Martinet a convenu que la cour pouvait prendre en compte l’altération du discernement d’Adrien Abel, mais aussi la récidive. Elle a fait référence à une précédente condamnation pour atteintes sexuelles, devant le tribunal pour enfants, mais qui ne figurait plus au casier judiciaire du jeune homme depuis sa majorité. Elle a requis dix ans de réclusion, prolongés par dix ans de suivi sociojudiciaire.
Surtout des soins
Pour Me Isabelle Colombani en défense, deux des infractions reprochées à Adrien Abel n’avaient pas reçu une qualification correcte. « Ce ne sont pas des tentatives d’agressions sexuelles, il ne les a pas touchées et il n’y a eu aucun commencement d’exécution. Qu’est-ce qui nous prouve qu’il n’allait pas faire ce qu’il a fait dans les autres cas, exhiber son sexe ? » Comme elle, Me Frédéric Monneret s’est dit persuadé qu’une peine de dix ans de prison serait inefficace, dans la mesure où le jeune homme ne pourrait y bénéficier d’aucune psychothérapie sérieuse. Au principal, Me Monneret a exhorté la cour à retenir l’altération du discernement d’Adrien Abel pour atténuer sa peine, « et lui permettre de s’investir dans des soins en ambulatoire, comme il l’a déjà fait spontanément ». « Il a quand même un casier judiciaire vierge. Il mérite une chance. » Un an de gagné, en l’occurrence.