Var-Matin (Grand Toulon)

« Pas de hausse d’impôt d’ici  »

Interview Le président du conseil départemen­tal du Var Marc Giraud est déterminé à ne plus augmenter les impôts jusquà la fin de son mandat. Et à maintenir le cap des réformes

- PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE MICHEL 1. Lire nos éditions d’hier

Comme le pense le président de Région Renaud Muselier(1), Marc Giraud a le sentiment d’être « discret mais essentiel » au Var, et à la collectivi­té dont il est le président depuis trois ans. 2018 est d’ailleurs, l’année de mi-mandat : celle des premiers bilans sur l’action menée depuis son élection. Celle surtout, où l’on commence à récolter les fruits des actions engagées. Dans un contexte budgétaire « difficile » compte tenu des baisses de l’État, il concède des choix structurel­s en interne pour garder sa capacité d’investisse­ment et répondre, au mieux, aux besoins d’un million d’habitants.

Les impôts augmentero­nt-ils en  ? Non. Et ils n’augmentero­nt pas jusqu’à la fin du mandat. Quand je suis arrivé à la tête du départemen­t, nous avons augmenté les taux d’impôts de  %. C’était considérab­le mais nécessaire pour combler le déficit de  millions d’euros. L’an dernier, nous avons augmenté

de , %. Cette année c’est zéro, et ça le sera jusqu’à la fin du mandat.

Pas de hausse mais pas de baisse non plus ? Non. C’est la troisième année que l’on nous ponctionne sur la Dotation globale de fonctionne­ment (DGF)  millions par an (soit  % de la DGF) et  millions sur les droits de mutation, soit  millions sur  ans.

Vous allez pourtant voter en  un budget d’, milliard d’euros, soit sensibleme­nt le même montant que l’année dernière. Comment est-ce possible ? Cela s’appuie sur le travail et l’investisse­ment de tous les jours des directeurs, DGA, personnels. Nous avons mis en place des pistes d’économies au sein de nos services. Nous conservons l’aide aux communes à hauteur de  millions, les routes pour  millions et nous investisso­ns  millions d’euros par an.  millions d’euros vont au social.

Pour le gouverneme­nt, pour faire bénéficier les collectivi­tés de la DGF à taux plein cette année, il faut limiter le budget de fonctionne­ment de , % seulement. C’est réalisable? C’est impossible. Nous comptons   employés qui, par leur progressio­n de carrière (grade, échelons etc.) amputent le budget d’, % ! Nous avons des gros salaires certes, qui sont partis en retraite et qui ne sont pas remplacés, mais nous ne pourrons pas tenir cet objectif rien qu’en raison des progressio­ns de carrière !

  personnels c’est un bon chiffre ? Non. Je pense que la bonne jauge est à moins de   mais je ne suis pas sûr d’être le président qui arrivera à atteindre ce nombre.

Vous avez perdu la compétence transports. Combien de personnels ont été transférés à la Région ? Une trentaine seulement. C’est à la marge. Nous avons fait ça avec beaucoup de rigueur et de compétence. Nous ferons de même avec la métropole.

La métropole ne vous inquiète pas ? C’est une chance au contraire. Entre les métropoles de Marseille et Nice, si nous n’avions pas la métropole TPM - qui représente un peu plus de  % de la population du départemen­t, pour l’instant ! - on aurait été forcément pris, aspiré par Marseille ou Nice ! Il faut être solidaires, forts, et pour cela, s’unir. La métropole c’est aujourd’hui  communes, demain… peut-être . L’agglomérat­ion bouge. Et en même temps, les derniers chiffres du chômage dans le départemen­t sont les plus mauvais de la région… Alors que depuis des années, c’est le Var qui compte le moins de chômeurs dans la région. Je pense que c’est un incident.

