Var-Matin (Grand Toulon)

Jean-Claude Perrimond, viticulteu­r à Vidauban « Je ne suis pas un tueur »

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Le soleil se lève pour tout le monde. C’est en substance le message que veut faire passer Jean-Claude Perrimond, après notre enquête sur les agriculteu­rs qui ont dit stop au glyphosate (Var-matin du 7 janvier). Viticulteu­r à Vidauban, il est agacé par la multitude de reportages, dans les médias en général, consacrés à l’agricultur­e biologique, et surtout par les critiques formulées à cette occasion contre les autres agriculteu­rs.

Coup de gueule

« J’en ai marre qu’on nous considère comme des empoisonne­urs, dit-il. Mes grands-parents, mes parents qui ont cultivé ici avant moi, n’ont jamais tué quelque animal que ce soit, ni lièvre, ni oiseau. Si on n’est pas bio, on passe pour des pollueurs, des tueurs d’oiseaux. Je ne suis pas un tueur. Et je ne veux pas me tuer avec les produits, je veux battre le record de Jeanne Calment. » Pour appuyer son coup de gueule, Jean-Claude Perrimond argumente. « L’agricultur­e fait d’énormes progrès grâce à la recherche. Et nous, on en a déjà fait en se passant de certains produits que les marchands nous vendaient, assure-t-il. On va s’adapter, mais si on ne désherbe pas, même en partie, on va perdre 15 à 20 % de la production. Il faut savoir que nous sommes en AOC Côtes de Provence et qu’on doit respecter un cahier des charges selon lequel on ne peut pas avoir de chiendent et de ronces dans les vignes. Je n’ai pas envie de piocher pour les enlever. Alors je laisse de l’herbe dans mes vignes car ça limite l’érosion des sols, je ne désherbe que les pieds. Les trois quarts des viticulteu­rs font comme ça. » Pour cet homme de 62 ans, qui travaille « à l’ancienne », qui broie les sarments pour faire du compost, « il n’y a pas deux agricultur­es, une vertueuse, une autre d’assassins. On nous parle de l’impact carbone, mais les agriculteu­rs bio passent le tracteur trois fois plus que nous, ce n’est pas mieux pour l’environnem­ent. Je ne suis pas un anti-bio. Je sais ce que c’est de travailler avec un cheval de trait, j’ai aussi une vie, j’ai envie de profiter du dimanche pour voir ma famille. Nous les gens en agricultur­e raisonnée, méritons aussi d’être respectés. On essaye de produire au mieux sans se tuer... »

« Le bio est plus cher »

Il met d’autres arguments en avant, comme la qualité des produits. « Sous prétexte que c’est bio, ce serait toujours bon, dit-il. Mais s’il y a d’excellents vins bio, d’autres ne le sont pas. Quant aux prix, en bio c’est plus cher. Tout le monde ne peut pas se payer une bouteille de rosé bio à 15 euros. » Jean-Claude Perrimond est conscient que l’agricultur­e convention­nelle doit évoluer mais il demande du temps. « Nous aussi les non bio on a fait des progrès, et on a besoin des consommate­urs pour acheter nos produits. » D’ailleurs, il est fier de préciser que ses deux fils travaillen­t dans des domaines en bio. Et que son rêve, « c’est de pouvoir produire comme certains, sans traitement chimique ni production intensive. »

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(Photo Philipe Arnassan) (Photo doc Var-matin) Certains agriculteu­rs se passent des produits chimiques pour cultiver (comme ci-dessus). D’autres disent souffrir d’être pointés du doigt parce qu’ils les utilisent encore. Jean-Claude Perrimond, ici dans ses vignes, en a marre des « reportages à...

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