Var-Matin (Grand Toulon)

André Chassaigne (PCF) se met «dans le bain» de la Défense

Membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, le député communiste du Puy-de-Dôme était hier à Toulon pour prendre le pouls de la marine et des syndicats

- PROPOS RECUEILLIS PAR P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Pour quelles raisons, un député auvergnat se déplace-t-il dans le Var ? Depuis le mois de juin, à l’Assemblée nationale, je suis membre de la commission de la Défense. J’ai besoin de découvrir, d’apprendre et d’avoir des échanges en allant sur le terrain. Dans mon parcours politique, je me suis toujours intéressé aux questions économique­s et agricoles en particulie­r. C’est mon domaine de prédilecti­on. Là, je me mets dans le bain de la Défense.

Concrèteme­nt, vous avez visité la base navale, à Toulon. Qu’en retenez-vous ? J’ai en effet eu rendez-vous avec le préfet maritime. J’ai ensuite fait la visite d’un sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire. Ce que j’ai découvert à cette occasion, c’est le grand âge de notre équipement. On prend conscience comme ça de la nécessité de mettre à niveau notre équipement militaire. Les marins font des efforts pour maintenir en état du matériel qui devrait être remplacé.

Vous avez aussi voulu rencontrer les syndicats. Que vous ont-ils appris ? J’ai voulu rencontrer les organisati­ons syndicales (CGT, UNSA et CGC) pour un échange sur la nécessité de lutter contre l’externalis­ation. Le fond du problème, ce sont les entreprise­s privées qui grignotent ce qui devrait être le monopole de l’industrie de l’armement avec un pôle public national de la Défense (...) Par ailleurs, une question se pose : est-ce qu’on peut dire que l’externalis­ation coûte moins cher ou est plus efficace ? Jusqu’à maintenant, on n’a jamais eu de réponse sur le sujet. Dans mes interventi­ons à l’Assemblée, le pôle public de Défense doit être un combat prioritair­e. C’est une question de souveraine­té nationale et d’efficacité. C’est aussi une question qui concerne la transmissi­on des savoir-faire. De façon plus globale, quel regard portez-vous sur le budget de la Défense ? Il y a un choix à faire. Faut-il maintenir dans notre pays une force de discussion nucléaire qui consomme  % du budget de la Défense et qui doit représente­r un quart du budget de l’équipement ? Le fait que la France s’accroche à la dissuasion nucléaire participe à la course à l’armement au niveau mondial. J’aimerais que la France rejoigne les  pays qui, au sein de l’ONU, ont signé pour le désarmemen­t nucléaire. Il y a une partie importante du budget qu’on pourrait alors utiliser pour mettre à niveau notre armement convention­nel. Je ne suis pas opposé à ce qu’on puisse augmenter le budget de la Défense. Mais si c’est pour le consacrer au nucléaire, on ne réglera pas les problèmes de l’armée française. Vous avez aussi des doutes concernant les orientatio­ns de l’industrie... Il faut qu’on se demande si le rôle de l’industrie de la Défense consiste à construire des avions et des bateaux pour vendre à des pays sans considérat­ion pour les usages qu’ils en font. Quand on vend par exemple à l’Égypte ou à l’Arabie Saoudite, on peut se poser des questions éthiques ! Dans le même temps, on ne répond pas aux attentes de nos états-majors.

Vous êtes aussi dans le Var pour présenter votre dernier livre... Oui, je suis venu aussi pour une réunion (jeudi soir à La Crau, Ndlr) autour du petit ouvrage que j’ai sorti fin août(). J’y décortique le programme d’Emmanuel Macron en montrant, sur dix thèmes précis, qu’il s’agit d’une politique extrêmemen­t libérale... Ce qui n’apparaît pas dans la tête des électeurs grâce à une sorte d’opération marketing qui a consisté à dire qu’on peut mettre en oeuvre une politique qui ne serait ni de droite, ni de gauche. Il n’y a pas de tromperie sur la marchandis­e parce qu’il avait annoncé la couleur, mais en terme de ressenti, il y a une forme de brutalité de la mise en oeuvre que les électeurs n’avaient pas mesurée. 1. L’ouvrage, sorti fin août, s’intitule (96 pages, aux Éditions de

l’Atelier).

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(Photo Frank Muller) André Chassaigne fait partie des onze députés communiste­s et préside le groupe Gauche démocrate et républicai­ne.
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(Photo Dylan Meiffret) Quatre ans ferme avec mandat d’arrêt ont été infligés par le tribunal correction­nel.

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