Le bitcoin aux oeufs d’or
Vous connaissez les frères Winklevoss ? Non ? Ce sont pourtant des stars aux États-Unis. Pas pour leurs performances en aviron (une e place aux JO de Pékin). Ni pour avoir soulagé de millions de dollars le coriace Mark Zuckerberg, qu’ils accusaient de leur avoir piqué l’idée de Facebook. Mais plutôt pour leurs acrobaties financières. Les jumeaux Cameron et Tyler Winklevoss, ans, machoires carrées et regards clairs, un faux air de Schwartzenegger jeune, sont célèbres pour être devenus le mois dernier les premiers milliardaires en bitcoins. Le bitcoin, vous savez, cette monnaie numérique émise par aucune banque centrale et que personne ne contrôle, dont la valeur n’est pas basée sur l’or mais sur une formule mathématique, et en fin de compte sur l’offre et la demande. Les W, ayant investi massivement dans cette crypto-monnaie, se sont trouvés mi-décembre à la tête d’une fortune virtuelle estimée à , milliard de dollars. Chacun ! Mais voilà… Un mois, dans le monde fou de la finance numérique, qui a vu le cours du bitcoin multiplié par dans le courant de , c’est une éternité. Un mois, décembre - janvier, c’est le temps qu’il a fallu pour que le bitcoin aux oeufs d’or perde plus de %. Et les Winklevoss quelque chose comme millions de dollars. Chacun. Il paraît qu’ils ne sont pas découragés pour autant. « Pas vendu, pas perdu », disent les boursicoteurs. Les milliardaires déchus s’accrochent. Ils attendent que ça remonte. Allez savoir… Le chroniqueur, qui n’a pas la moindre idée de la façon dont fonctionne le logiciel inventé par le papa du bitcoin, un certain Satoshi Nakamoto dont on ne sait rien, et pas même s’il existe, observe avec perplexité le yo-yo fou du cours des crypto-monnaies. Il écoute les explorateurs de cette exo-planète financière assurer que les crypto-monnaies sont destinées à durer et pourraient à terme concurrencer, voire supplanter les monnaies conventionnelles. Il écoute Warren Buffett, l’oracle des marchés, déclarer « avec quasi certitude » que tout ça finira très mal. Il se rappelle quelques uns des krachs qui ont marqué la longue histoire des folies spéculatives. Comme la crise de l’oignon de tulipe qui embrasa les Pays-Bas entre novembre et février , et qui vit, au plus fort de la tulipomanie, le bulbe se négocier pour un prix égal à dix fois le revenu annuel d’un artisan, avant que l’effondrement des cours ne balaie en quelques heures des fortunes bâties sur le vent. Il repense à ce que disaient les Winklevoss, au faît de leur fortune : « Nous pouvons avoir complètement tort, mais nous sommes curieux de voir jusqu’où ça va aller. » Nous aussi.