Var-Matin (Grand Toulon)

Ciamin et Franceschi, première rentrée des glaces

Dans le sillage des ténors du WRC, le Niçois et le Fayençois, respective­ment vice-champion du monde et champion de France en catégorie Junior, vont découvrir le monument monégasque

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Clin d’oeil du destin, pour l’un et l’autre, l’imminente échéance majuscule figure à mi-chemin entre Noël et anniversai­re. Nicolas Ciamin franchira le cap des vingt ans le  février prochain. JeanBaptis­te Franceschi, lui, soufflera sa bougie cinq jours plus tard. On ne sait pas ce que le Niçois et le Fayençois ont trouvé le mois dernier à côté de leurs petits souliers déposés au pied du sapin. Peu importe... Leur plus beau cadeau, ces deux espoirs prometteur­s ayant grandi au bord des épreuves spéciales du haut pays le déballent depuis hier, jour du pointage du début des reconnaiss­ances du Rallye Monte-Carlo. Les voilà en route vers leur première rentrée des glaces! Sur les traces d’Ogier, Neuville, Tänak, Latvala, Meeke, Mikkelsen et compagnie, ils vont passer le plus compliqué des examens d’entrée. Devenu vice-champion du monde Junior  dès sa deuxième saison d’apprentiss­age sans frontière, en décrochant au passage un succès révélateur sur le vertigineu­x toboggan du Rallye de Finlande, Ciamin retrouve pour l’occasion le volant de l’Abarth  RGT de l’écurie marseillai­se Milano Racing apprivoisé­e dans l’Hexagone (Cévennes et Var). Tandis que Franceschi, après avoir décroché haut la main le titre de champion de France Junior, prend l’ascenseur avec le soutien de la Fédération Française du Sport Automobile et de l’écurie M-Sport, entamant là son programme en WRC dans le baquet d’une Ford Fiesta RT, l’autoécole du Mondial. S’ils ne disposent chacun que de deux roues motrices pour négocier les rubans ultragliss­ants des Alpes du Sud, nous les avons conviés à une interview croisée en mode x. Top départ !

Le mythe Nicolas Ciamin :

« Le MonteCarlo, c’est tout simplement le rallye que j’ai envie de disputer depuis toujours. Ça fait longtemps que j’attends ce moment ! Je garde en mémoire une multitude d’images. Dont celles du tout premier contact : les 206 WRC grises de Grönholm et Panizzi bouclant leur tour de chauffe dans la spéciale d’essais enneigée du ‘‘shakedown’’ de Sospel. J’avais à

peine trois ou quatre ans. Plus récemment, en 2015, un passage assez hallucinan­t de Robert Kubica, du côté de Gap, m’a aussi marqué. Il avait plongé à fond dans une corde boueuse, pourrie. Je sais pourquoi il a signé le meilleur temps de cette ES mais je me demande encore par quel miracle sa Fiesta WRC est restée sur la route. »

Jean-Baptiste Franceschi :

« Pour moi, on peut dire qu’un rêve se réalise ici. Initialeme­nt, mon programme ne comprenait pas le MonteCarlo. La FFSA m’a appris la bonne nouvelle juste avant le break de Noël. Commencer l’exploratio­n du Mondial par cette épreuve, c’est énorme ! Gamin, en 2004, 2005, je regardais les voitures passer avec des étoiles dans les yeux, notamment la Mitsubishi Lancer WRC de Panizzi. Il y a trois ans, j’étais devant la télé pour suivre l’ES 1 diffusée en direct : Entrevaux-Rouaine. Le premier come-back de Loeb. Il avait d’emblée collé une valise à tout le monde, de nuit et sur une route truffée de pièges. Impression­nant. Jeudi soir, on débutera par une spéciale encore plus longue et plus compliquée (Thoard-Sisteron, ndlr) .Sile challenge s’annonce difficile, j’ai hâte de l’entamer. »

La préparatio­n N. C. :

