Une Toulonnaise dans les coulisses de son «Testament animal»

Celle qui co-signe Larmes de combat est depuis quelques années toulonnaise d’adoption et de «coeur». Auteure-éditrice indépendante, Anne-Cécile Huprelle continue à se partager entre le Var et la capitale, mais 2017 aura été marquée tout particulièrement par ses allers-retours entre Toulon et Saint-Tropez. Les dimanches après-midi, du 24 avril à la mi-septembre pour des conversations très privées, comme dans une «bulle affective», avec Brigitte. De longues séances complices, entre psy à domicile et prête-plume, qui ont permis à la trentenaire de gratter le vernis du «mythe» pour accéder à la femme. Sans traquer le «buzz» ou la phrase qui fera les gros titres. Petit traité de la Méthode façon Huprelle.

Par quel «versant» avezvous attaqué l’ascension vers La Madrague ? J’ai eu l’idée de contacter Brigitte Bardot en avril . Je suis moi-même engagée pour la cause animale. Elle est pionnière et avant-gardiste dans ce domaine. Il était temps de lui rendre hommage. Je voulais une mise en valeur de son vivant. Je lui ai adressé une lettre à la Madrague en lui proposant de signer son testament animal... Deux-trois jours plus tard, nous nous rencontrions chez elle. Elle m’a regardé droit dans les yeux en me disant «On le fait !». À partir de ce moment-là, j’avais carte blanche pour l’interroger.

Le mot testament n’a-t-il pas fait fuir Brigitte ? Je l’ai orienté comme ça et je ne voulais rien d’autre. Le titre devait d’ailleurs être «Mon testament animal». Brigitte a refusé. Trop mortifère. Mais l’idée de bilan et traiter de ce qu’elle léguera a été acceptée très vite.

Brigitte s’est-elle tenue aux astreignants rendezvous hebdomadaires durant tous ces mois ? Sur place ou par téléphone, ils étaient systématiques. Quand Brigitte Bardot s’engage, elle s’engage ! J’avais un plan détaillé de ce que je voulais en tête. Et c’est celui que l’on retrouve dans le livre.

Y a-t-il eu des coupes sombres dans votre prose ? Non, Brigitte a relu chaque passage avant de les valider. Un détail tout de même. Elle n’aime pas ce qui est intello. Dans le premier chapitre, j’avais un style trop intello (le livre est écrit à la première personne, Ndlr). Elle m’a juste dit «Ma chérie je ne parle pas comme ça !». J’ai donc modifié en conséquence. A l’arrivée, le livre c’est du % Brigitte.

Comment tenir la distance face à Brigitte ? Elle est d’une nature joviale, mais en même temps s’ennuie très vite. Le point commun c’est que nous sommes toutes les deux un peu perchées (rire). Très tournées vers l’astrologie, la métaphysique... Du coup nous avions des discussions plus libres. Un lien amical et une connivence féminine se sont établis. Il y avait une évidence entre nous. Très rapidement elle m’a dit « Vous lisez dans mes pensées». C’est vrai, instinctivement je la ressentais. Ce qui fera le succès du livre c’est cette parole authentique. Nous continuons à nous appeler deux fois par semaine.

Comment aborder les «sujets qui fâchent» ? Il était essentiel de parler de sa pseudo-misanthropie et de son pseudo-racisme. Sa spontanéité lui a valu des revers mais elle assume toujours et je peux vous certifier qu’elle est loin des deux. Bien sûr qu’elle est révoltée, mais il faut laisser passer sa rage pour creuser plus profondément. Quand on prend le temps c’est possible.

On la sait aussi réticente à revenir sur sa carrière... L’idée était de mettre en valeur l’icône de la protection animale. Mais elle ne peut-être comprise qu’en partant de sa première partie de vie. Sa nature animale, instinctive..., existe depuis toujours. Elle permet d’expliquer les images contrastées qu’on a d’elle.

Au final, quelle est votre image à vous ? Il y a Brigitte Bardot et la Tour Eiffel ! La France a la chance d’avoir une personnalité de cette envergure. Quelle vitrine formidable ! Une star qui a donné un sens à sa vie. Une vie de roman. Je suis certaine qu’un jour on promulguera une loi Bardot qui découlera de tous ses combats. La meilleure des récompenses pour elle.