Le livre du jour

Ce que veulent les femmes

Ça commence comme un roman ampoulé. Bourgeois. Presque vieillot. Mais joliment vieillot. Un de ces romans où chaque détail est livré avec une précision de métronome séculaire et bigrement entraîné. Là, les tentures sont drapées. Ici, les costumes impeccables. Plus loin, l’or brille, brossé avec fanatisme. Bienvenue au Palais du Luxembourg, où le pouvoir se chuchote. Où le pouvoir est un jeu. Bienvenue au Sénat, où une partie de l’histoire de France s’écrit. Où des vies se font et se défont de manière romanesque. Mais Hélène Masson-Maret, docteur en psychologie, professeur des universités et ancienne sénatrice des Alpes-Maritimes, ne se contente pas de survoler précieusement des coulisses parfois surfaites. Et surtout, elle ne juge pas. Elle aiguille. Elle ouvre des portes. Son roman devient galerie de portraits avant de devenir pamphlet pour la cause des femmes. Une ode à leur liberté. Un plaidoyer pour leur différence, qui n’est pas une faiblesse. Un cri pour que le monde reste vigilant sur leur cause. De guindé, l’écrit devient alors doucement féroce. Tranquillement tendre. Aéré. D’autant plus attachant que l’on voyage des ors du Palais du Luxembourg aux collines grassoises. D’autant plus intriguant qu’on se surprend à reconnaître sous les traits de ceux qu’elle dépeint et met en histoire, des hommes et femmes qui ont eu droit de cité dans les journaux locaux. Puis, Le Pas du sénateur devient angoissant. Tendu. Pour mieux faire réagir en mêlant, avec une certaine subtilité, des thèmes profondément modernes comme l’avortement et le voile.