Var-Matin (Grand Toulon)

Serge Trigano: «Le XXIe siècle sera celui du tourisme urbain»

L’ex-dirigeant du Club Med, papa des Mama Shelter, sera l’invité d’honneur du salon du e-tourisme qui se tiendra du 14 au 16 février à Saint-Raphaël

- PROPOS RECUEILLIS PAR AMBRE MINGAZ

Serge Trigano, président des Mama Shelter, sera le grand témoin de la neuvième édition du salon du e-tourisme Voyage en Multimédia, jeudi, de St-Raphaël. Le fils de Gilbert Trigano, fondateur du célèbre Club Med, abordera son expérience de l’univers des villages de vacances et son nouveau concept d’hôtellerie urbaine. Du 13 au 16 mars, il participer­a également aux débats sur l’hôtellerie et le tourisme à l’occasion du MIPIM, à Cannes.

Quel est le message que vous adressez aux pros du tourisme ? Je raconte une histoire faite de succès et d’échecs. Je dis comment je suis passé de l’univers bienveilla­nt des clubs de vacances à celui très compétitif de l’hôtellerie urbaine. Certains auditeurs peuvent y trouver une idée, une source d’inspiratio­n.

Pourquoi avoir accepté cette invitation ? Je l’ai accepté tout simplement parce qu’elle a été formulée avec conviction et que le public m’intéressai­t. Le MIPIM à Cannes, c’est une toute autre histoire. On est face à des investisse­urs et des décideurs publics et là, il faut essayer de les séduire pour de prochaines implantati­ons dans votre région et ailleurs.

Vous avez lancé le premier Mama Shelter il y a dix ans à Paris. Ces hôtels reprennent les valeurs du Club Med, mais en quoi est-ce un nouveau concept d’hôtellerie urbaine ? Shelter, c’est la notion d’abri, d’un lieu qui vous protège d’un environnem­ent parfois hostile et la mama, c’est affectueux, c’est la tendresse de votre maman. On a accolé les deux et cela à donné une marque mondiale avec de l’âme. Le Mama, c’est un lieu qui vous apporte un petit moment de bonheur et de tendresse dans un quotidien pas toujours facile.

Les emplacemen­ts de vos hôtels sont volontaire­ment populaires et les prix abordables malgré les grands noms qui vous soutiennen­t (Philippe Starck, Alain Senderens jadis, Guy Savoy). Pour quelles raisons ? Mama Shelter se veut populaire, moderne et sexy. Pour ce faire, il fallait faire appel aux meilleurs et ils se sont prêtés au jeu avec talent, intelligen­ce et en respectant, ce qui n’était pas gagné au départ, les impératifs budgétaire­s.

Envisagez-vous encore un développem­ent en France et à l’internatio­nal. Où ? Sur la Côte ? On a aujourd’hui six Mama : quatre en France, un au Brésil et un aux États-Unis, dix autres sont en chantier dont Belgrade, Prague et Toulouse qui ouvrent cette année. Dix autres encore sont en négociatio­n. On serait heureux de s’implanter sur la Côte. On cherche un site à Nice.

La renommée de vos établissem­ents se fait beaucoup via les réseaux sociaux et le bouche à oreille. Quels seront les concepts et enjeux du tourisme de demain selon vous ? Aujourd’hui, ce sont les clients qui donnent plus que jamais leur crédibilit­é aux marques, ce sont les réseaux sociaux qui font et défont la réputation de nos établissem­ents, avec les avantages et les inconvénie­nts du système. Les grands concepts de demain dépendront surtout de ce que sera notre vie demain. Quant aux enjeux, selon moi, il s’agit surtout d’anoblir notre métier et ces emplois, trop longtemps considérés par nos élites comme subalterne­s, sans grand intérêt. Je crois que le XXIe siècle, en terme de tourisme, sera celui du tourisme urbain. Les villes, sous l’impulsion de leurs maires, ont fait un fantastiqu­e travail de rénovation et sont devenues des lieux de destinatio­n. À une époque où la durée de séjour continue à se fragmenter, la ville, plus facile d’accès, répond parfaiteme­nt aux exigences actuelles.

Vous avez également ouvert des espaces de coworking, les Mama Works. Un concept d’avenir ? Oui, le coworking n’est pas un phénomène de mode mais correspond bien à une nouvelle façon de travailler et on a voulu apporter le regard de l’hôtelier à cet univers.

A chacune de vos implantati­ons, privilégie­z-vous un personnel local ? En termes d’emploi, on recrute bien évidemment les équipes localement. On les forme, on les promeut et on leur propose de participer ensuite à notre conquête pacifique du monde.

Avec un chiffre d’affaires passé de  à M€ en six ans pour vous, le secteur du tourisme offre-t-il de belles perspectiv­es d’avenir, notamment avec la croissance qui redémarre ? L’univers du tourisme est reconnu comme étant aujourd’hui l’une des grandes industries mondiales qui représente environ  % de la création de richesse et  % des emplois. C’est un secteur qui, malgré les crises, les guerres ou les attentats, ne cesse de croître. Et la beauté de notre secteur, c’est qu’il y a de la place pour tout le monde, tous les concepts, toutesles idées. A une seule condition : avoir en tête l’idée du service et de la noblesse qu’il y a à servir l’autre, à mieux le comprendre et à l’aimer.

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Serge Trigano : « Le tourisme est un secteur qui, malgré les crises, les guerres ou les attentats, ne cesse de croître »

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