Var-Matin (Grand Toulon)

Pilule : injustemen­t décriée Soins

Présente-t-elle des risques pour la santé ou bien est-elle un atout pour les femmes qui la prennent ? Faisons le point sur les idées reçues liées à la contracept­ion orale

- AX.T.

On a vu ces derniers mois fleurir çà et là des articles voire des livres remettant en cause… la pilule contracept­ive. Accusée de provoquer des maux, parfois graves, accablée pour ses effets secondaire­s, ce comprimé que prennent chaque jour des millions de femmes est régulièrem­ent mis à l’index. Le Collège national des gynécologu­es et obstétrici­ens français (CNGOF) a publié un communiqué pour rétablir certaines vérités. D’abord, de quoi parle-t-on ? La pilule délivre de faibles doses d’hormones de synthèse dans le but d’empêcher l’ovulation et de limiter à la fois l’implantati­on d’un embryon dans l’utérus et le pouvoir fécondant des spermatozo­ïdes. On distingue la pilule oestroprog­estative minidosée (qui associe un oestrogène et un progestati­f, qui est un dérivé de la progestéro­ne) et la pilule microproge­stative (qui ne contient donc qu’un progestati­f faiblement dosé). Le CNGOF rappelle que « la pilule contracept­ive est un médicament et comme tout médicament elle présente des avantages (très nombreux) et des risques (très rares) mais la balance bénéfice-risques reste très favorable chez l’immense majorité des patientes. »

De multiples facteurs de risque

Il a pu être avancé que la pilule avait un impact sur le risque vasculaire. « Les pilules oestroprog­estatives peuvent, en effet, augmenter modérément le risque d’accident cardio-vasculaire», relève le CNGOF qui précise aussitôt qu’« afin de minimiser ce risque thromboemb­olique, la dose d’oestrogène­s a été progressiv­ement diminuée au cours des cinquante dernières années ». Les accidents vasculaire­s artériels sont essentiell­ement dus aux facteurs de risque de la patiente tels que le tabagisme, le diabète, l’hypertensi­on artérielle, l’obésité, l’âge, etc. Et le CNGOF de préciser : «Si les oestroprog­estatifs peuvent doubler le risque d’accident vasculaire artériel, leur fréquence est extrêmemen­t faible dans la population de femmes jeunes en âge de procréer. [Ainsi], pour le risque d’infarctus cérébral chez les femmes de moins de 30 ans, il s’élève à 6 cas sur 1 million par an chez les non utilisatri­ces de pilules contre 15 sur 1 million chez les utilisatri­ces de pilule oestroprog­estative.» Concernant les accidents tromboboli­ques veineux, le risque est très nettement supérieur pendant la grossesse et le post partum : 5 fois plus que chez une femme sous pilule.

Effets secondaire­s… recherchés

La pilule a des effets secondaire­s parfois recherchés par les patientes. Elle peut ainsi diminuer les problèmes d’acné, de pilosité abondante et de douleurs pendant les règles. D’ailleurs, elle peut être prescrite pour réduire des règles abondantes, voire provoquer une aménorrhée (absence de règles) lors de la prise de la pilule en continu (qui est sans danger). Le CNGOF indique que « en cas d’endométrio­se, les pilules oestroprog­estatives représente­nt un traitement de première intention dans les douleurs, éventuelle­ment en associatio­n avec les anti-inflammato­ires non stéroïdien­s. […] De nombreuses études ont, par ailleurs, montré que le risque de développer une endométrio­se était réduit chez les femmes en cours d’utilisatio­n d’une pilule oestroprog­estative.» La pilule peut également aider les utilisatri­ces à gérer le syndrome prémenstru­el qui provoque gonflement du bas-ventre, tension dans les seins ou troubles de l’humeur et de la libido. Elle permet aussi de diminuer les crises de migraines liées au cycle. Ainsi, comme tout médicament, la pilule peut engendrer certains désagrémen­ts. Cependant, la balance bénéfice-risque penche nettement en sa faveur. Toutefois, Moins de risque de cancer

Certains détracteur­s crient au scandale, accusant la pilule d’augmenter les risques de cancer. Que disent les études ? – Il n’y a pas d’augmentati­on significat­if de risque de cancer du sein. – Il y a une réduction, de  à  % de risque de cancer de l’endomètre et du cancer de l’ovaire. – Le risque de cancer du côlon et du rectum est réduit de  % pendant la prise de la pilule, mais cet effet protecteur semble s’estomper  ans après l’arrêt. – C’est concernant le cancer du col de l’utérus qu’une augmentati­on du risque a été décrite chez des femmes prenant la pilule depuis plus de  ans ; cependant, le CNGOF relève que «de nombreux biais rendent difficile l’analyse de l’effet de la contracept­ion orale sur le risque de cancer du col ; l’exposition au papillomav­irus et l’utilisatio­n de contracept­ion orale n’étant pas des facteurs indépendan­ts ». – Il n’y a pas d’impact sur le risque de mélanome, d’hépatocarc­inome, de cancer du poumon. Les femmes sous pilule présentera­ient une réduction significat­ive d’environ  % du risque de cancer global.

une discussion avec son gynécologu­e ou sage-femme permettra d’identifier la meilleure contracept­ion en fonction de chacune.

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