Syrie : Erdogan déterminé à poursuivre l’offensive
Le président Recep Tayyip Erdogan a assuré hier que la Turquie ne reculerait pas dans son offensive contre une milice kurde dans l’enclave syrienne d’Afrine, affirmant que celle-ci était menée en accord avec Moscou, acteur clé du conflit en Syrie. L’offensive, qui vise à déloger la milice des Unités de protection du peuple (YPG) de la localité d’Afrine, est entrée hier dans son troisième jour avec une nouvelle poussée des soldats turcs et de leurs alliés syriens, appuyés par l’artillerie d’Ankara. «La question d’Afrine sera réglée, il n’y aura pas de marche arrière à Afrine. Nous en avons parlé avec nos amis russes, nous avons un accord », a-t-il tonné lors d’un discours à Ankara. L’opération « prendra fin une fois que les objectifs seront atteints ». Moscou n’a pas officiellement confirmé qu’un accord existait avec Ankara, mais les analystes estiment qu’une offensive majeure ne peut être menée en Syrie sans l’aval de la Russie qui contrôle notamment l’espace aérien dans le nord de ce pays. La Turquie accuse les YPG d’être la branche en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984. Mais les YPG sont aussi l’épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par les Etats-Unis pour combattre le groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie.
« Droit légitime »
Les Etats-Unis, régulièrement critiqués par Ankara pour leur soutien au FDS, ont appelé Ankara à « faire preuve de retenue », mais le secrétaire d’Etat Rex Tillerson a reconnu hier « le droit légitime de la Turquie »àse« protéger ». Devant ces réactions mesurées, les FDS ont exhorté la coalition internationale anti-EI emmenée par Washington à« prendre ses responsabilités », affirmant que l’offensive turque constituait un « soutien clair » aux jihadistes. « Malgré la perte de ses principaux bastions », le groupe jihadiste « conserve une force non négligeable », ont averti les FDS. D’après l’agence Anadolu, l’armée turque a détruit dans la nuit de dimanche à lundi deux positions des YPG depuis lesquelles des roquettes avaient été tirées sur la ville turque de Reyhanli, faisant un mort et 46 blessés. Selon l’agence, une personne a été tuée et deux ont été blessées lorsqu’un projectile tiré depuis la Syrie s’est abattu dans la province frontalière turque de Hatay. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a affirmé que les combattants kurdes avaient repris deux villages dans la région d’Afrine conquis dimanche par les forces pro-Ankara. Selon l’OSDH, 21 personnes, dont six enfants, ont été tuées dans les bombardements turcs depuis samedi. Ankara affirme n’avoir touché que des « terroristes »et accuse les YPG de « propagande ». De son côté, la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini s’est dite hier « extrêmement inquiète », précisant qu’elle allait demander à rencontrer, « pour en discuter », le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, attendu cette semaine à Bruxelles.