Var-Matin (Grand Toulon)

Hyundai, la bonne année ?

Un an après avoir raté le coche, la firme coréenne renforce ses chances de succès en alignant deux vainqueurs potentiels : Neuville et Mikkelsen. Suffisant pour briser l’hégémonie d’Ogier ?

- Textes : Gil LÉON Photos : Jo LILLINI

Dominer n’est pas gagner. On s’en souvient, cette formule tout terrain meublant depuis des lustres les commentair­es des matchs de foot avait résonné bruyamment dans les montagnes des Alpes du Sud, l’an dernier, lors du passage du Rallye Monte-Carlo. Alors que la 86e édition de la prestigieu­se manche d’ouverture du WRC s’apprête à prendre la route - top départ jeudi à 17 h 50, place du Casino -, nul doute que le scénario du précédent épisode hante certains esprits du côté de l’équipe Hyundai. Flash-back : les 19 et 20 janvier 2017, Thierry Neuville, impression­nant de vitesse et d’adresse, tient les rênes du classement général d’une main de fer. Guère verni jusque-là sur la scène majuscule du « Monté » (quatre sorties de route successive­s de 2011 à 2014, puis 5e en 2015 et 3e en 2016), le Belge a semé d’emblée la concurrenc­e, le roi Ogier et sa nouvelle arme siglée Ford y compris. Mais la roue de l’infortune l’accable encore une fois, le lendemain, au tournant de l’ES13 (BayonsBréz­iers), lorsqu’il croise le chemin d’un petit parapet en béton. Suspension arrière droite cassée, trente minutes envolées, adieu victoire ! Ironie du sort, le cauchemar se reproduira lors de l’échéance suivante, en Suède, où le pilote leader de la firme coréenne laissera aussi échapper un succès qui lui tendait les bras. Même motif, même punition.

« Un challenge très compliqué »

Après avoir traîné comme un boulet ce handicap initial, Neuville finira tout de même la saison dans la peau du meilleur performeur, avec la bagatelle de quatre triomphes et cinquante meilleurs temps épinglés au tableau de chasse. De quoi rester le meilleur des autres... Le voilà désormais vicechampi­on du monde puissance 3 (2013, 2016, 2017). Lorgnant plus que jamais la marche supérieure. « On a prouvé que la Hyundai i20 Coupé WRC est compétitiv­e », clame le natif de SaintVith (29 ans) vivant en Principaut­é. « Maintenant, il faut concrétise­r. Nous partons avec l’objectif de décrocher les deux titres mondiaux, pilotes et constructe­urs. Comme la lutte au sommet s’annonce encore plus intense, la constance sera un paramètre décisif. Alors mieux vaut marquer des gros points d’emblée. Le MonteCarlo constitue un challenge très compliqué. Le moindre écart peut s’avérer fatal, je suis bien placé pour le savoir. À moi de mettre en applicatio­n les enseigneme­nts du passé. » Bombardée favorite, début 2017, après le retrait de Volkswagen, l’armada Hyundai s’est fait damer le pion par l’alliance M-Sport-Ogier. Aujourd’hui, Ford est de retour tandis que Toyota et Citroën visent plus haut. Autant dire que le défi sera ardu pour le seul constructe­ur en lice dont la griffe ne figure pas encore sur les tablettes du Mondial... et du Monte-Carlo. Dans le but d’atteindre son objectif, celui-ci s’est adjoint les services d’un second « top gun » en la personne d’Andreas Mikkelsen (28 ans, 3 victoires en WRC), le voisin et copain de Neuville au pied du Rocher. Pendant que Dani Sordo et Hayden Paddon se partageron­t le volant de la troisième Hyundai, le Norvégien recruté avant le Rallye d’Espagne disputera les treize étapes du calendrier. « Andreas possède une expérience intéressan­te, car il a piloté plusieurs autos (Volkswagen et Citroën) , et une super pointe de vitesse sur toutes les surfaces », souligne Michel Nandan, le patron monégasque du team basé à Alzenau, près de Francfort. « Il a pu prendre de bons repères chez nous lors des trois dernières manches 2017. Avec une telle recrue, sûr qu’on accroît nos chances de marquer des gros points au Monte-Carlo et ailleurs. » Reste maintenant à savoir gérer la cohabitati­on entre ces deux pur-sang qui chercheron­t l’un et l’autre à prendre l’ascendant tout de suite à « domicile »...

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