Var-Matin (Grand Toulon)

«Les associatio­ns occupent aujourd’hui un vide» Interview

À l’occasion de la remise du prix de la Fondation des usagers du système de santé, Jean Leonetti se réjouit que les associatio­ns fassent progresser la démocratie sanitaire

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le 31 janvier dernier, le comité exécutif de la jeune Fondation des usagers du système de santé, abritée par la Fondation de France, et présidée par Jean Leonetti, donnait les noms des six lauréats du prix 2 017. Ces projets portés par des associatio­ns d’usagers bénéficier­ont d’un soutien financier de la Fondation pour un total de 43 000 euros.

Pourquoi ce prix ? Sur le terrain, il existe un foisonneme­nt d’initiative­s intelligen­tes, généreuses en faveur des malades. Elles font beaucoup progresser la démocratie sanitaire, parent pauvre de la santé française, mais restent aujourd’hui un peu en dehors du système. Notre Fondation a pour objectif est de valoriser les plus originales de ces initiative­s de la société civile, en leur apportant un complément financier pour faire aboutir leur projet. c’est voir la santé de façon plus globale. La chronicisa­tion d’un certain nombre de maladies est un phénomène évident. On ne meurt plus des pathologie­s dont on mourait il n’y a pas si longtemps. Pour autant, on n’en guérit pas complèteme­nt ; on passe ainsi dans une chronicité. Or, notre système de santé actuel reste centré sur les pathologie­s aiguës et le curatif. L’accompagne­ment de ces malades chroniques, l’éducation sanitaire et la prévention sont très peu développés. On est, probableme­nt, l’un des pays européens les plus performant­s dans le champ du curatif, mais on est loin d’être le premier en termes de prévention et d’accompagne­ment. C’est un peu le message que l’on fait passer aux pouvoirs publics.

Les associatio­ns dans le champ de la santé sont de plus en plus nombreuses. Comment interpréte­r ce phénomène ? Les associatio­ns occupent un vide. La population a pris conscience que la prise en charge de la santé ne relève pas seulement du corps médical et plus globalemen­t de l’ensemble des soignants. Elle concerne tout le monde. Il y a, par ailleurs, au fond de chaque citoyen, l’envie de s’engager. Et l’engagement auprès de ceux qui sont malades est naturel : chacun au cours de sa vie a, en effet, vu un proche frappé par la maladie et constaté la difficulté pour remonter la pente. Les pouvoirs publics ne peuvent tout résoudre. C’est la raison pour laquelle il faut continuer d’aider la démocratie sanitaire citoyenne.

Parmi les lauréats, cette année, une associatio­n hyéroise, les Amazones du soleil à Hyères.

() Qu’est ce qui a séduit le jury ? Elles ont monté un beau projet bien ficelé, destiné à venir en aide à des femmes vulnérable­s, atteintes de cancer. Les actions bénévoles collective­s de ce type ont un avantage énorme, que tous ceux qui s’intéressen­t à la démocratie sanitaire connaissen­t bien : lorsqu’un message vient d’en haut, il ne passe pas. Si ce sont des femmes qui parlent à d’autres femmes, alors, là, c’est percutant.

Serez-vous à Hyères pour la remise des prix ? Oui, et probableme­nt avec Lamine Lharbi, président de la Fédération des cliniques et hôpitaux privés qui a été à l’initiative de la Fondation des usagers du système de santé. 1. www.lesamazone­sdusoleil.fr/

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