L’ère des «fake news »
Qu’est-ce que les fake news ? Il s’agit d’informations mensongères, inventées par des Etats ou montées par des agences spéciales dans le but unique de détruire une personne ou même de déséquilibrer un Etat, ou de changer le cours d’un combat électoral. Il y a toujours eu de fausses nouvelles, évidemment, depuis que le monde est monde. Le problème est qu’aujourd’hui, elles sont relayées en quelques instants des millions de fois par les réseaux sociaux, essentiellement Facebook et Twitter. Personne n’est à l’abri de ces fake news. Les rumeurs venues d’une ou plusieurs officines russes ont fortement nui à Hillary Clinton, on le sait, pendant sa campagne électorale. Cela vaut aussi pour Emmanuel Macron, qui a été lui-même accusé à tort de détenir un compte offshore aux Bahamas, nouvelle inventée de toutes pièces, le jour du débat de l’entre-deux-tours qui l’a opposé à Marine Le Pen. Quant à Barack Obama, même retiré du pouvoir, il continue de faire l’objet d’incessantes et massives tentatives de déstabilisation. Partout dans le monde, le risque de manipulations est donc extrême. Beaucoup viennent de la Russie, mais elles pourraient venir d’ailleurs, de partout, de Chine ou des États-Unis dans le futur. La réalité est qu’aujourd’hui, on peut déséquilibrer un pays par les fake news. On peut faire sauter des chefs d’État. Inutile, dans les années qui viennent, d’envoyer – comme l’a fait, dans le passé, la CIA en Amérique du Sud –, des troupes dans un pays pour entraîner une révolution. Elle se fera par les fake news qui parviendront à inonder de calomnies, d’accusations infamantes, insupportables, ceux qui détiennent le pouvoir. Il y a toujours eu des fausses nouvelles, évidemment, mais avec la puissance des réseaux sociaux, Twitter ou Facebook, on est devant un phénomène véritablement historique qui menace tous les régimes, et spécialement les démocraties occidentales. Une loi suffira-t-elle pour distinguer, ou faire distinguer, le faux du vrai, comme le veut Emmanuel Macron, au moins le temps des campagnes électorales ? Pas sûr. Parce que, parmi les dizaines de millions de messages, il faudrait repérer instantanément la fausse nouvelle, donc se donner le temps de la vérifier, alors que Facebook, lui, n’attend pas.
« Avec la puissance des réseaux sociaux, on est face à un phénomène historique qui menace tous les régimes. »