« Docteur, j’ai des palpitations »
Ressentir les battements de son coeur n’est pas une situation tout à fait classique. Pourtant beaucoup sont concernés. Le dernier congrès Rythmosud Nice s’est penché sur la question
Tout à coup, on sent son coeur battre la chamade comme s’il cherchait à s’échapper de notre poitrine. Nombreux sont ceux qui ont un jour ressenti des palpitations. Sous l’effet de l’angoisse, d’un coup de stress, en plein effort ou sans raison particulière. Mais alors quand doit-on consulter ? L’Amicale des cardiologues de la Côte d’Azur, présidée par le Dr Marc Essayagh, a évoqué ce sujet lors du congrès Rythmosud, qui s’est déroulé la semaine dernière à Nice. Viceprésident de l’association, le Dr Serge Sarzotti, revient sur ces extrasystoles, ainsi que se nomme ce phénomène. « Avant toute chose, il faut rappeler qu’il ne s’agit pas d’une pathologie mais d’un symptôme. La personne ressent un battement cardiaque inhabituel. La plupart du temps, il s’agit d’un symptôme banal. » Ces extrasystoles peuvent avoir diverses causes. Parmi elles, le manque de sommeil, mais aussi la consommation de cannabis ou d’amphétamines, l’abus d’alcool et d’excitants – que ce soit le café ou les boissons énergisantes. Il arrive aussi qu’elles surviennent lors de la prise d’un antidépresseur. Autre cause possible, le stress. « A court terme, il augmente la tension artérielle et la fréquence cardiaque, par l’intermédiaire de la sécrétion d’adrénaline. Il va donc favoriser l’expression de palpitations.»
Des symptômes souvent banals
Si la plupart de ces symptômes ne sont pas graves, il convient de consulter pour éliminer d’éventuelles pathologies cardiaques... et se rassurer. « Les palpitations peuvent inquiéter ; aussi, est-il parfois plus utile de consulter et de se rassurer plutôt que de rester avec son anxiété. Le cardiologue va procéder à un examen clinique, un électrocardiogramme, une échographie cardiaque et un enregistrement pendant 24 heures de l’électrocardiogramme qui permettra d’identifier d’où viennent les extrasystoles. En somme, cela revient à “espionner” le coeur pendant 24 heures pour voir si ce qui est ressenti correspond à une pathologie. Une prise de sang permet de compléter le bilan cardiologique », explique le cardiologue azuréen. Si le professionnel de santé n’identifie pas de pathologie cardiaque alors il rappellera certains conseils hygiéno-diététiques (notamment éviter l’abus d’alcool et d’excitants, soigner son sommeil, etc.)
Certains symptômes associés aux palpitations doivent inquiéter
Dr Serge Sarzotti
Pathologies cardiaques parfois graves
Parfois, « des extrasystoles vont révéler de véritables pathologies cardiaques qui imposent une prise en charge. C’est le cas des cardiopathies, des pathologies du coeur gauche qui peuvent avoir un rapport avec les coronaires (tels que les infarctus, les cardiomyopathies), des pathologies du coeur droit (comme la dysplasie arythmogène du ventricule droit), détaille le Dr Sarzotti. Le simple électrocardiogramme peut mettre en évidence d’autres pathologies rares mais qui peuvent être graves comme le syndrome de Brugada et le trouble de repolarisation précoce (cette anomalie de l’électrocardiogramme peut être corrélée à un risque de mort subite). » Il arrive que des patients ne se
rendent pas compte qu’ils ont des troubles du rythme. Ceux-ci sont alors mis en évidence… par les pacemakers ou défibrillateurs qui sont équipés d’un système d’enregistrement du rythme. Les sportifs ne sont pas non plus épargnés et peuvent, eux aussi, présenter des troubles du rythme qui peuvent être graves.
Cardiologue
RythmoSud Nice était dédié au thème « Palpitations : situations rythmologiques que le cardiologue doit connaître», avec les interventions des Drs Mariottini, Ricard, Latcu, Liprandi et Scarlatti.