Jean-Frédéric Poisson: «La France n’est pas finie»
A travers la plateforme des Amoureux de la France, qu’il a cofondée avec Nicolas Dupont-Aignan, le président du Parti chrétien-démocrate veut restaurer la nation au coeur d’une Europe repensée
Il a connu un pic de notoriété lors de la primaire de la droite, où il a obtenu 1,5 % des voix. Depuis, Jean-Frédéric Poisson a retrouvé l’anonymat du Parti chrétien-démocrate, à la tête duquel il a succédé à Christine Boutin fin 2013. Cet automne, il a lancé avec Nicolas Dupont-Aignan la plateforme participative Les Amoureux de la France, qui vise à rassembler toutes les droites. A l’invitation d’Olivier Bettati, cadre national du CNIP, tous deux se retrouveront pour défendre leur projet, demain à 19 h à l’hôtel Westminster à Nice.
Depuis la primaire de la droite, on vous a perdu de vue. Difficile d’exister hors des grands partis… C’est difficile de se faire entendre tout court quand on n’est pas dans le flot de l’idéologie gouvernementale. Les Français sont sortis un peu anesthésiés de l’élection présidentielle, mais ils commencent à se réveiller petit à petit et à se rendre compte que les promesses qu’on leur avait faites sont du vent. On m’a moins entendu ces derniers temps, mais ça va changer…
Avec Nicolas Dupont-Aignan, vous voulez fédérer les droites de Wauquiez à Le Pen. Croyezvous vraiment que le président de LR franchira le pas ? Moi, la fédération des droites m’importe peu. Ce qui m’intéresse, c’est le redressement de la France. Beaucoup de Français ne partagent pas la volonté de Macron de faire de la France un pays dissous dans la souveraineté européenne et qui devienne multiculturel, ce qui est différent d’un pays où des cultures diverses vivent ensemble. Notre ambition est de rassembler ces Français-là, qu’ils soient de droite ou pas, sur un projet facile à formuler : la France n’est pas finie. Nous avons un grand rôle à jouer en tant que nation capable de s’ouvrir sur l’ensemble du monde. La réussite de ce mouvement ne dépend pas des chefs des partis, mais de notre capacité à convaincre les Français. Nicolas Dupont-Aignan a refusé. Pourriez-vous conduire une liste de rassemblement avec le FN aux européennes, votre nom ayant été évoqué ? Pour l’instant, la question ne se pose pas en ces termes. Il faut d’abord établir un projet pour l’Europe. Car, comme l’immense majorité des Français, je suis un européen convaincu mais dépité par la façon dont fonctionne l’Union. Une fois qu’on aura réussi à s’entendre sur une plateforme, à proposer une autre voie européenne, à ce moment-là, on pourra travailler à désigner une tête de liste. Mais on n’en est pas là…
Vous restez un farouche opposant de l’ouverture de la PMA à tous… La raison de mon opposition est simple : je refuse absolument que s’installe, petit à petit, un marché de la procréation. Pour moi, la vie humaine et la marchandise sont deux notions antinomiques. L’extension de la PMA ne pourra que favoriser l’intrusion de l’argent dans la procréation. Les enfants deviendront des marchandises. Je me refuse à adhérer à un tel projet de société.
Vous étiez l’un des rares à être plutôt pro-Trump lors de la présidentielle américaine. Qu’en dites-vous aujourd’hui ? Je n’étais ni pour l’un ni pour l’autre. Si j’avais été américain, j’aurais été très ennuyé… Mais je continue de penser que le recul international des Etats-Unis pourrait permettre à la France, si le travail était fait, de retrouver son rang sur la scène mondiale. Les seules réformes de Trump qui marchent sont les réformes économiques et fiscales.