La justice refuse de rendre le puma à son propriétaire
Le juge des référés a ordonné hier le placement du puma Shan dans un établissement animalier. Retour sur les relations houleuses entre le zoo du Faron et Jacky Muller, le propriétaire du puma
Clap de fin pour l’« affaire » de Jacky Muller et son puma. De la fauverie du Faron, où il est hébergé depuis 2013, Shan le puma ira, aux frais de son propriétaire, dans « tout établissement disposant des autorisations légales lui garantissant des conditions de vie épanouissantes ». Ainsi en a décidé, hier, le juge des référés du tribunal de grande instance de Toulon. Le magistrat n’a pas été sensible à « la cage doublée
sous vidéosurveillance » censée accueillir le puma à côté du domicile de Jacky Muller, dans le Calvados. Ni au lien si particulier que le Normand dit avoir lié avec son fauve de quatre-vingts kilos…
Continuité
« C’est une décision qui me semble très sage, glisse malgré tout Frédéric Casanova, l’avocat du propriétaire du puma. M. Muller aurait un ami avec un parc disposant des autorisations nécessaires près de chez lui. J’ai déconseillé à mon client d’interjeter appel… » Si le juge n’a pas imposé de délai, le puma devrait quitter le mont Faron « le plus rapidement possible ». La décision, faisant suite à une procédure enclenchée par le zoo du Faron, s’inscrit dans une certaine continuité. Le 5 septembre 2016, la préfecture du Var avait refusé à M. Muller son certificat de capacité, indispensable à la garde du fameux puma. La Direction départementale de la protection des populations du Var estimait notamment que « la dangerosité de l’animal était mal appréciée» par Jack Muller. Le 28 novembre 2016, la préfecture avait rejeté le recours gracieux formé contre son arrêté de septembre. Sans compter, en 2014, le refus de la préfecture du Calvados de lui accorder le précieux document.
Cuisses de poulet
Mais le juge toulonnais a également mis fin à une guerre rocambolesque entre Jack Muller et le zoo du Faron. Une bataille se déroulant, depuis des mois, au sommet du Faron – Jack Muller allant voir son puma presque quotidiennement –, sur les réseaux sociaux et dans la presse. Parmi les derniers assauts du propriétaire postés cet hiver sur sa page Facebook : des cuisses de poulet pleines d’asticots, supposément données à Shan par la fauverie pendant l’été… «C’est complètement faux ! M. Muller a pu prendre cette photo n’importe où!, bondit Vanessa Roman, chef d’équipe animalière du zoo. D’ailleurs, si son puma était si mal, pourquoi l’aurait-il laissé tout ce temps chez nous ? » D’autant que du côté de la fauverie, les reproches à l’encontre de M. Muller sont (très) vifs. « Pendant des années, nous ne lui avons rien fait payer. Puis une sorte de loyer, de quatre-vingts euros par semaine, lui a été demandé cet été. Il ne s’en est jamais acquitté et, souvent, quand il achetait de la viande pour son puma, on devait le nourrir derrière… », poursuit Vanessa Roman.
Deux plaintes
En juillet dernier, la fauverie a également demandé à M. Muller de venir voir son félin avant l’ouverture du parc. La raison invoquée par la direction du zoo, vidéo à l’appui : « Il disait aux clients que nous faisions du trafic de fourrure!» Une accusation qui n’a pas pu être confirmée (lire ci-contre). En septembre 2017, la direction du zoo a porté plainte, par deux fois, contre Jacky Muller pour des violences à l’encontre de Vanessa Roman, alors enceinte. Le propriétaire du fauve nie et le parquet n’a pas engagé de poursuites. Mais la jeune femme s’est fait prescrire deux fois quatre jours d’interruption totale de travail. À l’heure du dénouement, Jim De Sousa, directeur de la fauverie en 2012, glisse pour sa part que « Jacky [lui] avait assuré être titulaire du certificat de capacité quand il a récupéré le puma, qu’il n’a d’ailleurs jamais biberonné. Il cherchait à remplacer un léopard… Et quand il est revenu au parc en 2013, où il était censé être en formation, il n’a jamais rien fait ! » Contacté, M. Muller n’a pas souhaité répondre. Mais, selon son avocat, une fois son puma placé non loin de son domicile, il demandera de nouveau le certificat de capacité. Parfois, l’histoire bégaye…