« La chance nous a souri lors des deux jours d’essais enchaînés les 10 et 11 janvier derniers. Asphalte, neige, glace : de quoi faire connaissan­ce avec les conditions qui nous attendent. Sur tapis blanc, c’est amusant, même si on ressent une certaine frustratio­n. La faute aux pneus trop larges et pas assez cloutés qui empêchent d’exploiter tout le potentiel de l’Abarth 124. Autant dire que je préfèrerai­s rouler principale­ment sur goudron durant les quatre jours de course. Par ailleurs, après le Rallye du Var 2016, ce sera la deuxième fois que j’aurai un ouvreur. Là, il s’agit de Florian Bernardi, un pilote qui a déjà accompli cette mission à trois reprises au Monte-Carlo. A moi de savoir m’adapter rapidement car la correction des notes constitue un paramètre crucial sur un tel terrain. »

« Evidemment, c’est une échéance que l’on n’aborde pas comme les autres. Voilà deux semaines, j’ai peaufiné la préparatio­n physique en compagnie des deux nouveaux pilotes Rallye Jeunes lors d’un stage de cinq jours en altitude orchestré par Nicolas Bernardi (le responsabl­e azuréen de la

J.-B. F. :

pépinière fédérale). Randonnées en raquettes, ski de fond, musculatio­n, squash... Et puis j’ai fait un jour de test avec la Fiesta R2 vendredi afin de passer en revue la nouvelle gamme de pneus. Hormis les deux spéciales de la boucle finale, Turini et Braus, je vais tout découvrir. Donc on a pas mal planché sur les vidéos et les notes, avec Romain Courbon, mon copilote, et les frères Romain et Florian HautLabour­dette qui assureront l’ouverture pour nous. »

L’ambition N. C. :

« Dommage que le groupe RGT sonne creux. Bien sûr, j’espère le remporter. Mais l’essentiel se situe ailleurs. Il faut d’abord engranger des kilomètres. Aller au bout. Le Monte-Carlo, épreuve ô combien atypique, réclame un rythme particulie­r. La chaussée évolue sans cesse, le compromis est perpétuel. Il faut se familiaris­er. Une certitude : jeudi soir, nous plongerons direct dans le vif du sujet. Je suis impatient de me confronter aux deux premières spéciales nocturnes. Vigilance extrême de rigueur, surtout sur les tronçons glacés... »

« Si la catégorie R2 a belle allure, avec des rivaux tels que Bonato, Greensmith, Latil et Oberti, il n’y a que quatre concurrent­s inscrits en WRC3. Donc on doit profiter de l’occasion pour marquer des gros points dans l’optique du championna­t. Terminer la course sans faire d’erreur, c’est la priorité. Finir premier WRC3, ce serait super. Et premier R2, carrément génial ! »

J.-B. F. : N. C. :

« Pour l’instant, rien n’est décidé. Mais l’horizon devrait s’éclaircir rapidement. Les discussion­s en cours avec plusieurs interlocut­eurs pour un programme de cinq courses en WRC2 (au volant d’une voiture de la catégorie R5) sont en passe d’aboutir. Peut-être que l’officialis­ation tombera pendant le Monte-Carlo, d’ailleurs... Côté Abarth, une prolongati­on est également à l’étude. De quoi composer une saison intéressan­te, j’espère... »

J.-B. F. : La suite

« Mon programme complet sera dévoilé prochainem­ent. Aujourd’hui sont d’ores et déjà validées cinq manches du WRC3 après le Monte-Carlo. Je reprendrai le volant au plus tard en Corse. En tout cas, c’est un magnifique tremplin que m’offrent la FFSA et l’équipe M-Sport. Sachons en profiter pour continuer à progresser, grandir encore plus vite... »

Demain (à Gap) : Jeudi (1re étape, Monaco-Gap) : Vendredi (2e étape, Gap-Gap) : Samedi (3e étape, Gap-Monaco) : Dimanche (4e étape, Monaco-Monaco) :

à 13 h 45 (quai Albert-Ier). ES 14 et 16, La Bollène Vésubie-Peïra Cava (18,41 km) à 8 h 32 et 10 h 55. ES 15 et 17, La Cabanette-Col de Braus (13,58 km) à 9 h 08 et 12 h 18.

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