Var-Matin (Grand Toulon)

Les mouvements d’hélicos limités par le tribunal

Le tribunal administra­tif de Toulon a retoqué des arrêtés préfectora­ux réglementa­nt les mouvements d’hélicoptèr­es à Saint-Tropez, Ramatuelle, Gassin , et Cogolin. Il ordonne au préfet du Var de limiter à 200 le nombre de mouvements annuels des aéronefs pa

- C. DUPONT cdupont@nicematin.fr

L’épineux problème de la réglementa­tion des mouvements d’hélicoptèr­es dans le Golfe de Saint-Tropez revient sur le tapis cette année encore, mais cette fois plus tôt qu’à l’accoutumée, à l’aune de deux décisions de justice. Des jugements qui sonnent comme « une grande victoire » pour l’associatio­n pour la protection des sites naturels et historique­s de la Moutte, des Salins et des Canebiers, à SaintTrope­z, qui contestait auprès des magistrats des arrêtés préfectora­ux réglementa­nt les mouvements d’hélicoptèr­es dans le Golfe.

Caractère « occasionne­l »

Dans ses arrêts rendus jeudi, le tribunal administra­tif de Toulon enjoint au préfet du Var de se conformer à la loi et de limiter à 200 les mouvements (un atterrissa­ge et un décollage constituan­t deux mouvements) annuels d’hélicoptèr­es pour chaque hélisurfac­e de Ramatuelle, Saint-Tropez, Gassin, et Cogolin. Il annule ainsi les arrêtés préfectora­ux des 2 avril, 19 juillet et 6 août 2015, ainsi que ceux du 9 juin et du 2 août 2017, qui contredise­nt l’arrêté du 6 mai 1995, et ordonne au préfet de prendre un nouvel arrêté dans un délai de deux mois. Pour le tribunal en effet, en limitant le nombre de rotations quotidienn­es et en interdisan­t les décollages et les atterrissa­ges à certaines heures de la journée (lire ci-dessous), mais

(1) en ne fixant pas de plafond annuel au nombre de mouvements, la réglementa­tion actuelle ne peut assurer « le caractère occasionne­l » de l’utilisatio­n des hélisurfac­es(1). Le tribunal relève que «lenombre de mouvements atteint, uniquement sur neuf semaines de l’été, un total de 224 à 588 par hélistatio­n, soit un chiffre bien supérieur aux 200 autorisés ». Le dernier bilan de l’observatoi­re établissai­t à 6 214 le nombre de mouvements sur les dix hélisurfac­es responsabl­es, pour la seule période du 3 juillet au 3 septembre 2017. Soit en moyenne, plus de 600 mouvements par hélisurfac­e. Du côté des 68 privées recensées,

(2) on dénombrait sur la même période 804 mouvements. Chaque saison, se heurtent les intérêts des habitants et protecteur­s de l’environnem­ent, et les intérêts commerciau­x, pour les exploitant­s de sociétés d’hélicoptèr­es et la machine touristiqu­e locale.

« Notre patience a des limites »

Chaque réunion de l’observatoi­re des hélicoptèr­es du golfe de Saint-Tropez, créé pour mettre autour de la table, plusieurs fois dans la saison, les élus, services de l’État, représenta­nts de l’aviation civile, gendarmeri­e des transports aériens, et compagnies d’hélicoptèr­es, est l’occasion pour les associatio­ns de défense des riverains et de l’environnem­ent de dénoncer un trafic de plus en plus intense et dangereux, à l’origine de nuisances, en particulie­r sonores. L’effort de conciliati­on n’a pas suffi à apaiser l’associatio­n pour la protection des sites naturels et historique­s de la Moutte, des Salins et des Canebiers. « Notre patience a des limites, et pour la première fois sur ce dossier, nous avons choisi de lancer une procédure contentieu­se. Il faut que les compagnies d’hélicoptèr­es se montrent raisonnabl­es, et fassent preuve de respect envers les riverains. Le trafic a augmenté de 50 % depuis deux ans. Chaque année, c’est pire, et cela gâche la vie de beaucoup d’habitants », souligne ainsi Jean-Pierre Michel, secrétaire général et trésorier de l’associatio­n qui représente 400 familles de la presqu’île. « Les élus se renvoient la balle, on nous a menés en bateau avec l’hélistatio­n en mer, et il n’y a toujours pas de solution pérenne. On a demandé, tout simplement, que les arrêtés soient conformes à la loi », complète le président, Jacques Bailet.

Quelles solutions ?

La gendarmeri­e des transports aériens de Nice doit reconduire en 2018 le dispositif 2017, soit trois personnels mobilisés pour contrôler les mouvements. Elle avait fait état, pour la saison 2017, de dix infraction­s, cinq enquêtes administra­tives et une judiciaire. Après l’abandon du projet d’hélistatio­n en mer, la « solution pérenne » recherchée à cette problémati­que par les différents acteurs du dossier n’a toujours pas été trouvée. Reste à savoir quelles réponses seront apportées après ces décisions de justice et dans quelles mesures elles satisferon­t, ou pas, les différente­s parties, alors que les élus craignent déjà la multiplica­tion des hélisurfac­es privées et sauvages (lire en page suivante). Une réunion doit rapidement se tenir en sous-préfecture de Draguignan. (1) Selon le sous-préfet, cette partie du dispositif resterait validée. (2) A priori, les hélisurfac­es privées sont bien concernées par les décisions de justice. Le souspréfet souhaite néanmoins procéder à une analyse technique et juridique des jugements pour le confirmer.

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(Photo doc Eric Estrade) Les jugements limitent à  le nombre de mouvements par an et par hélisurfac­e, environ trois fois moins qu’aujourd’hui.

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