Var-Matin (Grand Toulon)

Cité Berthe : un consommate­ur de cannabis relaxé

Poursuivi pour des faits de trafic de stupéfiant­s, un jeune homme de La Seyne a été relaxé car aucun élément suffisant ne permettait de l’incriminer

- PIERRE-MICKAËL AYI

Que s’est-il vraiment passé jeudi dernier, vers 15 heures, dans la résidence Jules-Renard, à la cité Berthe ? Et que faisait Lyes (1), interpellé au beau milieu d’une zone quadrillée par les guetteurs des trafics de drogue, et déféré samedi devant la justice ? Les interrogat­ions du tribunal correction­nel de Toulon sont restées sans réponse, hier.

Une enquête maladroite

À la barre, le jeune de 18 ans s’est affranchi des faits pour lesquels il était accusé, à savoir d’usage de produits stupéfiant­s en récidive, de complicité de détention, d’offre ou cession de stupéfiant­s, ainsi que de faits de violence sur un fonctionna­ire de police. À la sortie du long débat contradict­oire, le Seynois a été relaxé intégralem­ent (2). Pourquoi? À cause d’une ribambelle de «maladresse­s de rédaction» des procès-verbaux, relevées d’ailleurs par le ministère public. «C’est un modèle du genre, a expliqué le parquet. Cette procédure n’a pas été relue pour gommer les aspérités. » Jeudi, une patrouille de policiers opère au démantèlem­ent d’un trafic de résine de cannabis dans le quartier seynois. Un fonctionna­ire, déguisé en peintre, franchit même le filtre du hall d’immeuble, en quête du «charbonneu­r », à savoir le dealer qui conserve les produits illicites. Malgré l’absence de flagrant délit, et à la suite d’une cavalcade dans la cage d’escalier, les policiers procèdent à deux interpella­tions, dont celle de Lyes, un habitant du quartier, sur lequel aucun produit stupéfiant ni somme d’argent n’ont été retrouvés. À la barre, le petit blond aux cheveux frisés affirme être passé au mauvais endroit, au mauvais moment. «Je suis consommate­ur, j’ai voulu acheter une barrette, lâche-til d’une voix chevrotant­e. Un homme en bleu de travail (sic.) m’a poussé dans l’escalier, je suis tombé et je suis resté au sol un moment. Puis il est revenu et s’est déchaîné sur moi.» À l’audience, son avocat, Me Christophe Hernandez, a même apporté des photos «d’un pull taché de sang». «Mais c’est votre troisième version différente Monsieur , interpelle la présidente du tribunal, Julie Delorme. Que dois-je en conclure ? »« Ce sont les coups… », pleurniche-t-il. De son côté, le parquet a signalé «des accusation­s gravissime­s de violences purement gratuites. Vous dénoncez une procédure montée à l’envers.» La défense, elle, a relevé l’incohérenc­e des qualificat­ions retenues, des horaires d’interpella­tion et des diagnostic­s médicaux compilés dans une « enquête médiocre ». « Ça ne tient pas (...), il faut être précis quand on accuse un homme », expose Me Hernandez. Le tribunal n’a pas suivi les réquisitio­ns du ministère public (10 mois d’emprisonne­ment), considéran­t qu’aucun élément ne caractéris­ait le trafic. Et Lyes est rentré chez ses parents. 1. Le prénom a été modifié. 2. Le tribunal a retenu la constituti­on de partie civile.

 ?? (Photo doc. Var-matin) ?? Les policiers ont interpellé dans le quartier seynois, jeudi dernier, deux individus dans le cadre d’un trafic de stupéfiant­s.
(Photo doc. Var-matin) Les policiers ont interpellé dans le quartier seynois, jeudi dernier, deux individus dans le cadre d’un trafic de stupéfiant­s.

Newspapers in French

Newspapers from France