Var-Matin (Grand Toulon)

Votez Spielberg!

- PHILIPPE DUPUY

L’histoire

En 1971, le Washington Post dirigé par Ben Bradlee (Tom Hanks) décide de publier des documents secrets mettant en cause plusieurs présidents sur la gestion de la guerre du Vietnam. Avocats et administra­teurs du journal sont opposés à cette publicatio­n, mais la propriétai­re, Katharine Graham (Meryl Streep), soutient son rédacteur en chef pour faire éclater le scandale…

Notre avis

On voudrait embrasser Steven Spielberg. Voire lui ériger une statue ! Son nouveau film, Pentagon Papers, est un formidable hommage aux journalist­es, aux journaux et au cinéma hollywoodi­en, dans ce qu’il a de plus classique et de plus beau. Il y raconte, avec son talent habituel, le premier scandale qui a secoué la présidence Nixon, avant le Watergate, et a abouti à l’arrêt de la guerre du Vietnam. Un rapport secret de 7 000 pages, commandé par le gouverneme­nt, révélait que depuis trente ans les gouverneme­nts mentaient sur l’engagement américain au Vietnam. Le film montre comment le Washington Post, alors simple journal local, s’est procuré le document et a pris la suite du New York Times empêché de publier par une décision de justice. Une première dans l’histoire des ÉtatsUnis ! Si, plus encore que Spotlight (sur le scandale des prêtres pédophiles), le film de Spielberg est aussi enthousias­mant, c’est que les sujets qu’il aborde (pouvoir des médias, liberté d’expression, lanceurs d’alerte, inégalités entre hommes et femmes, libération de la parole…) sont plus que jamais d’actualité dans l’Amérique de Donald Trump. Mais, surtout, qu’il le fait dans une forme de cinéma absolument jouissive. Pentagon Papers, c’est Les Hommes du Président filmé par Franck Capra ! Un régal de tous les instants, avec un Tom Hanks en John Wayne du journalism­e et une Meryl Streep parfaite en grande bourgeoise, lasse de suivre sagement les diktats d’une société totalement dominée par les hommes, qui décide d’y mettre le feu. Quitte à sacrifier son journal et ses relations mondaines. À 71 ans, Spielberg s’amuse comme un fou à mettre tout cela en scène, avec une énergie et un humour de galopin. Du beau, du bon, du grand cinéma américain. Du Steven Spielberg !

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