La Farlède : pas de break à la prison
« La colère fait que ça explose. Le ras-le-bol monte. Ça fait trop longtemps que ça dure, on ne lâchera rien. » Philippe Abime, secrétaire interrégional FO était remonté, hier matin, face à la prison des Nouradons de Draguignan. Une vingtaine de militants a bloqué l’accès du site dès 6 h 30 avant d’être délogés par les forces de l’ordre sur les coups de 13 h 30, sans heurts.
« Moi-même, j’ai connu une agression »
Peu avant, face aux palettes qui bloquent l’entrée, les surveillants échangent autour de leurs problématiques. Même s’il s’est durci, le mouvement restait un peu ténu à Draguignan. Certes, la prison des Nouradons est neuve. Et seuls 70 détenus y sont pour l’instant incarcérés. « Mais ce n’est pas pour autant qu’on ne connaît pas l’univers pénitentiaire et ses problèmes. Nous venons tous d’autres établissements, expliquait un surveillant. Moi-même, j’ai connu une agression. Je me suis pris des coups. On a essayé de m’attaquer avec un pic de 15 cm. J’ai aussi vécu une prise d’otage d’un gardien l’année dernière, à Villenauxe-La-Grande. » Et quand on lui demande comment font les détenus pour se procurer de tels objets, il explique : « Les détenus ne manquent pas d’imagination. Ils font par exemple fondre des brosses à dents auxquelles ils ajoutent des fourchettes. Et puis il y a le problème des fouilles aux parloirs. Faute de temps pour, elles ne sont plus systématiques mais aléatoires… Sur 25 parloirs, seuls 3 ou 4 sont contrôlés… »
Plus de sécurité
Les revendications défendues sont nombreuses. « Il faut des moyens humains, poursuivait le surveillant. Mais aussi revaloriser les salaires pour encourager des candidats à exercer ce métier. On en manque. Il faut que l’on nous fournisse des équipements adaptés. Pourquoi pas des tasers par exemple, pour pouvoir désamorcer certaines situations. Ou des vêtements “anti couteaux” adaptés aux situations dans les quartiers difficiles. Il faut qu’on puisse travailler en binôme, pour davantage de sécurité... » Mais au-delà des conditions de travail, c’est tout un système qui interroge le gardien : « Onserend compte aussi que 90 % des détenus sont des récidivistes. Nous n’accueillons que très peu de détenus dits primo-entrants. C’est bien que quelque part, il y a quelque chose qui ne va pas. Je pense qu’il faut développer davantage les dispositifs de réinsertion. Un détenu illettré devrait ressortir de son incarcération avec des bases. Ce type d’apprentissage pourrait peut-être être obligatoire. » Mais malgré tout, il a son métier dans le corps : « Même si on a vraiment l’impression d’être les oubliés de la République, qu’on travaille dans l’ombre, j’aime mon métier. Je n’y vais pas la boule au ventre. J’y mets de la bonne volonté. Je tiens bon. »