Le préfet de Région laisse penser que là où une métropole existe, le départemen­t n’est plus nécessaire. Il y a un quiproquo selon moi à ce sujet : de tels propos concernent les Bouches-du-Rhône et Marseille par exemple, où la métropole est, effectivem­ent, à l’échelle du départemen­t. C’est la même chose pour le Grand Lyon, ou Paris. Mais après, ce qui est vrai pour ces trois métropoles ne l’est pas dans le Var ni dans les Alpes-Maritimes. Je n’ai donc pas d’inquiétude­s à avoir.

Pourtant, vous allez perdre, là encore, des compétence­s, dont le tourisme dit-on… Pour aujourd’hui, la seule compétence obligatoir­e que nous perdons, c’est la voirie. La métropole n’a pas les moyens en hommes et en matériel : nous allons donc passer une convention avec la métropole pour mettre à dispositio­n notre matériel, nos hommes et notre savoir-faire. Après, nous avons Hubert Falco et moi-même, travaillé sur le transfert de trois autres compétence­s sur le territoire de la métropole. J’ajoute aussi que le tourisme est une compétence partagée avec la région.

Quelles sont les autres compétence­s sur lesquelles vous travaillez avec la métropole ? Vous serez informée quand le président Falco et le président Giraud auront tranché sur la question. Nous avons jusqu’en  pour trancher.

Où en êtes-vous des recommanda­tions de la cour des comptes? Nous avons suivi  des  recommanda­tions, en particulie­r sur certains «avantages» du personnel, les congés du président.

Les homonymies ? Très sincèremen­t, les  % ciblés n’appartienn­ent pas forcément aux mêmes familles…

Parmi les  millions consacrés à l’action sociale, quelle est la part de la prise en charge des mineurs isolés ? Quand je suis arrivé à la tête du Départemen­t, on comptait  mineurs pris en charge par nos services. On en est à  aujourd’hui. Et chaque semaine, il en arrive entre  et . Cela coûte à la collectivi­té , million d’euros par mois. À Toulon,  mineurs isolés sont installés. Quelle est la durée de leur prise en charge en moyenne ? Au début, ce n’était pas beaucoup. Certains fuguaient pour aller ailleurs, rejoindre leurs familles. Aujourd’hui, la donne a changé. Les séjours sont beaucoup plus longs.

N’est-il pas normal de leur apporter de l’aide ? Est-il normal que des gens dorment dehors ?

On peut créer des centres d’hébergemen­t ? Comment, si on ne veut pas augmenter les impôts ?

Au chapitre de l’aide à l’enfance, l’année  a été hélas marquée par une suspicion d’abus sexuel sur mineurs. Où en est-on ? Il y a une plainte déposée par l’administra­tion. C’est en cours d’instructio­n. La personne a été mise à pied en attendant les suites qui seront données à la plainte.

 c’est aussi le drame des feux de forêt. Les pompiers savent qu’ils peuvent compter sur le conseil départemen­tal. Maintenant, j’ai toujours dit en tant que pro-européen, que nous avions tout intérêt à mettre en place une flottille européenne de moyens aériens avec  canadairs, dispatchés là où s’expriment les besoins.

Vous êtes mis en examen pour détourneme­nts de fonds publics, alors que vous étiez maire de Carqueiran­ne, où en est l’instructio­n ? Cela suit son cours. Je vais devoir répondre à la question chaque année ?

 c’est l’année de mi-mandat. Pensez-vous déjà à vous représente­r dans trois ans ? Je pense avoir encore beaucoup de choses à faire et j’ai une expérience qui servira mon départemen­t alors si dieu me prête vie je pense que je referai un deuxième mandat avec, à la fin, une discussion pour préparer ma succession.

Est-ce que c’est le rôle d’un élu politique de désigner son successeur ou est-ce à la démocratie de trancher ? Dans tous les cas de figure, c’est à la démocratie de choisir.

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(Photo Patrick Blanchard) «C’est la troisième année que l’on nous ponctionne  millions d’euros de Dotation globale de fonctionne­ment», s’élève le président du conseil départemen­tal Marc Giraud.

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