Cécile Roblez, l’innovation sociale au féminin Portrait
Elle a sa statuette depuis mardi dernier : la directrice de l’association Face Var, dont la mission est de favoriser l’insertion avec l’aide des entreprises, est une Femmes de l’économie en or
Derrière son sourire et une sincère modestie, on sent beaucoup d’empathie et d’énergie chez Cécile Roblez. Forte de son expérience à la fois dans le monde de l’entreprise et de l’humanitaire, la jeune femme a un parcours pour le moins atypique. Elle a su marier ces deux univers pour en tirer les bénéfices et les mettre au service des autres. D’où sa douceur, mais aussi son efficacité et sa précision. Autant de qualités dont elle a su faire profiter l’association Face Var qu’elle dirige maintenant depuis cinq ans et qui lui ont valu de recevoir le prix de l’innovation sociale des Femmes de l’économie.
De l’humanitaire au conseil aux entreprises
Avant d’arriver dans le Var en 2010, Cécile Roblez a commencé sa carrière dans l’humanitaire. Sous la houlette de l’organisation Handicap International, elle s’est rendue « dans des zones post-guerres » au Cambodge, au Mali, au Burkina Faso, à Madagascar. Confrontée à la pauvreté, au problème d’éducation et à toutes les difficultés que l’on imagine, Cécile Roblez cherchait déjà à s’impliquer pour faire avancer les choses. De retour en France, l’ingénieur agronome se tourne vers un autre monde, celui de l’entreprise. Dans le conseil aux entreprises et les ressources humaines, elle travaillera pour de grands groupes, dont une grosse société américaine notamment. La jonction de ces deux mondes qu’elle connaît bien s’opère en 2011, lorsque Cécile Roblez rejoint l’association Face Var en tant que chargée de mission, avant d’en devenir la directrice un an plus tard, en 2012. La vocation de cette association est de mettre en oeuvre et de développer des actions concrètes en faveur de l’égalité des chances et de l’inclusion sociale. « On était cinq personnes. Aujourd’hui, nous sommes vingt-cinq collaborateurs. Avec les entreprises, nous avons créé un mouvement pour faire émerger des projets, raconte Cécile Roblez. Face Var faisait un peu la synthèse de l’humanitaire et du monde de l’entreprise. »
Un réseau d’une centaine d’entreprises
La jeune femme s’y sent comme un poisson dans l’eau. Forte de ses compétences, elle constate que « ce n’est pas facile pour le monde associatif de s’adresser aux entreprises, pour monter des actions ». Heureusement, Cécile Roblez a les clés et, en deux ans, elle regroupe un petit réseau d’entreprises. Elles sont une centaine aujourd’hui à travailler avec Face Var. Parmi elles, certaines comme Veolia, Enedis, GRDF, Suez, AG2R et d’autres grands groupes financent les projets de l’association. « Depuis trois ans, l’association connaît une forte croissance. On peut l’expliquer par le fait que Face Var est vraiment unique en son genre dans le tissu associatif », reconnaît Cécile Roblez. C’est pour mettre en lumière toutes les initiatives de l’association, ainsi que les entreprises engagées à ses côtés que Cécile Roblez a souhaité participer aux trophées des Femmes de l’économie. « Je ne fais que porter cette structure », assurait-elle encore modestement, mardi soir, lors de la remise de son trophée dans les locaux de Face Var, à Toulon. « Un trophée, ça permet de faire savoir des choses. On faisait de l’innovation sociale sans le savoir. Ce trophée nous a permis d’avoir un regard un peu détaché sur nos actions et de les faire connaître. C’est très positif. C’est une somme d’énergies qui se mobilise, d’entreprises qui donnent leur chance à des personnes en difficultés, exclues. » Et de partager son trophée avec toute son équipe, son conseil d’administration et les entreprises partenaires de Face Var. Lutter contre l’exclusion Face Var est une association créée à l’initiative d’entreprises locales soucieuses de leur responsabilité sociale, avec l’appui de la fondation Agir contre l’exclusion, reconnue d’utilité publique, et des pouvoirs publics. Sa mission est de lutter contre l’exclusion, les discriminations et la pauvreté. L’association aide les scolaires et les étudiants à appréhender le monde de l’entreprise, à s’y préparer, grâce à l’intervention des chefs d’entreprise dans les établissements. Elle lutte aussi contre les stéréotypes sur les métiers dits masculins. Elle mène des actions de sensibilisation, de formation et conseil auprès des entreprises concernant l’égalité des chances et de traitement. Elle développe des actions de parrainage et d’accompagnement de personnes potentiellement discriminées et éloignées de l’emploi. Elle permet aux personnes fragiles de conserver le lien avec les services publics de proximité : eau, énergie, budget… Elle ambitionne d’apporter des réponses au décrochage scolaire, chômage des jeunes et difficultés de recrutement. Choisie par la préfecture du Var, l’association anime la Charte Entreprises et Quartiers envers laquelle entreprises se sont engagées à oeuvrer pour les jeunes des quartiers, notamment sur l’emploi et l’éducation.