Var-Matin (Grand Toulon)

Ogier a eu chaud

- GIL LÉON, À GAP

C’était le jour le plus long. Six épreuves spéciales enchaînées aux confins des Hautes-Alpes et de la Drôme, 145 bornes contre le chronomètr­e... et pas moins de douze cols à engloutir sur un fil et sans filet. Bonjour le festin ! Au lendemain d’une mise à feu nocturne fertile en coups de tonnerre, la deuxième étape du Rallye Monte-Carlo semblait taillée sur mesure pour continuer à chambouler la hiérarchie. Encore fallait-il que le ciel, annoncé maussade, tienne ses promesses. Neige ? Que nenni! Pluie? Présente à l’appel, oui, surtout après la halte de midi. Des précipitat­ions intenses et persistant­es sur les sommets comme dans les vallées. De quoi contraindr­e au chômage technique pneus cloutés et thermogomm­es. « On dirait un copier-coller de 1988 », synthétisa­it d’ailleurs Bruno Saby à sa manière. Vainqueur en Principaut­é cette année-là, le Grenoblois officiant maintenant en qualité d’ouvreur a l’impression de rajeunir de trois décennies. « Même s’il y a pas mal de cordes sales et quelques pièges, par rapport à 2017, c’est un Monte-Carlo quasi automnal. Ou printanier, comme vous voulez...»

Tänak sur ses talons

Quels que soient le niveau du mercure et l’état du terrain, le « Monté » demeure un morceau de bravoure. Où chaque virage peut remettre en cause l’ordre établi.

Dans l’obligation de décrocher un résultat positif ce week-end pour éclaircir son horizon au sein de l’équipe M-Sport (voir nos éditions du  janvier), Eric Camilli (Ford Fiesta R) a hélas raté le coche. Alors qu’il se battait au coude à coude avec le Tchèque Jan Kopecky (Skoda Fabia R) et Stéphane Sarrazin (Hyundai i R) dans le sillage des gros bras, le Niçois, brillant leader de la catégorie WRC en fin de re étape, s’est immobilisé , km après le départ de l’ES , hier après-midi. Touchette éliminatoi­re ! Un coup d’arrêt qui tombe mal... Demandez à Sébastien Ogier. Alors qu’on le croyait en train de filer irrésistib­lement vers un nouveau triomphe, une fois la menace Andreas Mikkelsen (Hyundai) évanouie - alternateu­r hors service après l’ES 3 - , le leader nanti d’un matelas de 40 secondes à mi-étape a eu très chaud. Encore piégée par une épingle à droite, comme la veille, mais sans couche de glace cette fois, la Ford Fiesta numéro 1 s’est en effet échouée dans le fossé. Trente secondes qui ont paru une éternité. « Après un tête-à-queue, dans la descente du col Saint-Jean (ES 7, ndlr), tout près de l’arrivée, je me suis posé en tentant de repartir sans manoeuvrer. Heureuseme­nt, il y avait des spectateur­s à cet endroit. Je les remercie de nous avoir sortis de ce mauvais pas. Il s’agit d’une erreur stupide. Ça fait partie du jeu. Bon, on garde l’avantage. Une marge minime. Donc il faudra repartir au combat plus fort demain (aujourd’hui) . En espérant être en meilleure forme. » Légèrement souffrant depuis quelques jours, et fatigué après avoir peu dormi la nuit précédente, l’ogre Ogier, mine pâle et regard sombre, n’était pas dans son assiette. Si personne n’a profité de cet excès de précipitat­ion pour lui subtiliser les rênes du classement, Ott Tänak, l’ancien coéquipier, impression­nant d’aisance à l’occasion de sa prise en main grandeur nature de la Toyota Yaris, le talonne désormais à 14’’9. Autant dire que les jeux sont loin d’être faits. Chaud devant !

AUJOURD’HUI : 3E ÉTAPE (GAP-MONACO)

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