Une nouvelle compagnie aérienne est née dans le Var
Grâce à son avion Pilatus, la société d’aviation d’affaires Get1jet, implantée à l’aéroport du Castellet, offre un niveau de prestation à des tarifs quasiment sans concurrence en Europe
Dans le landerneau de l’aviation civile, c’est un événement assez rare. Une nouvelle compagnie aérienne est née en France, et a choisi de s’implanter dans le Var ! La société d’aviation d’affaires Get1jet est basée à l’aéroport du Castellet. Domiciliés à Sanary, Jean-François Paris, 67 ans, dirigeant retraité d’un groupe d’Ephad, et son fils JeanBaptiste, 25 ans, ingénieur diplômé de l’École centrale, l’ont créée à quelques kilomètres de chez eux, tout près du circuit Paul-Ricard et de ses installations, dont ils souhaitent être un acteur complémentaire. Sur un site idéalement placé entre Marseille et Toulon, près d’une des plus grosses zones d’activités d’Europe. De surcroît, «sur une grosse plateforme aéroportuaire sous-utilisée», ont constaté les deux entrepreneurs, qui viennent tout juste d’obtenir les certifications nécessaires pour faire voler leur unique avion.
Trois compagnies exploitent Le Pilatus
Le certificat de transporteur aérien (le même qu’Air France par exemple) et la licence d’exploitation qu’ont délivrés la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et la préfecture, le 21 novembre 2017, à leur compagnie, père et fils, respectivement directeur général et directeur commercial de Get1jet, n’étaient pas du tout sûrs de l’obtenir. Pour développer leur projet né fin 2015, qu’ils qualifient modestement « d’aventure humaine », les passionnés, tous deux titulaires d’un brevet de pilote privé, ont dû passer une montagne d’obstacles techniques et vaincre les difficultés qui se sont enchaînées, sans jamais se décourager… Et ce, sachant que l’autorisation d’exploitation commerciale des avions monoturbine et donc du Pilatus PC12 que Get1jet met en service, fondement de son modèle économique, n’a été délivrée en Europe qu’en juin 2017. «Ça veut dire que si cet avion que nous avons acheté n’était pas autorisé à voler, tout notre travail était réduit à néant », lance le directeur général. Aujourd’hui, trois compagnies seulement exploitent le Pilatus en Europe, dont deux en France. Un avion qui ne manque pas d’atouts. Comparé à un couteau suisse (la nationalité de son constructeur), ce serait le monomoteur le plus fiable au monde. « Notre Pilatus PC12 est mieux équipé qu’un Airbus ! Jusqu’à huit passagers peuvent prendre place à bord dans des conditions de confort optimales avec notamment des sièges amovibles, une connexion internet, des toilettes et un service de restauration à bord autour de produits locaux. Et surtout, il peut se poser quasiment et rapidement partout. Notamment sur des petites pistes gazonnées et donc sur des aéroports non desservis par les lignes commerciales », s’enthousiasme Jean-Baptiste Paris. Comparativement à la concurrence, les avantages se mesurent donc en terme d’accessibilité et de gain de temps – « un chef d’entreprise peut se poser au plus près de l’usine qu’il visite » – mais aussi en termes de coût. Et c’est loin d’être négligeable.
Une autonomie de vol de km
« Sur notre créneau, grâce aux atouts du Pilatus nous sommes 40 % moins chers que des prestations équivalentes sur d’autres appareils. De fait, nous sommes en compétition avec de petits avions taxis de quatre ou cinq places », complète le directeur commercial. Le rayon d’action du Pilatus PC12 est de 3 000 km autour du Castellet (jusqu’au sud de l’Espagne ou au Danemark avec huit passagers masculins et leurs bagages à bord ; jusqu’en Norvège avec quatre passagers), la nouvelle compagnie pouvant desservir près de 3000 aéroports en Europe. L’heure de vol est facturée 2400 € pour six passagers à bord ; 2 800 € pour huit passagers. Ce n’est pas excessif pour le milieu des affaires. Surtout quand on divise le prix (auquel il convient d’ajouter les taxes d’atterrissage) par le nombre de passagers à bord. «C’est le tarif de l’ancienne classe affaires d’Air France, glisse Jean-Baptiste Paris. Par exemple, Le Castellet- Biarritz, aller-retour (3 heures de vol) avec cinq passagers est à 1 000 € par personne ». Pour l’instant, la compagnie, qui a recruté trois pilotes (deux commandants de bord et un copilote), ainsi qu’un responsable qualité et un responsable de la navigabilité, prend doucement son envol. Fin décembre elle avait déjà effectué trois vols en Europe, pour des clients qu’elle est allée chercher sur des bases extérieures. Mais pas encore au départ du Castellet. Et ce, sachant que pour éviter de facturer (comme un taxi) le vol à vide au client initial, la compagnie souhaite les proposer à prix coûtant (soit 1600 € l’heure de vol) à tout chef d’entreprise qui serait intéressé … Déjà une dizaine de vols sont planifiés, à destination notamment – de juin à août – de la Corse qui est très accessible. Il faut par exemple compter 40 minutes de vol pour relier Calvi depuis Le Castellet. Mais là, on sort du domaine de l’aviation d’affaires… Un futur vecteur de développement ? « Avec le retour à vide, pour les Corses qui souhaitent venir sur le continent, on est à peu près à 150 € la place », conclut le directeur commercial. Imbattable.